Des chercheurs viennent de mettre à jour le secret de la réussite : bien choisir son partenaire<!-- --> | Atlantico.fr
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Il existerait une sorte d’interdépendance des objectifs communs dans un couple.
Il existerait une sorte d’interdépendance des objectifs communs dans un couple.
©Olessya de Pixabay

Ambitions atteintes

Des chercheurs de l'Université de Bâle ont évalué les objectifs quotidiens de 456 couples hétérosexuels pendant deux semaines et ont constaté que les partenaires, au fil du temps, partageaient à la fois les mêmes objectifs de réalisation et d'évitement des résultats négatifs. En un mot, la même ambition.

Pascal Neveu

Pascal Neveu

Pascal Neveu est directeur de l'Institut Français de la Psychanalyse Active (IFPA) et secrétaire général du Conseil Supérieur de la Psychanalyse Active (CSDPA). Il est responsable national de la cellule de soutien psychologique au sein de l’Œuvre des Pupilles Orphelins des Sapeurs-Pompiers de France (ODP).

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Atlantico : Des chercheurs de l'Université de Bâle ont évalué les objectifs quotidiens de 456 couples hétérosexuels pendant deux semaines. Les psychologues classent généralement les objectifs selon deux critères : les objectifs de réalisation et les objectifs d'évitement. Les chercheurs ont constaté que les partenaires, au fil du temps, partageaient à la fois les mêmes objectifs de réalisation et d'évitement des résultats négatifs. Que nous révèlent ces travaux sur la vie de couple ? Quelle a été la méthode utilisée par les chercheurs ?

Pascal Neveu :L’étude est finalement peu surprenante. Les couples ont été évalués quotidiennement tous les 14 jours et sur une période de 10-12 mois. On mesurait différents objectifs communs. L'échantillon était composé de 456 couples femmes-hommes (âge moyen de 33,6 ans, avec une variabilité de 13,8 ans et sachant que la durée de la relation était en moyenne de 10 ans).

Et les résultats sont sans appel : un mimétisme relationnel s’instaure dans le couple !

Plus précisément, cela signifie que les couples ne se soutiennent pas simplement les uns les autres, mais adoptent implicitement des objectifs communs et l’évitement de conflits. L'étude a d’ailleurs révélé que ces objectifs apparaissaient indépendamment du sexe, de l'âge ou de la durée de la relation, et même des origines culturelles.

L’étude décrit par exemple des objectifs de réalisation comme un diplôme d'études supérieures ou une expérience de voyage significative. Mais également des objectifs d'évitement, comme un résultat indésirable, comme éviter également une faillite professionnelle ou plus « simplement » le regard stupide sur soi.

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Ces deux types d'objectifs (réalisation/évitement) finissent par déterminer un comportement de couple très spécifique. Car les chercheurs ont constaté qu'au fil du temps, les partenaires partagent à la fois les mêmes objectifs d'évitement et de réalisation. Par exemple, si un partenaire recherchait une reconnaissance personnelle ou des expériences significatives, l'autre le mettait également en œuvre. Et si l'un des deux évitait un conflit ou une période de stress, l'autre aussi.

Cette découverte est-elle la clé de la réussite pour les couples ? Les enseignements de ces recherches pourraient-ils être appliquées pour améliorer sa vie de couple et pour se fixer de nouveaux objectifs sur la voie de la réussite et du succès ?

Quand John Gray écrivait via son best seller que les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus… il a à la fois tort et raison. Les modes de communication sont différents, les attentes également et les façons d’opérer encore toutes autres. Rien de nouveau. Mais il est intéressant de noter que les chercheurs ont trouvé un délai entre le moment où un partenaire entreprend un nouvel objectif émergent, et son accompagnement.

En fait, alors qu’on pourrait imaginer que nous allons immédiatement sauter en marche dans le train de notre « moitié », c’est la durée du projet, les intentions, les émotions qui  mènent à un intérêt et une implication consciente et inconsciente. Parfois des jours ou des mois plus tard, une fois que cela resté ancré dans l’esprit, le discours et les passages à l’action de l’être aimé ayant été reconnus.

Communication et ne pas oublier qu’un couple c’est 1+1=3 … Certes un miroir, un reflet mais surtout un révélateur subtile… Sont peut-être déjà une première clef de la réalisation d’un couple.

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Comment expliquer cette unité si particulière, cette alchimie et ce mimétisme au sein des couples sur le plan des objectifs de réalisation et d'évitement, de l'ambition ?

C’est très simple : l’être humain ne peut rester seul. Aussi, même s’il doit se vivre dans une relation de soumission/domination que certains pourront décrire, il préférera se vivre dans une relation harmonieuse. Ce cocktail amoureux, cette alchimie particulière reposent sur des fondamentaux que l’on voit en thérapie de couple.

Pour ces chercheurs, cela pourrait être un mécanisme adaptatif pour maintenir la stabilité de la relation en n'étant pas influencé par chaque changement momentané effectué par le conjoint, explique Jana Nikitin, professeur de psychologie à l'Université de Bâle. Elle le compare comme un état amoureux zen telle une randonnée de longue distance ou une retraite de méditation silencieuses d'une semaine.

Ce qui est questionnant à travers cette étude, ce sont les réflexions fondamentales d’un couple. D’un côté les approches positives du couple : objectifs communs et évitements de tout résultat « négatif ». D’un autre côté une méconnaissance des mécanismes relevant de l’osmose d’un couple, en dehors une capacité de communication essentielle et l’absence de toute forme de relation de « subordination » à l’autre. Ce qui est démontré, ce sont les objectifs de l’un et l’autre qui doivent être « reconnus » par l’autre et accompagnés.

Il existerait donc une sorte d’interdépendance des objectifs communs dans un couple.

J’étais ce samedi présent au mariage d’un de mes filleuls. J’écoutais, j’observais, je me taisais… pensant ce sujet du couple. J’évoquais le sujet de mes réponses à fournir. Et toutes et tous m’ont dit : « Mais il est évident qu’on devient l’autre ».

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Et cette étude démontre qu’à court terme (1 an maximum), le mimétisme opère, alors qu’en France 50% des couples se séparent après 5-6 ans de relation.

Dans mon livre évoquant le changement je ne cessais de dire que l’amour est le catalyseur du changement, est un révélateur. Et je défendais l’idée qu’advenir, malgré le « Je suis un Autre », est une mission existentielle. Et j’ai posé la question à mon filleul qui avait forcément des yeux brillants. Il m’a répondu : « On vit un moment qui est une concrétisation d’amours divers mais qui reste un amour universel… l’agapé… »

Si cette étude ne fait que confirmer que l’amour marie paix et individuation… Mon filleul aura répondu à la question.

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