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Iran : Les élections législatives peuvent-elles faire tomber Ahmadinejad ?
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Twist again à Téhéran

Pour la première fois depuis le scrutin controversé de 2009, les Iraniens sont appelés à voter pour le Parlement ce vendredi. Va-t-on parler du nucléaire ou d’Israël ? Non, pour l'instant, les enjeux semblent se limiter aux divisions du camp conservateur et au taux de participation.

Thierry Coville

Thierry Coville

Thierry Coville est chercheur à l’IRIS, spécialiste de l’Iran. Il est professeur à Novancia où il enseigne la macroéconomie, l’économie internationale et le risque-pays.
 
Docteur en sciences économiques, il effectue depuis près de 20 ans des recherches sur l’Iran contemporain et a publié de nombreux articles et plusieurs ouvrages sur ce sujet.
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Atlantico : Plus de 3 400 candidats se sont lancés jeudi en campagne et vont se disputer les 290 sièges du parlement, ce vendredi. Cette élection est la première depuis le scrutin controversé de 2009 qui avait provoqué d'importantes manifestations à travers tout le pays. La pression internationale pèse-t-elle sur les élections législatives de vendredi dans ces élections qui opposent des conservateurs du Parlement aux pouvoir, lui aussi, conservateur ?

Thierry Coville : Pas vraiment d’après ce que j’ai vu. Ce n’est pas vraiment un thème de campagne. Au contraire, on observe même que les partisans d’Ahmadinejad utilisent cette menace face aux menaces étrangères car pour une élection, on a besoin de plus d’unité dans le pays… Le Parlement devra arrêter de critiquer le gouvernement comme il le fait. Ce que le Parlement reproche au gouvernement relève plutôt des questions économiques en général – pas vraiment les sanctions. L’influence extérieure n’apparait pas vraiment comme un sujet de campagne.

La pression internationale peut-elle au contraire fortifier le pouvoir iranien ?

Non, on distingue deux problèmes. D’abord le régime est assez inquiet au sujet de la faiblesse du taux de participation car les électeurs « ont déjà donné » ! (On se rappelle de la répression qui a suivi l'élection contestée du président, NDLR) Dans les campagnes et dans les petites villes, on pourrait avoir un taux de participation élevée. Mais dans les grandes villes, on s’attend à un taux de participation faible. Il est assez savoureux de voir le régime insister lourdement auprès des réformateurs pour qu’ils présentent des listes, alors qu’il vient d’en emprisonner !

Concrètement, peut-on  voir un changement de majorité au Parlement ?

On ne sait pas trop. On voit dans la presse iranienne qu’une vraie bagarre a lieu. Le régime essaye de présenter cela comme différents points de vue, mais c’est une vraie bagarre entre conservateurs eux-mêmes. On distingue bien le « camp du Parlement » d’Ali Larijani , contre le gouvernement. Je trouve qu’Ahmadinejad répond coup pour coup et ne se laisse pas faire ! Le plus intéressant étant que les deux camps se réclament tous les deux du Guide (Le Guide suprême de la Révolution islamique, Ali Khamenei, NDLR). On pouvait pourtant penser que ce dernier était plus dans le camp d’Ali Larijani, Rappelons-nous que la peur des religieux qui sont dans le Parlement est que le président Ahmadinejad ait un plan pour se débarrasser d’eux. C’est clairement une guerre entre les deux pouvoirs.

Si je vous comprends bien, les élections législatives reposeront donc davantage sur la situation économique interne que sur la pression diplomatique internationale ?

En effet, l’argument principal utilisé par le Parlement est la situation économique qu’ils attribuent tous à Ahmadinejad. Ce qui est au fond, n’est ni vrai ni faux mais fonctionne toujours en période d’élection. Il est vrai -cependant- que l’inflation est surtout due à la réforme des subventions mise en place par Ahmadinejad…

Justement, on connaît du président iranien sa détermination dans le programme nucléaire de son pays. Mais qu’en est-il de sa vision économique ?

Je la qualifierais de populiste et d’opportuniste puisqu’il a commencé son premier mandat en disant qu’il était contre le capitalisme et il finit en appuyant la réduction des subventions, une réforme applaudie par le FMI ! Allez comprendre !

Il y a une différence de points de vue entre les réformateurs de l’intérieur et ceux de l’extérieur car Moussavi n’a pas appelé à un boycott des élections intérieures. Mais j’ai lu dans la presse que ce dernier avait peur de ne pas être forcément suivi car les élections législatives en Iran ont aussi un fort enjeu local. 

Un  renouvellement du Parlement changera-t-il quelque chose sur l’ambition  nucléaire du pays ?

Non pas du tout. Le consensus est total sur le nucléaire. Il ne bougera absolument pas. Si on avait pensé sanctionner le pays pour influencer le vote, on peut dire que cela a été totalement inefficace…

Propos recueillis par Antoine de Tournemire

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