Des millions d’emplois créés mais une France en pleine angoisse : mais où passent donc notre croissance et notre productivité ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le président français Emmanuel Macron s'entretient avec le député de La France Insoumise, François Ruffin, lors d'une visite à l'usine Whirlpool d'Amiens.
Le président français Emmanuel Macron s'entretient avec le député de La France Insoumise, François Ruffin, lors d'une visite à l'usine Whirlpool d'Amiens.
©PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP

Réalité du marché du travail

A gauche et à l’extrême-gauche, la réponse est simple : ce sont les milliardaires et les riches qui capteraient tout pour eux. Sauf que…

Don Diego De La Vega

Don Diego De La Vega

Don Diego De La Vega est universitaire, spécialiste de l'Union européenne et des questions économiques. Il écrit sous pseudonyme car il ne peut engager l’institution pour laquelle il travaille.

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Atlantico : Le débat sur les retraites a généré un vigoureux questionnement sur le partage de la valeur ajoutée comme sur l’allocation des fruits de la productivité en France. Pour reprendre les mots de François Ruffin, "ça fait 40 ans qu'il y a de l'informatique, du numérique, de la robotique, des gains de productivité. Où sont-ils passés ?".

Don Diego de la Vega : François Ruffin fait semblant de penser que toute la France est productive. Il défend les secteurs publics et parapublics depuis longtemps, et l’Etat y investit beaucoup, malgré l’absence de gains de productivité dans ces secteurs. Et voilà qu’il nous dit que des gains de productivité ont bien été produits, mais sans aucun rapport avec les secteurs qu’il défend.

Mais il existe bien une multitude de petites sociétés ouvertes sur le monde, proches de la high tech. Ces sociétés se font siphonner leurs gains de productivité par l’Etat. Cela a déformé l’économie dans sa structure d’emploi, avec de plus en plus de gens dont la productivité est faible.

Les gains de productivité ont donc servi à financer la dette de la France, les hôpitaux, l’école. Mais cela n’a même pas permis d’améliorer la qualité des services publics. C’est ce qu’on appelle des gains de productivité négatifs.

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Selon l’Insee qui a consolidé les chiffres, l’économie française a créé un million d’emplois en 2021, soit le record depuis 1956 au plein cœur des Trente Glorieuses et la trajectoire s’est maintenue en 2022 même si elle a été a priori un peu atténuée. Comment comprendre le sentiment de déclassement des Français, qui s’illustre du reste dans des données très concrètes telles que les dépenses alimentaires qui ont enregistré leur plus fort recul depuis 1960 ? Y a-t-il deux France dont les destins n’ont plus grand chose à voir ?

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2021 est une année de rebond après la crise sanitaire, la croissance est égale à 6,8%, donc il est difficile de faire un comparatif.

Par ailleurs, il y a bien deux France : l’une est dans une situation difficile dès le début du mois ; l’autre n’a même subi l’inflation parce que quand vous avez votre immobilier qui a été multiplié par trois, une ponction de 10 000 euros sur votre consommation courante ne va vous troubler. Ces deux France correspondent à peu près à l’opposition entre propriétaires et locataires. Autrefois, l’opposition concernait les diplômés et les non-diplômés. Mais le problème est que l’on restreint le foncier, notamment dans les zones rurales.

Que répondriez-vous à ceux qui se réclament de Joseph Stiglitz ou de Thomas Piketty pour démontrer que leurs projets de taxation des riches ne sont pas uniquement des slogans politiques mais des théories économiques proposées par des économistes internationalement connus ?

Il y a deux dimensions. Tout d’abord, la dimension américaine correspond à Stiglitz. Quand Stiglitz veut taxer davantage les riches, il le dit dans un cadre américain : le marché du travail est beaucoup plus flexible que le nôtre, il n’y a pas de distinguo entre CDD et CDI, et les licenciements se font très facilement. Or dans le contexte français, avec 56% de dépenses publiques par rapport au PIB, avec les accords monétaires avec les Allemands, et un code du travail qui fait plus de 1000 pages, cela serait embêtant d’ajouter 10 à 15 points d’imposition sur les plus riches. Stiglitz prône une augmentation de l’offre, ce que l’on ne retrouve pas dans les discours de la gauche française.

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Concernant Piketty, c’est avant tout un combat idéologique. Il veut une extension sans fin des dépenses publiques, et en même temps, il sait qu’il n’y a plus de croissance. Il se retrouve devant une équation insoluble, donc il lui faut un « trésor caché ». Donc il s’en prend aux très riches. Or les très riches sont payés en actions. La seule manière pour les très riches de payer les impôts serait de vendre des actions, qui représentent 98% de leur patrimoine. Si vous faites cela, les familles qui sont à la tête des grosses sociétés vont progressivement partir, et elles seront remplacées par des bureaucrates. Or les grosses sociétés gérées par des familles françaises constituent notre dernier atout, après notamment l’écroulement de la filière nucléaire, de l’école, etc.

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