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Europe démocrate molle ou Europe déterminée autoritaire : ce dilemme des électeurs européens qui se noue derrière le départ des troupes de Viktor Orban du PPE
©JOHN THYS / AFP

Après Fidesz

Mais pourquoi le modèle de responsables politiques à la fois démocrates ET déterminés face aux défis auxquels est confrontée l’Union- est-il devenu si difficile à trouver ? Ce trou noir dont l'observation nous a réservé une énorme surprise.

Bruno Alomar

Bruno Alomar

Bruno Alomar, économiste, auteur de La Réforme ou l’insignifiance : 10 ans pour sauver l’Union européenne (Ed.Ecole de Guerre – 2018).

 
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Atlantico.fr : La relation qu’entretenait le Fidesz, parti du Premier ministre hongrois Viktor Orbàn, avec le PPE a finalement atteint un point de rupture. Séparation attendue depuis longtemps, il est maintenant question de savoir si cette rupture leur profite ou leur nuit à long terme. Le départ des 12 députés européens du Fidesz vient s’ajouter aux pertes des dernières élections européennes du PPE, ces événements vont-ils dans le sens de l’opposition ?   

Bruno Alomar : Je crois que le départ du Fidesz, dont l’appartenance au PPE tenait à un fil, a une importance variable. 

Pour le PPE et le Parlement européen, je ne suis pas certain que ce soit si grave. Le Parlement européen issu des élections de 2019 était déjà extrêmement fracturé, passant de l’alliance usuelle PSE-PPE à un jeu à quatre Vert-Renew-PPE-PSE. Et en ce qui concerne le PPE, c’est un parti qui n’a eu de cesse de s’éroder, écartelé entre son centre et sa droite, à l’image de beaucoup de partis de centre droit. C’est aussi un parti qui bien que premier en importance au Parlement, a vu Ursula Von der Leyen, issue de ses rangs, le trahir sans honte en mettant le Green deal au cœur du mandat de la Commission, comme si les Verts avaient remporté l’élection européenne…

Là où ceci me semble plus important, c’est que cela accentue et exprime la profondeur du fossé entre les démocraties de l’Est européen, et l’Ouest européen. Les dissensions se multiplient et s’approfondissent : nucléaire, famille, immigration, état de droit, rapport à l’OTAN, vaccins etc. On touche ici à un point central : les États membres de l’UE ont désormais des intérêts et des visions trop différentes pour envisager un approfondissement des politiques européennes.

Atlantico.fr : Les questions d’immigration, d’identité et de souveraineté étaient inhérentes au Fidesz tout en étant un parti pro-européen. La démission des rangs du parti d’Orbàn montre-t-il un problème d’unité au sein du PPE ? Doivent-ils toujours choisir entre l’efficacité et la déraison ?   

Bruno Alomar : La vraie question ne me semble pas celle-là. Mais plutôt : qu’est-ce qu’être européen ? Monsieur Orban, comme Monsieur Babis, ne s’estime pas anti-européen. Son pays participe aux institutions, touche des fonds structurels, ne craint pas d’affirmer que l’OTAN assure sa défense. Est-ce être anti-européen ? Je ne crois pas. Il ne faut pas confondre le rejet de l’UE par principe – cela c’est être anti-Union européenne, comme les britanniques viennent de le faire – et le rejet des choix politiques actuels de l’UE.

Atlantico.fr : Le PPE a toujours privilégié des règlements de compte en interne, la fait d’avoir tardé à agir sur le cas Orban est-il le fait de vraies dissensions idéologiques ?   

Bruno Alomar : Je n’ai pas d’opinion sur la cuisine interne du PPE. En revanche, ce qui est sûr, c’est que le centre droit européen n’affronte pas à suffisance les questions d’immigration, d’identité, de souveraineté. Ces questions, comme la Nation en France, ont été abandonnées à des partis plus durs, certains diraient extrémistes. A vouloir en permanence ménager la chèvre et le chou, un parti comme LR en France s’est retrouvé avec le score que l’on sait aux élections européennes. Je crois pour ma part qu’une des raisons des succès du Fidesz c’est de ne pas craindre de dire des choses fortes, et le cas échéant d’en subir les conséquences. C’est au fond cela le respect des électeurs.

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