Emmanuel Macron tente de redonner de la substance au macronisme… mais y-a-t-il un auditoire ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron, président de la République.
Emmanuel Macron, président de la République.
©LUDOVIC MARIN / POOL / AFP

Le président en mission

Alors qu’on a reproché à la réforme des retraites à la fois d’être injuste et de manquer d’ambition, Emmanuel Macron a tenté de redonner une cohérence à son action. Les Français sont-ils prêts à l’écouter ?

Christophe Boutin

Christophe Boutin est un politologue français et professeur de droit public à l’université de Caen-Normandie, il a notamment publié Les grand discours du XXe siècle (Flammarion 2009) et co-dirigé Le dictionnaire du conservatisme (Cerf 2017), le Le dictionnaire des populismes (Cerf 2019) et Le dictionnaire du progressisme (Seuil 2022). Christophe Boutin est membre de la Fondation du Pont-Neuf. 

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Jean Petaux

Jean Petaux

Jean Petaux, docteur habilité à diriger des recherches en science politique, a enseigné et a été pendant 31 ans membre de l’équipe de direction de Sciences Po Bordeaux, jusqu’au 1er janvier 2022, établissement dont il est lui-même diplômé (1978).

Auteur d’une quinzaine d’ouvrages, son dernier livre, en librairie le 9 septembre 2022, est intitulé : « L’Appel du 18 juin 1940. Usages politiques d’un mythe ». Il est publié aux éditions Le Bord de l’Eau dans la collection « Territoires du politique » qu’il dirige.

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Atlantico : Que retenir de l'interview d'Emmanuel Macron ? Que nous apprend-elle de la vision qu'à Emmanuel Macron de la situation économique, sociale et politique du pays ? Il a répété "C'est un tout" en intégrant la réforme des retraites au reste de son action économique. Dans quelle mesure essaie-t-il de redonner de la substance au macronisme ?

Christophe Boutin : Je dirais que ce qui caractérise toujours le macronisme, ce sont le désormais célèbre « en même temps », l’aveuglement et le déni devant ses responsabilités. Pour prendre un exemple évident du premier, c’est après un reportage consacré à la guerre en Ukraine nous montrant la face joviale du ministre de la Défense ukrainien aux commandes d’un AMX 10 RC que l’on passa, sans transition aucune, à l’entretien avec le président de la République, très logiquement autour de cette question. Ce dernier expliqua alors que la position française était uniquement d’aider l’Ukraine à résister à l’agression russe, mais, en même temps, que la contre-offensive ukrainienne prévue devait être victorieuse, et demandait de nouvelles livraisons d’armements et la formation de combattants. Le Président a alors dû répondre à la question de la formation de pilotes ukrainiens en France, a priori donc sur des aéronefs français, ce qu’il a confirmé, mais expliquant en même tempsqu’il n’y aurait pas de livraisons d’aéronefs à l’Ukraine.

Quant à sa vision très particulière du monde qui l’entoure, nous en avons eu un exemple lorsqu’il évoqua le sommet « Choose France » de Versailles. Quel a été, lui demande Gilles Bouleau, le poids des images des troubles sociaux dans les choix des industriels étrangers ? Emmanuel Macron le considère faible, d’abord parce que cette violence, selon lui très minoritaire, a été bien contenue par les services de sécurité, mais aussi, et surtout, parce que les grèves n’auraient pas touché, ou quasiment pas, le secteur privé. Il n’a pas dit que dans le privé, contrairement au public, tout ne serait, pour reprendre la formule de son gouvernement, que « travail, ordre et progrès », mais on l’aura compris comme cela.

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Quant au refus de ses responsabilités ensuite, interrogé cette fois sur les retraites, Emmanuel Macron a dit n’avoir jamais fait que ce qu’il avait annoncé. Lorsque son interlocuteur lui a rappelé qu’il avait, au contraire, largement évolué sur ce point, il a expliqué cela par des circonstances extérieures - les nécessités de s’adapter à « un autre monde » né à la suite du Covid et de la guerre en Ukraine -, et martelé que la réforme faisait partie de son programme de 2022. Quant à la méthode pour faire voter cette réforme, le Président a eu cette formule : « Tout le monde s’est débiné », qui visait principalement le parti des Républicains, puisqu’il a évoqué ceux qui, jusqu’alors, demandaient un départ à 65 ans, mais qui ici avaient refusé de voter les 64 ans. Il n’y a pas eu selon le Président de véritable « prise de responsabilité » de la part de ceux qui auraient dû soutenir son action, et ce serait donc de ce côté qu’il faudrait chercher les coupables, et non dans son propre camp.

Jean Petaux : Economiste libéral Emmanuel Macron a été, économiste libéral il demeure. De ce point de vue cette constance mérite d’être remarquée alors qu’il lui est fait souvent un double reproche : celui d’être un adepte du louvoiement (pour ne pas dire d’être velléitaire) et celui de la procrastination (dans la nomination des personnes par exemple…). Les observateurs qui oublient trop souvent de regarder dans le rétroviseur seraient bien inspirés de revoir un remarquable documentaire de Patrick Rotman réalisé pour Canal + en 2013 en parallèle d’un film sorti en salles au même moment. Le film s’intitulait « Le Pouvoir » et le documentaire « A l’Elysée ». L’un et l’autre ont été tournés entre la prise de fonctions de François Hollande, le 10 mai 2012, et le 25 janvier 2013. Dans le doc « A l’Elysée » un jeune et  brillant secrétaire général-adjoint, « inspecteur des finances passé par la Banque Rothschild » (dixit le commentaire en voix « off »), Emmanuel Macron, explique le « job ». Voici, entre autres propos et en substance, ce qu’il dit : « Ici à l’Elysée, le président de la République fixe un cap et nous on essaie de garder ce cap en objectif, mais pour l’atteindre, on godille, on essaie de passer entre les obstacles et les écueils »… 11 années plus tard, avec un premier quinquennat « dans les jambes » et un second déjà fini juste après avoir commencé (non pas du fait du Président lui-même, mais des institutions depuis la réforme de 2008), Macron n’a pas changé. Il a bien un cap en tête : en finir avec le modèle social-démocrate traditionnel, faire de la société française une société ouverte mais aussi de la France un pays totalement inscrit dans la mondialisation économique. Finalement trois « cibles » dont chacune d’elle peut faire descendre les Français dans la rue et dont le cumul des trois « en même temps » peut mettre le feu au pays…

Il est clair qu’Emmanuel Macron n’entend pas changer de cap et quand il annonce, une fois encore, à grand coup de milliards (cette fois-ci qui ne seront pas prélevés dans les poches des Français) que les classes moyennes « vont pouvoir souffler », ce n’est pas autre chose que la marque d’une forme de pensée libérale. Le Covid a permis de profiter des vertus du « quoi qu’il en coûte », l’après-réforme des retraites permet de retrouver le « quoi qu’il en manque » (dans les caisses de l’Etat, ou, si l’on veut : « c’est du « plus » dans les poches des Français qui travaillent »).

Il y a comme un paradoxe dans cette « histoire » (les communicants parlent désormais de « récit »). Si la réforme des retraites a été décidée pour sauver le système de retraite par répartition en envisageant de nouvelles recettes (du fait de l’allongement du temps de travail) pour renflouer les caisses envisagées comme « vides » d’ici quelques années, les Français peuvent se demander s’il est bien judicieux de profiter de la « manne » financière à venir (rien n’est encore mis en place et les effets financiers de la réforme des retraites ne peuvent être que progressifs) en réduisant les impôts, autrement dit les ressources de l’Etat à court terme. Le Président donne le sentiment aux Français d’être dans la situation du type qui n’étant pas loin de la faillite personnelle, réussit, après moultes difficultés, à obtenir un apport en trésorerie destiné à lui permettre de passer les échéances futures, ou de payer sa facture de chauffage l’hiver prochain, et qui, fort de « s’être refait » par une arrivée providentielle « d’argent frais » le dépense aussitôt en partant en vacances à Ibiza ou en faisant une série d’achats compulsifs… Bien sûr qu’Emmanuel Macron essaie, en faisant feu de tout bois, de redonner de la substance au macronisme, à sa fameuse « Révolution » affichée dans son livre-programme publié pour sa première candidature présidentielle en 2016-2017. Mais le discours performatif qui est, qu’on le veuille ou non, la marque de fabrique du macronisme, son « plat signature » comme disent les « chefs étoilés » (et Macron en est un en quelque sorte) ne suffit pas à donner de la « chaire », de la « substance », à sa doctrine politique. Le « en même temps » contient un « virus originel » : celui qui fait que l’âne de Buridan finit par crever, et qu’avant lui Tantale, roi de Phrygie, soit condamné un véritable supplice. Seulement Tantale avait offensé les dieux (c’est du moins ce que ceux-ci ont estimé), et, pour une partie des Français, Macron les offense quotidiennement par sa seule existence désormais…

Est-ce de nature à remobiliser son socle électoral (Et quid de LR) ?

Christophe Boutin : Le socle électoral, Emmanuel Macron cherche visiblement à l’agrandir, à aller au-delà des gagnants de la mondialisation et des métropoles et des retraités, et il s’est lui aussi intéressé – contraint et forcé, tout le monde den parle - à une nouvelle cible : les classes moyennes. Interrogé sur la baisse des impôts qui les concernerait, il s’est même livré à un exercice que n’ont jamais réussi à faire les sociologues : définir ces dernières. Mais si l’on suit le chef de l’État, les classes moyennes ne sont jamais que la partie inférieure de ce vaste ensemble. Pour en prendre un exemple, il s’est ainsi félicité de la disparition de la taxe d’habitation, oubliant, volontairement ou pas, que la taxe foncière a augmenté parallèlement et qu’elle est en place de remplacer les deux précédentes taxes pour combler le déficit des collectivités territoriales. Et qu’il ne s’agit donc ici, très largement, que de transférer la charge financière des « classes moyennes » locataires sur les « classes moyennes » propriétaires. Cette politique provoque dans la pratique un « écrasement » de la catégorie sociale qui est plus un nivellement par le bas que la mise en place d’un ascenseur social au sein de cette catégorie. On retrouve dans tout cela la détestation du Président pour son milieu d’origine, la moyenne bourgeoisie au capital foncier, mais peut-être pense-t-il que le conservatisme des notables de province de cette dernière leur interdit de céder aux sirènes du progressisme jupitérien.

Faut-il changer d’image pour changer d’électorat ? Lorsqu’à la fin de l’entretien Gilles Bouleau a demandé au Président ce qu’il pensait de l’image que l’on aurait souvent de lui, celle d’un homme « méprisant », c’est encore aux LR qu’Emmanuel Macron a jeté une pierre. Selon lui en effet, « le vrai mépris, c’est de mentir », ce qui fait « le jeu des extrêmes » car, a-t-il ajouté, les extrêmes mentent toujours mieux que les partis de gouvernement. Pour sa défense le Président a seulement rappelé qu’il allait fréquemment « au contact », oubliant qu’il ne veut alors que convaincre de la justesse de ses positions, sans jamais vraiment écouter les arguments qu’on lui oppose.

Jean Petaux : Oui et non. « Oui » dans la mesure où la majorité des électeurs d’Emmanuel Macron appartient à cette fameuse « classe moyenne » Catégorie, au passage, sur laquelle presque personne n’est d’accord pour la définir précisément, et à l’égard de laquelle il existe au moins dix définitions différentes. Les études sur la composition des électorats et les sondages mesurant l’état de l’opinion montrent combien Emmanuel Macron a pu faire le plein des voix en 2022 dans la tranche d’âge des plus de 60 ans et dans les CSP dites « plus », autrement dit dans des « couches » de l’électorat sensibles au « matraquage fiscal » estimant qu’elles paient pour « tous les autres » sans avoir jamais le début du commencement d’un « retour ». Ce qui est partiellement faux d’ailleurs car c’est, pour eux, oublier, un système éducatif (primaire, secondaire, supérieur) plutôt moins coûteux que dans les pays voisins (au moins pour celles et ceux qui choisissent le « public »), une protection sanitaire et sociale plutôt plus efficace qu’ailleurs (au moins pour ceux qui ont accès aux soins de proximité) et des conditions de travail plutôt plus protégées qu’ailleurs. Tout cela financé par l’Etat et donc par les impôts payés par cette « fameuse » classe moyenne. Donc : « oui ». Prétendre alléger la fiscalité de cette catégorie de Français c’est, forcément, complaire à un socle électoral attentif à ce genre de mesure.

« Non » dans la mesure où le « désamour » des Français, y compris dans son électorat de référence, à l’égard de l’hôte de l’Elysée est vraiment profond et sérieux depuis trois mois désormais. Et qu’il faudra d’ailleurs plus de temps que d’argent (non prélevé) pour inverser la tendance de sa courbe d’impopularité. Sans compter que, et ce n’est pas un élément politique négligeable, les baisses d’impôt ont souvent un impact bien moindre que les hausses ou encore que les aides directes qui « abondent » au budget familial. Baisser les impôts apparait presque comme un « dû », autrement dit comme une « non-décision » ou une « situation normale ». D’autant qu’avec le prélèvement à la source désormais cette baisse est « lissée » sur toute l’année et, somme toute, « mensualisée », elle est donc moins « visible » et surtout moins ressentie pour ses bienfaits.

Au-delà de ça, cela peut-il répondre à la crise politique et démocratique ? 

Christophe Boutin : Sans doute pas. Le Président a seulement tenté – et parfois, disons-le, à juste titre - de sortir du « tout politique ». Revenant ainsi sur les chômeurs qui ne parviennent pas à trouver un emploi, il ne s’est pas contenté de leur demander de traverser la rue, mais a considéré qu’il leur fallait aussi des aides complémentaires - en matière de logement, de transport ou de garde d’enfant. Pour autant, interrogé sur la faiblesse de certains salaires, qui peut rendre moins séduisante la reprise d’emploi, il a renvoyé la question de la redistribution des bénéfices au dialogue social entre entreprises et salariés. Des négociations qui ont d’ailleurs été à la base, nous a-t-il rappelé, du nouveau texte sur le partage de la valeur.

Sur la question de l’inflation, même élément : le Président a renvoyé la baisse des prix au dialogue entre les grands groupes agroalimentaires et la grande distribution, car ce seraient eux qui auraient fait payer aux Français les hausses, mais se refuseraient à leur redistribuer les baisses. 

Faisons le total. Il rappelle, encore une fois sans doute juste titre, la part des négociations sociales, et renvoie ainsi la balle à ceux qui les mènent. Politiquement, il considère que ses choix les plus clivants ont été dictés par les circonstances, et accuse LR d’avoir manqué à ses responsabilités. Peut-on répondre à la crise actuelle par la seule défausse quand il y a des problèmes, et n’accepter d’être responsable que des réussites ?

Il a conclu en disant qu’Élisabeth Borne avait contribué à construire un pays « plus indépendant et plus juste » avec « force, détermination et courage ». C’était le minimum que l’on pouvait faire pour quelqu’un que l’on avait autant envoyé prendre les coups en première ligne.

Jean Petaux : Au risque de surprendre je fais partie de ceux qui sont très sceptiques vis-à-vis de cette expression « crise politique et démocratique ». Il conviendrait quand même de ne pas « se payer de mots » et que les analystes de la situation politique actuelle en France retrouvent, même un peu, les chemins de la raison en cessant de faire leur le discours des acteurs politiques eux-mêmes qui ont tout intérêt à parler de « crise politique » ou de « crise démocratique » en permanence. Cela rappelle furieusement l’époque (1963-1964) où un certain François Mitterrand écrivait un pamphlet contre le régime instauré par le général de Gaulle, « Le Coup d’Etat permanent », livre politique enlevé et inspiré, mais livre politique quand même, et où une partie des intellectuels d’alors ont estimé que la France était une quasi-dictature née dans un putsch et poursuivant sa vie dans l’écrasement de la démocratie… On sait ce qu’il est advenu de ce genre de billevesées… Le « dictateur » a quitté le pouvoir à la suite d’un référendum parfaitement démocratique, quatre ans après avoir été élu au suffrage universel dans une élection parfaitement démocratique, en 1965, où celui qui a mis en ballotage ce même dictateur était le même que celui qui avait publié le fameux pamphlet contre le dictateur… On a connu, dans l’histoire contemporaine, des dictature un peu plus « dures » que la « pseudo » des années gaullistes qui n’était même pas une « dictamole ».

Il est quand même un peu facile, voire paresseux, quand on entend essayer de comprendre les linéaments d’une situation politique particulière de reprendre le discours des acteurs en guise d’analyse… Emmanuel Macron n’a pas répondre à une hypothétique crise politique et démocratique, il a à présider aux destinées d’un pays, à faire en sorte de décider des grandes orientations politiques et à faire en sorte que ces décisions soient mises en œuvre par le gouvernement dont il a nommé la cheffe et, sur proposition de celle-ci, les membres. Voilà la lettre des institutions et leur esprit. Si ses décisions ont pour conséquence de faire sortir les Français dans la rue (une partie seulement), si celles-ci provoquent des « casserolades » et des manifestations, ce n'est pas une crise cela : c’est la démocratie qui s’exprime et s’exerce…

Alors que ces "cent jours" sont en train de devenir une contre-offensive médiatique, la stratégie du président peut-elle marcher ? La saturation de l'espace peut-elle produire des effets bénéfiques pour le président et sa majorité ?

Christophe Boutin : Qui trop embrasse… Le premier élément qui pouvait surprendre hier soir aura été de voir que le président de la République, annoncé au « 20 heures », n’est intervenu… qu’à 20h15, autrement dit après un certain nombre de reportage du journal télévisé présenté par Gilles Bouleau - celui qui avait enregistré dans l’après-midi son entretien avec le chef de l’État. Hasard sans doute, mais les reportages du journal auront été en partie consacrés à des thématiques reprises dans l’entretien, et sans vraiment se montrer polémique : en dehors des feux de forêt et de l’insécurité liée au trafic de drogue, on y parla des impôts des classes moyennes (qui ont baissé nous assura-t-on), des investissements étrangers (qui ruisselaient sur le pays), de l’aide aux ménages face à l’inflation (imposée, grâce à la pression de l’État, sur les groupes de grande distribution et d’agroalimentaire) et de l’aide (nécessaire et bienvenue) à l’Ukraine. Ce qui fait qu’Emmanuel Macron, qui n’a finalement absolument rien annoncé de nouveau dans son entretien, est apparu comme une sorte de commentateur de l’actualité, répétant les « éléments de langage » que les journalistes avaient utilisés dans leurs reportages. Pour quelle utilité ? Où est la « parole rare » du chef de l’État, où est la verticalité du pouvoir ? On attendait Jupiter et on a eu Nathalie Saint-Cricq. En termes de communication, « je ne dirais pas que c’est un échec. Je dirais que ça n’a pas marché ».

Jean Petaux : C’est, manifestement, l’esprit de sa stratégie. Emmanuel Macron sait qu’en politique le facteur temps est décisif. Parce que, comme l’a dit bien avant lui Héraclite, « Panta rhei » (« Tout passe », « Tout coule »). Il le sait sans doute d’autant plus que pour lui le « game over » se rapproche chaque jour un peu plus. Comme une sorte de compte-à-rebours. Reste que l’avenir de sa majorité ne dépend pas que du temps. Le propre d’un mouvement incarné en un seul homme c’est d’avoir une probabilité de survie à la disparition du leader qui est forcément faible. Le « gaullisme » a survécu à de Gaulle uniquement parce que le « pompidolisme », le « chiraquisme », le « sarkozysme » ont fait semblant de sauvegarder la « marque originelle ». Comme le « pécressisme » et le « ciottisme » n’existent pas, le « gaullisme » n’existe plus. Tout comme les « chevrons » sur les capots de Citroën ont survécu à la disparition des « Tractions avant » ou des « DS », seul le souvenir d’une marque demeure… C’est le cas de la fameuse « DS », voiture officielle du gaullisme, sortie intacte elle et ses prestigieux occupants) du mitraillage du carrefour du Petit-Clamart  en août 1962 ; la fameuse « DS » que Roland Barthes, dans ses « Mythologies », en 1957, qualifiait de « cathédrale gothique des temps modernes », mais qui n’est plus, aujourd’hui, qu’une marque « premium » de Citroën, elle-même intégrée depuis 50 ans dans le groupe Peugeot lui-même désormais fondu dans une alliance internationale dénommée « Stellantis ». Même pas certain que le « macronisme » puisse avoir un avenir aussi glorieux. Le plus probable c’est qu’il connaisse celui de Panhard ou de Simca et qu’on n’en parle plus après une première « génération ».

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