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Espoir pour la génération coronavirus ? Les enfants de la crise des années 30 sont devenus des adultes plus forts
©The Dorothea Lange Collection

Développement

Selon une étude sur l'impact de la crise des années 30 sur l'éducation des enfants, des chercheurs ont constaté que les enfants sont en réalité devenus des adultes plus forts. Qu'est ce que cela nous apprend de notre éducation actuelle, de l'impact psychologique du coronavirus sur les jeunes générations et sur notre tendance à surprotéger les enfants ?

Jean Chambry

Jean Chambry

Jean Chambry est pédopsychiatre et chef de pole au GHU Psychiatrie Neurosciences de Paris.

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Atlantico.fr : Dans une analyse qui étudie l'impact de la crise des années 30 sur l'éducation des enfants, des chercheurs ont constaté que les enfants sont devenus des adultes plus forts. Qu'est-ce qui explique cela ? Qu'est-ce que cela nous apprend de notre éducation actuelle, notre tendance à surprotéger les enfants les rend-ils trop fragiles ?

Jean Chambry : L’enfant se construit à partir de ce que lui renvoie son environnement. Si les adultes le considèrent comme un être qui nécessite une surproduction  il intériorise une représentation de lui fragile. Il absorbe les angoisses que les adultes projettent sur lui. Il est très important que les adultes fassent confiance aux compétences adaptatives de l’enfant pour l’aider à se construire une image de lui solide.

Nous ne savons pas grand chose pour le moment des effets du coronavirus sur les enfants mais on sait déjà que l’impact psychologique, lui, sera important. Comment la crise et les angoisses qu’elle procure joue-t-elle sur le développement du caractère ?

Le développement du caractère est un phénomène complexe qui repose à la fois sur des aspects neurodéveloppementaux (Génétique, épigénétique,…) et environnementaux. On peut donc s’interroger sur l’effets du contexte épidémique comme l’un des facteurs parmi de nombreux autres facteurs ayant contribué au développement de l'enfant. Cependant, les conséquences les plus importantes concernent l’impact sur la représentation de soi. L’être humain a la particularité d’ avoir une conscience réflexive, c’est à dire qu’à partir de 2,5 ans/ 3 ans, il a accès à un vécu identitaire. Il se répond à la question qui je suis. Cette représentation est issue des interactions avec l’environnement. C’est à dire que les adultes sont un miroir pour l’enfant. En conclusion pour répondre à cette question, tout va dépendre de comment les adultes ont vécu ce moment et comment ils ont impliqué l’enfant dans tout ce qui s’est passé. En fonction de la façon les adultes de l’entourage de l’enfant ont géré leurs propres angoisses, les conséquences sont totalement différentes.

Lorsque l’on compare notre situation aux précédentes à l'aide des études publiées sur celles-ci, on constate que le marasme économique a amené certains grands succès. Des enfants ont su saisir les opportunités offertes par la situation pour devenir des adultes plus rapidement. Qu’est ce que leur ont apporté les crises ?

Je ne partage pas ce point de vue et ce n’est pas ce que je vois dans mon environnement professionnel ou amical. Devenir adulte repose sur la capacité à se faire confiance et à pouvoir se sentir responsable de ses actes. Ces compétences sont liées en grande partie aux capacités de l’entourage à répondre aux besoins de l’enfant, ce qui lui permet d’acquérir une sécurité affective. On rencontre parfois des enfants pseudomatures qui peuvent faire illusion mais qui ont renoncé à une part de leur vie affective pour survivre. Le risque de décompensation (dépression, troubles anxieux, addictions) au cours de leur vie d’adulte est alors grand.

De nombreuses études confirment que la privation matérielle a moins d’impact sur les enfants que l’on ne peut penser. Leur contact direct avec la réalité va même mettre un terme à cette adolescence à long terme que l’on constate chez les générations actuelles. Quels avantages une jeune génération peut gagner d’une crise à l’exception d’une guerre ?

Effectivement, ce n’est pas le matériel qui permet à l’enfant de se développer mais la disponibilité de l’adulte à son égard et les expériences de plaisir partagés. Quand l’enfant ressent que le parent a du plaisir avec lui, c’est une expérience fondatrice dans la construction identitaire. L’adolescence interminable est liée aux difficultés des adultes à faire confiance aux adolescents et à les placer dans des situations où ils doivent être responsables d’eux-mêmes. En cela, la situation de crise est une excellente occasion de leur faire confiance.

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