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Être contaminé par le Covid tous les mois ? Ce que l’on sait désormais des réinfections
©DAMIEN MEYER / AFP

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Les réinfections au Covid-19 sont en forte augmentation ces dernières semaines, selon les données de Santé publique France publiées vendredi 8 juillet. Elles représentent désormais 12% des nouveaux cas dans l'Hexagone

Antoine Flahault

Antoine Flahault

 Antoine Flahault, est médecin, épidémiologiste, professeur de santé publique, directeur de l’Institut de Santé Globale, à la Faculté de Médecine de l’Université de Genève. Il a fondé et dirigé l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (Rennes, France), a été co-directeur du Centre Virchow-Villermé à la Faculté de Médecine de l’Université de Paris, à l’Hôtel-Dieu. Il est membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine. 

 

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Atlantico : Alors que la nouvelle vague pandémique liée à Omicron et ses sous-variants est bien installée, la question des réinfections se pose avec d’autant plus d’acuité. Que savons-nous du risque de réinfection au covid avec Omicron et ses sous variants ? A quel point est-il fréquent ? 

Antoine Flahault : Les Britanniques ont bien étudié le problème des réinfections avec Omicron. Ils ont publié récemment les données pour l’Angleterre au 29 juin dernier (graphique ci-dessous). Il apparaît que 41,5% des cas de covid-19 rapportés chez les adolescents anglais de 10-14 ans sont des reinfections. Cette fraction est plus basse, entre le quart et le tiers des cas de Covid-19, dans les classes d’âges des adultes de 20 à 49 ans, puis décroît au-dessous de 10% chez les 65-89 ans. 

Y a-t-il des profils plus susceptibles d’être ré-infectés que d’autres ?

Plus on a été infecté dans le passé récent de cette pandémie et, bien sûr, plus on est à risque de réinfections au cours des vagues actuelles et à venir. Le concept de l’immunité collective est battu en brèche par le Sarscov2.

Dans un autre article récent non encore évalué par des pairs et donc non encore publié officiellement (https://www.researchsquare.com/article/rs-1749502/v1) portant sur une série nord-américaine de près de 6 millions de verera US, 39’000 sur 257’000 adultes ayant été testés positifs ont été réinfectés par le coronavirus (soit 15%) dans les six mois suivant leur première infection. 36’000 (12%) ont eu deux réinfections, 2’260 (0,8%) trois réinfections, et 246 (0,08%) quatre ou plus.

Si les réinfections deviennent un phénomène fréquent avec Omicron, y a-t-il néanmoins un délai d’immunité entre deux réinfections ? Ou pourrait-on être réinfecté par exemple tous les mois ?

L’infection par Omicron semble conférer très peu d’immunité résiduelle. Nous avions qualifié dans vos colonnes Omicron de « variant furtif » vis-à-vis de l’immunité, qu’elle soit d’origine humorale (c’est-à-dire détectable par les anticorps circulants), ou à médiation cellulaire (par les lymphocytes T). Omicron passant sous les radars de notre système immunitaire, il ne permet pas à l’organisme de se défendre efficacement en cas d’attaque ultérieure, y compris avec le même variant. Ce n’est cependant pas une loi du tout ou rien, certaines personnes conservent quand même un souvenir du passage d’Omicron dans leur organisme, mais ce souvenir semble rapidement s’estomper. Une infection Covid-19 génère cependant d’autres réactions dans notre organisme, notamment la production d’interféron, qui est un puissant antiviral naturel. Cet interféron empêche certainement quelques temps une nouvelle réinfection, durant quatre semaines ? Six semaines ? Guère beaucoup plus semble-t-il.

Une réinfection est-elle synonyme de symptômes moins forts ? 

Non seulement une réinfection par le coronavirus n’atténue en rien les symptômes, mais au contraire, l’étude que je citais plus haut, conduite chez des vétérans nord-américains, a montré que les réinfections étaient associées à une augmentation de la morbidité sévère, des hospitalisations et des décès du Covid-19, chez les personnes réinfectées, tant en phase aiguë de la réinfection qu’en phase post-infectieuse (Covid longs). L’augmentation du risque est certes moindre, mais elle est aussi observée chez les personnes vaccinées, même avec trois doses.

Le faible respect des gestes barrières renforce-t-il ce phénomène ? Pouvons-nous faire quelque chose pour éviter ces réinfections ?

En effet, tant la population générale que de nombreux médecins et experts et les pouvoirs publics semblent avoir presque tous baissé les bras dans la lutte efficace et collective contre le coronavirus. Les autorités qui avaient l’œil rivé sur les lits de réanimations ont l’impression de pouvoir enfin respirer. En effet, grâce aux vaccins les complications graves du Covid-19 qui conduisent à l’hôpital sont moins fréquentes, surviennent principalement chez des personnes très âgées qui ne sont alors le plus souvent pas hospitalisées en unités de soins intensifs. Du coup, avec moins de gestes barrières, toujours aucun plan « Ventilation », des vaccins peu efficaces à enrayer les transmissions, la population se réinfecte massivement à chaque vague, sans rien faire pour en réduire le risque. Si les premières données scientifiques que j’ai analysé ci-dessus sont transposables aux sous-variants BA.4 et BA.5 et à la France et aux autres pays européens, alors ces réinfections itératives vont peser lourd sur la santé de la population, tant en termes de recours aux soins, y compris hospitaliers lors des formes aiguës, que de soins chroniques, liés aux Covid longs, plusieurs mois après les vagues. Les capacités des nouveaux sous-variants d’Omicron à se propager et à échapper à l’immunité en font des variants potentiellement redoutables car favorisant les réinfections, et avec eux leur cortège de complications aiguës et chroniques à chaque fois plus nombreuses. Il reste à espérer, et ce n’est pas impossible, que les réinfections avec les variants BA.4 et BA.5 soient moins sévères qu’avec les précédentes souches. On le saura dans quelques semaines. D’ici là, protégeons-nous !

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