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Élections européennes : le désaveu populaire de l’écologie politique
©LOU BENOIST / AFP

Débâcle

Ce n’est pas seulement la progression des partis de droite qui change le profil du Parlement européen. La forte perte des écologistes va profondément transformer le visage de Bruxelles-Strasbourg et donc ses décisions.

Samuel Furfari

Samuel Furfari

Samuel Furfari est professeur en géopolitique de l’énergie depuis 20 ans, docteur en Sciences appliquées (ULB), ingénieur polytechnicien (ULB). Il a été durant trente-six ans haut fonctionnaire à la Direction générale de l'énergie de la Commission européenne. Auteur de 18 livres.

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La majorité de l’ancienne législature conserve le pouvoir à Strasbourg. Le Parti populaire européen (PPE), les Socialistes & Démocrates et Renew Europe (le parti des macronistes) peuvent encore diriger le Parlement européen. Cependant, au cours des cinq dernières années, de nombreuses lois « vertes » ont été proposées, négociées et adoptées par les écologistes, qui ont été le pivot central de l’écologisme politique européen. 

Le désaveu populaire de l’écologie politique

Mais lors des élections de 2024, les Verts européens ont perdu un quart de leurs eurodéputés, avec 53 eurodéputés et 18 sièges en moins. Le seul parti à faire pire est celui l’Emmanuel Macron, qui a perdu 23 sièges. La saga nucléaire n’est qu’un des événements qui a particulièrement pénalisé les Verts, avec notamment une perte de 10 sièges en Allemagne.

En Belgique, où les élections législatives se sont déroulées en même temps que les élections européennes, Jean-Marc Nollet, coprésident du parti des Verts, a démissionné à la suite de l’effondrement électoral de son parti, qui ne compte plus que trois députés au parlement fédéral belge, contre 13 dans la législature précédente.

Il ne vous aura pas échappé que la question du climat a été invisible pendant la campagne électorale, n’apparaissant timidement que lorsque les journalistes l’ont évoquée. Que s’est-il passé ?

La frénésie climatique… inversée

Le 21 février 2019, Greta Thunberg, une adolescente sans qualification scientifique, a été reçue par la présidente Ursula von der Leyen à la table des 27 commissaires européens. Cette année-là, lors des élections européennes — quatre ans après l’accord de Paris —, l’attention portée au changement climatique était à son comble. Les écologistes ont remporté une grande victoire, un peu moins en France en raison de la montée des macronistes. Le tandem formé par Ursula von der Leyen et son premier vice-président Frans Timmermans a mis en œuvre le Pacte vert, que les eurodéputés — « écologistes de tous bords » — ont voté avec un enthousiasme débridé. Il convient de noter que la personne qui a orchestré l’ensemble du pacte vert à la Commission européenne est le chef de cabinet de Timmermans, Diederik Samsom, un activiste de Greenpeace, toujours présent au 8e étage de la Commission européenne. Non seulement Bruxelles-Strasbourg allait changer l’UE, mais aussi montrer la nouvelle voie verte au reste du monde. Les plus prudents ont été bannis du débat public et insultés jusqu’à d’être qualifiés de fascistes. 

Les choses se sont inversées lorsque les agriculteurs néerlandais ont refusé d’autoriser l’abattage de la moitié de leur bétail pour « sauver le climat » ; d’autres agriculteurs ont suivi l’exemple et l’on s’est rendu compte que si nous voulions protéger notre environnement, nous ne devions pas le faire au détriment de notre agriculture ou de notre croissance économique.

Du 15 au 17 mai 2023, Ursula von der Leyen a annoncé au Parlement européen que nous savions qu’il fallait réduire à la fois la croissance économique et la croissance démographique. Mais elle n’a pas réalisé que les gens ne sont pas prêts à sacrifier leur alimentation, leurs soins de santé, leur qualité de vie pour réduire les émissions, d’autant plus que la Chine et l’Inde continuent de construire des centrales électriques au charbon et que les émissions mondiales ont augmenté de 64 % depuis que le monde s’est engagé à les réduire.

Les électeurs européens n’ont plus été impressionnés par les diverses insultes et ont ignoré les diktats des Verts. Les « écologistes de tous bords », à l’exception des vrais Verts, l’ont bien compris. Ils ont fait le strict minimum pour ne pas passer pour de mauvais pollueurs, mais la raison l’a finalement emporté sur l’idéologie.

Quelles répercussions en France ?

Les députés européens d’Écologie-Les Verts à Strasbourg sont passés de dix à cinq. Cette débâcle n’entamera pas leur détermination à remettre la peur du changement climatique sur le devant de la scène et à s’opposer au nucléaire. Le nouveau Front Populaire en construction n’aura donc d’autre choix que d’utiliser cette peur. Que feront les Français ? Suivront-ils l’union de la gauche, qui se répandra en insultes, ou suivront-ils la droite, qui préfère ne pas parler du changement climatique de peur de perdre des voix ?

La perte de pouvoir d’achat, la facture énergétique, l’opposition plus forte que jamais aux éoliennes, la prise de conscience que l’objectif de réduction des émissions de CO₂ imposé par l’UE est hors d’atteinte, ainsi que l’interdiction des véhicules à combustion en 2035, prévaudront-elles comme dimanche dernier ? L’intimidation morale l’emportera-t-elle sur la dure réalité à la fin du mois ?

Samuel Furfari a publié « Énergie, mensonges d’état. La destruction organisée de la compétitivité de l’UE » aux éditions de L’artilleur.

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