"Dix âmes, pas plus" de Ragnar Jonasson : Un polar dans l'extrême nord de l’Islande. Un récit mal maîtrisé et une intrigue mal ficelée<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
"Dix âmes, pas plus" de Ragnar Jonasson a été publié aux éditions La Martinière.
"Dix âmes, pas plus" de Ragnar Jonasson a été publié aux éditions La Martinière.
©

Atlanti-Culture

"Dix âmes, pas plus" de Ragnar Jonasson a été publié aux éditions La Martinière.

Isabelle De Larocque Latour pour Culture-Tops

Isabelle De Larocque Latour pour Culture-Tops

Isabelle De Laroque Latour est chroniqueuse pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).  Culture-Tops a été créé en novembre 2013 par Jacques Paugam , journaliste et écrivain, et son fils, Gabriel Lecarpentier-Paugam, 23 ans, en Master d'école de commerce, et grand amateur de One Man Shows.

Voir la bio »

"Dix âmes, pas plus" de Ragnar Jonasson

La Martinière, parution le 14 janvier 2022,

traduit de l’islandais par Jean-Christophe Salaün

345 pages, 21 €

Notre recommandation : 2 sur 5 


THÈME

Au milieu des années quatre-vingt, Una, une enseignante de Reykjavik aux fins de mois difficiles, décide de répondre à une petite annonce que lui a signalée son amie Sara : « recherche professeur au bout du monde ». Ce bout du monde c’est Skàlar « un hameau perdu au milieu de nulle part » à l’extrême nord-est du pays et qui n’abrite que 10 habitants (dix âmes comme les aurait appelées Gogol) dont deux fillettes qu’Una est chargée d’éduquer.

Le profond malaise ressenti par Una dès son arrivée à Skàlar est fondé sur l’hostilité, vraie ou supposée, de ses nouveaux concitoyens et par l’impression que la maison qui l’héberge est hantée ; son mal-être fait écho aux angoisses d’une adolescente inconnue, Björg, dont on sait juste qu’elle est en prison à Reykjavik pour avoir avoué un crime dont elle ne se souvient pas.

Bien entendu, les deux histoires se rejoindront (plus ou moins bien) à la fin.

POINTS FORTS

- L’originalité de l’endroit de ce huis-clos sis à la lisière du monde habitable.

- La description de Skàlar, au bout de la péninsule de Langanes : La mer grise, les plages sinistres et glacées, les rues sans éclairage, les restes d’un camp militaire américain abandonné à la fin de la dernière guerre… Le vent, le froid, la pluie, l’humidité et l’obscurité omniprésente des longues nuits d’hiver islandaises. 

- La relation de la fête de Noël dans la petite église du village, seul moment lumineux de l’histoire, qui n’est pas sans rappeler celle qu’évoque Giono dans Un roi sans divertissement .

- L’ambiguïté de la dernière phrase qui pourrait ouvrir sur deux prolongements antinomiques.

QUELQUES RÉSERVES

Le roman, qui se veut d’atmosphère plus que policier, échoue dans les deux domaines. Très lent, parsemé de péripéties inabouties, ce récit mal maîtrisé est tout sauf convaincant avec une intrigue mal ficelée, des dialogues sans intérêt, un suspense inexistant et un dénouement qui n’en est pas un.

Les personnages sans reliefs et mal dessinés n’attachent pas le lecteur, à commencer par Una, l’héroïne principale, semi-alcoolique vaguement dépressive, en tout cas insatisfaite et narcissique, à la limite de l’antipathique.

ENCORE UN MOT...

En quatrième de couverture, Ragnar Jonasson nous est présenté comme le maître du polar islandais, l’un des romanciers internationaux les plus reconnus avec plus d’un million de livres vendus en France. Alors, peut-être l’œuvre de cet auteur (que je n’ai pas lu) est-elle d’un grand niveau, peut-être est-ce le rôle d’un éditeur de bien vendre son poulain. En tout cas, ce n’est pas cet ouvrage assez affligeant qui me persuadera d’en lire plus…

UNE PHRASE

« Un village de dix personnes qui se connaissaient toutes. Ne serait-elle pas une intruse ? Peut-être était-ce justement ce dont elle avait besoin, l’isolement sans la solitude. Échapper au tumulte de la ville à cette routine où son salaire servait surtout à rembourser son emprunt ; pas vraiment de vie sociale, pas d’amoureux, la seule avec laquelle elle gardait le contact était Sara. » (p. 22)

L'AUTEUR

Ragnar Jónasson, né en 1976 à Reykjavik, présenté par son éditeur comme le Simenon islandais, est avocat et enseigne à l'université de Reykjavik. Il est l’auteur de la trilogie à succès La Dame de Reykjavik (La Martinière, 2018) et de la série des Enquêtes de Siglufjördur (Points Policier, 2019) mettant en scène le détective Ari Thor. Il a traduit en islandais quatorze romans d'Agatha Christie.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !