Dette : Pas de chance pour Athènes, l'Europe craint beaucoup moins le danger grec...<!-- --> | Atlantico.fr
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Les réformes promises par Athènes ne sont toujours pas mises en œuvre.
Les réformes promises par Athènes ne sont toujours pas mises en œuvre.
©Reuters

Même pas mal

Les partis de la coalition gouvernementale ne sont pas parvenus à un accord sur tous les points du texte du plan de redressement négocié avec ses créanciers. Encore un délai supplémentaire pour la résolution de la crise. Les négociations ont déjà traîné en longueur notamment parce que le pays n’a plus les mêmes moyens de pression qu'auparavant, et se doit d'adopter le plan impérativement avant le 20 mars s'il veut éviter le défaut de paiement.

La Grèce pourrait apercevoir le bout du tunnel. Athènes est aujourd’hui engagée dans une double négociation. L’une avec les créanciers privés (principalement des banques) pour que ces derniers effacent une part substantielle de la dette qu’ils détiennent. L’autre avec la troïka ( Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Union européenne) pour qu’elle lui accorde un nouveau prêt. Et les négociations ont traîné en longueur. Mercredi, les leaders des partis de la coalition (le socialiste Georges Papandréou, le conservateur Antonis Samaras et le leader d'extrême droite Georges Karatzaferis) se sont vus remettre la feuille de route négociée avec la troïka, lors d'une réunion avec le chef du gouvernement  Lucas Papademos qui a été maintes fois reportée. S'ils l'approuvent, le texte devrait être soumis au Parlement dès vendredi, et pourrait être adopté dès dimanche en procédure d'urgence. 

Car la Grèce n'a plus vraiment le choix. Si les négociations ont traîné, c'est notamment parce qu'elle a perdu ses moyens de pression. Elle s'est encore vu accorder, le 21 décembre, une ligne de crédit de plus de 489 milliards d’euros pour aider 523 banques européennes, par le président de la BCE. Mario Draghi a ainsi apaisé les craintes d’une explosion de la zone euro. L’opération, surnommée "Bazooka de petit calibre", avait pour but d’ "assurer la liquidité des banques, responsables de 75% du financement de l’économie de la zone euro". Avec cette ligne de crédit, la menace d’une crise économique déclenchée par la Grèce s’est un peu éloignée, et l’urgence d’une résolution rapide s’est apaisée. 

Autre raison : la situation de la Grèce ne cesse de se dégrader. Selon La Tribune, ce ne serait plus 130 mais 145 milliards d’euros dont elle aurait besoin. Or l’Allemagne ne compte pas donner plus d’argent. La Grèce est donc appelée à faire encore plus d’efforts. Problème : les réformes promises par Athènes ne sont toujours pas mises en œuvre. Or c’est l’une des conditions imposées par l’Union européenne pour qu’elle offre son aide à la Grèce. D’autant que l’Europe, par la voix de Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, a prévenu qu’elle ne verserait pas de nouvelles aides tant qu’un accord entre la Grèce et les créanciers privés ne serait pas signé, ainsi que le rapporte The Irish Independent.

Surtout, les Européens ne montrent plus la même inquiétude quand au scénario d'un possible scénario de défaut de la Grèce. Que cela soit une simple posture pour inciter les dirigeants grecs à agir ou plus vite, ou que cela soit vrai, le pays est obligé d'agir. Et quand bien même la BCE s'est engagée, mercredi par la voix de Mario Draghi,à participer à la restructuration de la dette grecque, selon le Wall Street Journal de mercredi, repris par Le Figaro. Le quotidien note que l'aide prévue se ferait "sous la forme d'un abandon du coupon (le paiement des intérêts) que l'emprunteur verse à son créancier à l'échéance des titres. Au total, le sacrifice s'élèverait pour la BCE à 12 milliards d'euros".

La négociation entre Lucas Papademos et les chefs des trois partis présents au gouvernement (Parti socialiste, Nouvelle Démocratie et Laos) a pour but de trouver un accord sur les nouvelles mesures exigées par les partenaires européens. Qui sont donc cruciales pour que le pays continue d'avoir le soutien de ses partenaires européens. Selon les dernières fuites, la feruille de route négociée avec la troïka prévoirait la baisse de 20% à 22% du salaire minimum, qui serait abaissé autour de 586 euros bruts sur 14 mois, mais également des coupes autour de 15% dans les retraites complémentaires, des baisses de salaires dans les entreprises d'intérêt public et encore 15 000 suppressions d'emplois dans le secteur public d'ici la fin de l'année. Le total des coupes budgétaires en 2012 atteindrait environ 4 milliards d’euros. Une réforme fiscale serait également au programme. 

Ces mesures doivent permettre au pays d'obtenir un prêt de 130 milliards d'euros - au moins- promis lors du sommet européen de Bruxelles fin octobre. Il complète un prêt de 110 milliards d'euros déjà accordé par l'UE et le FMI en mai. Lequel avait été assuré en contrepartie d'un premier train de mesures d'austérité. La nouvelle aide pour la Grèce est vitale : sans elle, le pays s'expose à un défaut de paiement le 20 mars, date à laquelle expireront ses 14,5 milliards d'euros d'obligations. 

Ce nouveau train de mesure sucite déjà la colère de population. Mardi, des milliers de manifestants protestaient contre l’austérité. "Malgré nos sacrifices et tout en reconnaissant l'échec de leur politique, ils réclament encore plus d'austérité", déplorait Ilias Iliopoulos, secrétaire général du syndicat de fonctionnaires Adedy.

La Grèce est d'autant plus position de faiblesse qu'elle devra négocier la semaine prochaine avec ses créanciers privés, l'effacement de 100 milliards d'euros de dettes. Normalement, un compromis a été trouvé sur ce volet du plan d'aide fin janvier, entre le gouvernement et l'Institut de la finance internationale (IFF) qui représente les créanciers. Il sera nécessaire que l'accord avec la troïka soit accepté au plus vite pour sceller ce volet "privé" de l'aide. Afin que le pays peut-être enfin envisager d'entrer, très progressivement, dans une situation économique plus sereine. 

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