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Et maintenant l’Europe veut interdire les ampoules halogènes pour réaliser des économies d’énergie pourtant pas si évidentes
©Reuters

Eclairage

Les ampoules halogènes pourraient être les victimes de la vague de remplacement par des dispositifs moins gourmands en énergie. Ainsi en a décidé l'Union européenne. Une stratégie qui a ses limites.

Rémy Prud'homme

Rémy Prud'homme

Rémy Prud'homme est professeur émérite à l'Université de Paris XII, il a fait ses études à HEC, à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques de l'Université de Paris, à l'Université Harvard, ainsi qu'à l'Institut d'Etudes Politique de Paris. 

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Atlantico : L'Union européenne envisage de bannir la vente des ampoules halogènes, jugées trop gourmandes en énergie. Ces ampoules représentent-elles réellement un gaspillage ?

Rémy Prud'homme : Ce que l'on reproche à ces ampoules, c'est évidemment de consommer plus d'électricité que les nouvelles ampoules par lesquelles on voudrait les remplacer ! Pourtant, même si les ampoules hallogènes consomment plus que les alternatives existantes, elles apportent une lumière plus agréable et plus esthétique, ce qui est important pour le confort de vue. Et, au passage, si les nouvelles ampoules que l'on voudrait utiliser pour se substituer aux halogènes sont si performantes que cela, on peut se demander pourquoi les autorités ont besoin d'imposer des normes pour effectuer ce remplacement. Imposer le changement devrait donc déjà nous interroger...

Cette décision s'insrit dans une tendance de fond de remplacement d'anciens dispositifs dans une logique de préservation de l'environnement. Ce processus est-il eficace ?

A l'époque des ampoules par filaments, on a décidé d'effectuer un grand remplacement par des ampules à longue durée sensées consommer quatre fois moins et durer quatre fois plus longtemps. Cela a coûté des sommes considérables pour effectuer cette transition. Et une fois qu'elle a été faite et devait s'inscrire dans la durée, on a commencé le remplacement par des LED. On peut donc se demander si, quand le coûteux remplacement de toutes les ampoules y  compris les halogènes sera fait, une nouvelle norme ne va pas venir les remplacer...

De plus, les ampoules qui consomment mois chauffent mois. En effet, 95% de l'énergie consommée par les anciennes ampoules à filaments partait en fait en chaleur. Or, c'est justement l'hiver que l'on consomme le plus de lumière, en même temps que l'on cherche le plus à consommer de la chaleur. Par conséqurent, la chaleur qui ne sera plus émise par les nouvelles ampoules sera nécessairement recherchée ailleurs, par une augmentation de la consommation de chauffage. Cela va contribuer sans doute à une augmentation de la consommation de gaz naturel, voire de bois, qui sont des combustibles qui rejettent du CO2.

Les LED qui vont sans doute rempalcer les lampes hallogènes coûtent jusqu'à 15 fois plus cher. Le consommateur n'est-il pas piégé ?

Effectivement, on peut se poser la question de l'impact sur le consommateur car le surcoût de l'ampoule est réel. On a déjà l'expérience des ampoules longue durée qui ont remplacé celles à filament. Et les études que j'ai pu mener ont clairement montré que la baisse de la consommation ne compensait pas le surcoût lié à l'équipement. Ce n'est donc pas une bonne affaire pour le consommateur. Et il ne faut pas oublier qu'il peut y avoir beaucoup d'ampoules dans une maison alors que finalement, le temps moyen où elles restent allumées dans une journée n'est pas si important que cela... Ce grand remplacement a surtout été bon pour les fabricants qui ont pu profiter de l'aubaine d'un marché captif.

Finalement, ce genre de politique est-il efficace en se concentrant sur la question des ampoules domestiques ?

Ce que représente les ampoules domestiques dans la consommation énergétique d'une population est évidemment minuscule. Et on ne peut pas dire d'un côté que les considérations environnementales sont très importantes – justifiant ainsi les changements d'ampoule – et de l'autre être indifférent à l'avantage de "l'effet chauffage" des ampoules qui existent déjà et dont on veut se séparer.

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