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Elizabeth Holmes : le procès qui fait peur à tous les start-ups de la Silicon Valley et d’ailleurs
©ETHAN SWOPE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP

Atlantico Business

Le procès d’Elizabeth Holmes s’est ouvert hier en Californie, faisant trembler toutes les start-ups de la Silicon Valley. Les juges de San Jose lui reprochent d’avoir fait des promesses pour révolutionner les tests sanguins. Les marchés financiers l’ont cru, mais ça n’était pas vrai.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le procès d’Elizabeth Holmes doit permettre de savoir jusqu’où un dirigeant d’entreprise peut mentir sur le potentiel de ses produits et de ses marchés afin de séduire les investisseurs, toujours en quête d’un bon coup spéculatif. 

Il faut dire que fondatrice de Theranos a beaucoup menti, alors que pendant quelques années, elle incarnait la réussite et l’insolence face aux réalités financières. Les juges reconnaitront qu‘elle n’a pas volé dans la caisse, qu’elle n’a pas enfreint les règles bancaires (comme Madoff par exemple), mais ils retiendront qu‘elle a menti au marché en promettant un avenir exceptionnel avec de substantielles plus-values, parce que son innovation devait révolutionner les moyens de prévenir ou détecter beaucoup de maladies mortelles. Ce qui, dans le contexte actuel du Covid et des débats sur la fiabilité des vaccins ou des tests, prend un relief tout particulier.

L’affaire remonte à moins de 10 ans. A l’époque, Elizabeth Homes n’a pas trente ans, elle a créé un laboratoire de recherche dans le domaine de la technologie appliquée à la médecine. Peu à peu, elle pense avoir mis au point une machine capable, à partir d’une simple analyse de sang, de détecter très rapidement des disfonctionnements et notamment l’apparition de tumeurs cancéreuses. Ce qui n’était pas complètement hors de portée, parce que beaucoup de laboratoires travaillent actuellement sur ce marché, dont ceux qui ont découvert presque par hasard les vaccins ARN-messager. Moderna est un de ces laboratoires. 

Cela dit, à l'époque, personne ne pensait à la Covid. Beaucoup de grands laboratoires cherchaient à tester très rapidement les effets d’un nouveau médicament ou d’un vaccin, pour réduire ainsi et dans des proportions importantes la phase des essais cliniques. 

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Elizabeth Holmes pensait avoir trouver la solution avec sa machine à tester de façon presque instantanément une analyse de sang. 

Elizabeth est jeune et jolie, terriblement séduisante et surtout ambitieuse. Très ambitieuse. Elle va donc tout faire pour se faire connaître, elle va se faire influenceuse sur internet, pour son propre compte, et pour convaincre les investisseurs de participer à son entreprise. Elle parviendra à obtenir le parrainage de Larry Ellison, le richissime fondateur d’Oracle, la participation de Rupert Murdoch, et même, dit-on de Warren Buffet qui ne s’en vantera pas. Au fil de ses levée de fonds, elle va devenir une icône des start-ups de la Silicon Valley, un exemple de réussite insolente. En quelques années, elle va lever plus de 700 millions de dollars, avec une valorisation de 9 milliards. Alors qu’elle ne fait ni chiffre d’affaires, ni bénéfice. 

Elle séduit avec la seule promesse de révolutionner les méthodes de prévention santé. Très précisément, Theranos leur vend « la possibilité de faire des diagnostics plus rapides et moins chers que ceux des laboratoires traditionnels, grâce à des méthodes censées permettre jusqu'à 200 analyses avec quelques gouttes de sang ».

Du coup, toute la pharma et le monde de l’assurance achètent sur la foi des business plans.  Mais trop c’est trop. Certains experts commencent à découvrir le mensonge parce qu’elle a été obligée de falsifier les résultats. D’abord, soupçonnée de fraude, dans un article célèbre du Wall Street journal, elle est arrêtée à la suite des plaintes des investisseurs, des laboratoires pharmaceutiques dont Pfizer, le créateur du fameux vaccin contre la Covid et bien sûr, des sociétés d’assurance privée qui reprenaient les patients. 

Ce procès est intéressant parce que c’est le premier qui vise une entreprise pour non réalisation de ses prévisions, et par conséquent, pour mensonges avérés, lesquels auraient trompé les investisseurs. 

Les entreprises naissantes sont nombreuses en Amérique, mais aussi ailleurs, dont en France, à vivre sur le capital risque, sur l’argent des investisseurs et donc, l’argent des autres. Il y a beaucoup d’exemples, dans le monde mais aussi à Paris, d’entreprises qui enchainent les levées de fond sans jamais délivrer un résultat. 

Ces affaires sont très difficiles à juger et à sanctionner. La plupart des créateurs expliquent leur disfonctionnement par les aléas du marché et les risque de l’industrie. Quant aux investisseurs, ils espèrent toujours se refaire et récupérer une plus-value. 

Pour les acteurs de la Silicon Valley, le procès devrait permettre de tracer des lignes jaunes à ne pas franchir dans la promesse faite aux investisseurs.

Elizabeth Holmes risque 20 années de prison ferme. 

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