État espion : révélations 40 ans plus tard sur les activistes qui avaient réussi à voler et dévoiler les secrets du FBI sans se faire prendre<!-- --> | Atlantico.fr
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Les bureaux du FBI dans lesquels s'est produit le cambriolage.
Les bureaux du FBI dans lesquels s'est produit le cambriolage.
©Capture d'écran

Snowden avant Snowden

Les huit complices avaient mis la main sur des documents apportant pour la première fois la preuve de la surveillance "d'éléments perturbateurs" par les services secrets américains.

Le 8 mars 1971, les yeux du monde entier sont braqués sur le "combat du siècle" entre le champion Joe Frazier et son challenger Mohamed Ali, au Madison Square Garden de New York. C'est aussi ce soir-là que huit lanceurs d'alerte, tous opposés à la guerre du Vietnam, parviennent à s'introduire dans les locaux du FBI près de Philadelphie et à dérober une centaine de documents confidentiels.

Le butin, envoyé de façon anonyme à plusieurs journaux américains, a provoqué à l'époque un gigantesque scandale impliquant le directeur du FBI, John Edgar Hoover. Ce dossier apportait pour la première fois la preuve de l'étroite surveillance "d'éléments perturbateurs" par les services secrets (les anti-guerre, les militants pour les droits des Noirs etc.) Une histoire qui fait évidemment écho a des événements beaucoup plus récents

Aujourd'hui, plus de 40 ans après les faits, cinq de ces activistes sont sortis de leur silence. Un livre intitulé "The Burglary : The Discovery of J.Edgar Hoover's Secret FBI", publié cette semaine aux Etats-Unis, raconte les détails de ce larcin, désormais couvert par la prescription. Pendant tout ce temps, les auteurs du vol sont restés inconnus, malgré les 200 agents du FBI chargés de l'enquête.

"Quand vous évoquiez ce que faisait le FBI à l'époque face à des gens qui ne faisaient pas partie du mouvement (de contestation), personne ne vous croyait", a raconté au New York Times l'un des cambrioleurs, Keith Forsyth, aujourd'hui âgé de 63 ans. "Il n'y avait qu'une seule façon de convaincre les gens que c'était vrai : il nous fallait des preuves écrites de la main" des agents du FBI.

William C. Davidon, professeur de physique, était le cerveau de cette opération, préparée plusieurs mois en amont. "Nous savions quand les voisins rentraient du travail, quand ils éteignaient leurs lumières, quand ils allaient se coucher et quand ils se réveillaient", a expliqué un autre voleur, John Raines, 80 ans, ancien professeur de théologie.

Leur manœuvre comportait un risque : l'annexe qu'ils visaient, bien moins surveillée que les autres bureaux, ne comportait peut-être aucun document digne d'intérêt. Le jour J, c'est déguisés en hommes d'affaires que les huit compères ont pénétré dans le bâtiment... et ouvert la boite de Pandore. Un simple bordereau portant le nom de Cointelpro - acronyme d'un vaste d'espionnage et d'intimidation - contenait 15 ans d'une opération de surveillance des milieux activistes. 

Des enquêtes de presse ont révélé plus tard que, dans le cadre de ce programme, des agents du FBI avaient menacé Martin Luther King de révéler ses infidélités à sa femme s'il ne se suicidait pas. Parmi ces documents figurait aussi une note où il était demandé aux agents de "développer la paranoïa dans ces milieux (la gauche étudiante) et d'y développer l'impression qu'il y a un agent du FBI derrière chaque boîte aux lettres". 

Etonnamment, à l'époque, de nombreux médias ont refusé de les exploiter.

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