Enregistrements de Sarkozy par Buisson, 3e extrait : sur le remaniement de février 2011<!-- --> | Atlantico.fr
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Alain Juppé.
Alain Juppé.
©Reuters

Sarkoleaks

Le 26 février 2011, Nicolas Sarkozy discute avec ses conseillers du prochain maniement ministériel. Michèle Alliot-Marie, empêtrée dans ses affaires d'investissements en Tunisie et le proche du président de la République Brice Hortefeux vont notamment quitter le gouvernement.

Suite à la décision du juge des référés du  Tribunal de Grande Instance de Paris de ce 14 mars 2014, nous nous voyons contraints de procéder au retrait des extraits des "enregistrements Buisson" de Nicolas Sarkozy, de ses conseillers et de son entourage réalisés en date du 26 février 2011.

Atlantico a décidé de faire appel de cette décision.

Notre décision de publier ces extraits était motivée par notre volonté d’établir la réalité de l'existence d'un système d'enregistrements récurrents mis sur pied par Patrick Buisson. Suite à la révélation de l’existence des « écoutes Buisson» par le magazine « Le Point » en date du 12 février, le doute pouvait subsister. Patrick Buisson contestait lui-même formellement leur existence, que ce soit auprès de Nicolas Sarkozy ou en public par la voix de son avocat Me Goldnadel qui évoquait pour sa part un "mensonge total et ignominieux". Nous étant procuré l'un de ces enregistrements au terme d'une enquête débutée il y a plusieurs mois, nous avons considéré qu’en informer nos lecteurs relevait de l'intérêt général puisque M. Buisson avait non seulement pris l'habitude d'enregistrer ses interlocuteurs mais qu'il se vantait auprès d'un petit cercle de proches de tenir X ou X personnalité politique ou médiatique et qu'il s'agissait d'une forme d'assurance vie comme l'a d'ailleurs confirmé publiquement son fils Georges dans Le Point.  

Nous n'avons publié qu'une dizaine de minutes sur un enregistrement de plusieurs heures. Loin de nous préoccuper de la divulgation de l'ensemble des propos enregistrés ce jour là, nous avons choisi de nous concentrer sur les éléments qui, à notre sens, relèvent d'un droit légitime à l'information du public :

  • les considérations politiques et géopolitiques ayant présidé au remaniement ministériel annoncé le 27 février 2011 tout d'abord ;
  • la manière dont M. Buisson envisageait l'indépendance de la justice puisqu'il se préoccupait -hors de la présence de M. Sarkozy- de la nécessité de briefer rapidement le nouveau secrétaire général de l'Elysée afin qu'il apprenne à se "mouiller auprès du parquet" comme selon lui le faisait son prédécesseur ;
  • la réalité et l'ampleur de la trahison de M. Buisson vis à vis de l'ancien Président de la République, de son épouse et de ses conseillers enfin. En divulguant un extrait impliquant Madame Carla Sarkozy, Atlantico a ainsi démontré que Patrick Buisson enregistrait tout, et ce, sans discernement de la nature des propos. En publiant un extrait impliquant Patrick Buisson et un autre conseiller de M. Sarkozy, sortant de la réunion de travail qui venait de se tenir à La lanterne dans le parc de Versailles, Atlantico a aussi établi la déloyauté d'un conseiller pourtant longtemps présenté comme l'éminence grise du Président, puisque après s'être montré cordial et respectueux vis à vis de l'ancien chef de l'Etat et de son épouse, M. Buisson tenait ensuite hors de leur présence des propos beaucoup plus acerbes voire méprisants.

Notre décision de faire appel de la décision du TGI de Paris s'appuie en premier lieu sur le fait que la rédaction d'atlantico considère que les extraits diffusés ne portaient pas atteinte à l'intimité de la vie privée mais qu'il existait un intérêt légitime à les porter à la connaissance du public. Elle s'appuie ensuite sur la nécessité de mener un combat de principe afin que la presse française puisse agir comme nous l’avons fait, dans l’intérêt du public et ce en conformité avec la jurisprudence de la cour européenne des droits de l’homme. 

Sur le terrain juridique également, il est étonnant de constater que l'enregistrement dont nous avons diffusé de courts extraits est considéré comme illicite par le TGI de Paris mais qu'il deviendrait licite s'il devenait une pièce versée à une procédure judiciaire. Des poursuites pourraient même être engagées par la justice si l'existence d'un délit voire d'un crime était établie sur ces enregistrements. 

Illicite pour la presse, licite pour la justice? Ironique dans la mesure où l'un des enregistrements évoque clairement l'existence de pressions politiques sur la justice.

S'il est incontestable que le respect de la vie privée est un pilier fondamental d'une démocratie moderne et encore plus avec le développement constant de moyens techniques permettant de piéger les uns ou les autres en les enregistrant à leur insu, il convient aussi de rappeler que la liberté de la presse et le droit à l'information du public pour les sujets d'intérêt général est un autre pilier d'une démocratie saine. 

Atlantico entend bien sûr respecter la décision du TGI de PARIS en retirant les extraits visés par sa décision du 14 mars 2014. Pour autant, il nous semble que l'équilibre entre respect de la vie privée et liberté de la presse n'est pas satisfaisant dans cette décision et qu'un combat juridique s'impose pour défendre la liberté d'informer.  

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