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Les témoignages s’accumulent contre le psychanalyste Gérard Miller.
Les témoignages s’accumulent contre le psychanalyste Gérard Miller.
©AFP / JOEL SAGET

Carnage dans la bobo-culture

Carnage dans la bobo-culture, les petits-marquis de l'art-militant (on dit gentiment "cinéma d'auteur...) tombent comme des mouches.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Selon divers besoins, il est une science

D’étendre les liens de notre conscience

Et de rectifier le mal de l’action

Avec la pureté de notre intention

Molière, Le Tartuffe, acte IV, scène 5.

Carnage dans la bobo-culture, les petits-marquis de l'art-militant (on dit gentiment "cinéma d'auteur...) tombent comme des mouches. Gauchistes de luxe, pétitionnaires ubiquitaires... premier rang des ma­nifs chics-gauche caviar. Engagement social... maoïsme... Utopie liber­taire... La France Insou­mise... Fé­minisme... Défense des sans-papiers et immigrés... le sort des Roms... Contre le racisme et la xénophobie... droits des animaux ! Marine Le Pen, carrément "Salope fascisante"... Cordon sa­nitaire antifa... En mode intéressé, l'un des satyres signe même dans Libération une tribune libre "pour dé­noncer l'instauration d'un ordre moral".

Rien que la semaine du 5 février, c'est l'hécatombe : Nicolas Bedos (Libé du 16/10/23 "Obses­sionnel notoire de la fellation") ... Philippe Caubère... Jacques Doillon... Benoît Jacquot... Gé­rard Miller... Christophe Ruggia... L'avalanche d'accusations de dizaines de victimes : "viol sur mineur"... "agres­sions sexuelles" ... "Corruption de mineures"... "violences physiques et psy­chologiques", etc. Leurs proies, souvent des "fruits verts" un peu en mode Epstein : elle a 15 ou 16 ans, le prédateur, quarante ans et plus. Pour l'instant, que des accusa­tions, notons-le - mais tant, si véhémentes et concordantes...

Halte-là : un triste concours de circonstances... cas exceptionnels... câlins furtifs ? Du tout : pour l'un, "18 (femmes) évoquent des viols et agressions sexuelles". Au mieux, l'ivrogne pelo­teur ; le pire est quand même loin du "Vert paradis des amours enfantines" (Baudelaire) : "Rapport sexuel violent... Il la frappe, l'étrangle en l'appelant "maman", lui impose des pra­tiques sexuelles dégradantes" : plus près du marquis de Sade que de Trotski.

Certes, avant même la récente éruption délatrice, la brigade d'appui au cordon sanitaire était déjà plutôt faisandée : d'abord, la glauque fascination collective pour le voyou, terroriste et assassin Cesare Battisti. Dès lors, le ver ronge le fruit progressiste : Strauss-Kahn et ses pul­sions ancillaires... Cahuzac et ses comptes bancaires en Suisse, "Les yeux dans les yeux"... Oli­vier Duhamel et sa Familia Grande tuyau-de-poêle ...

Et les copinages avec l'actuel pouvoir... Chez Dalloz, s'il vous plaît, "Les mots de Macron", livre signé Olivier Duhamel, préface de Laurent Bigorgne. Rappel : en 2016, la première adresse lé­gale du parti-Macron "En Marche", c'est chez lui. Bigorgne lui-même, et ses 4 grammes de co­caïne par jour, budget annuel pour sa dope, vers les 100 000 euros... Pouvez-vous sortir de votre compte bancaire 100 000 euros en liquide pour votre dealer ? Oh que non ; lui, oui. Tout ce joli monde entre Sciences-Po, club du Siècle ("Le réseau des réseaux de pou­voir") et Institut Montaigne, bien au chaud, au cœur même de l'oligarchie...

Tout cela, issu de mai 1968 ; les enfants pervers du gauchisme culturel : "Ensemble d'idées, de représentations, de valeurs plus ou moins conscientes, déterminant un type de comportement et de posture dans la vie publique, politique, et dans les médias" (Jean-Pierre Le Goff, Le Dé­bat, 2013). De la révolution mondiale à la Familia Grande : jouissance matérielle, hé­donisme consumériste, refus de toute contrainte. De Fidel Castro à Nicolas Bedos - tout ça pour ça.

Reste un "cordon sanitaire" qui n'a plus rien à défendre - mais défend ce vide d'autant plus fé­rocement. Cette arrière-garde toujours plus isolée a délaissé toute référence marxiste - Marx qui fustigeait durement ces "racailles" dont l'ultime gauche fait à présent son dernier sujet ré­volutionnaire. Lui reste un vernis de léninisme : ne jamais ré­pondre ni argumenter sur les faits ; injurier ou menacer sans cesse ("fasciste" !) ; tant que possible, disqualifier.

Moralisme, indignation et bons sentiments : ils sont quelques milliers, planqués dans l'édi­tion, le journalisme et l'"art militant". Au sommet de la chancelante pyramide, la cohorte citée en début d'article. Comme à toute ère d'effondrement, incapable de fuir le na­vire ; privée de toute perspective politique ; vendue à des milliardaires méprisants qui en usent comme chiens d'attaques dans leur seul inté­rêt, la brigade d'appui du cordon sanitaire s'entre-dévore.

Dans Le 18 Brumaire de Louis-Napoléon Bonaparte, Karl Marx écrit ceci : "Hegel remarque quelque part que tous les grands événements et personnages de l'histoire universelle ont lieu pour ainsi dire à deux reprises. Il a omis d'ajouter : la première fois en tragédie, la seconde en farce". Des procès de Moscou aux procès-réseaux-sociaux-MeToo, on y est : jusqu'à la pi­toyable chute. Et le dernier mot à Céline (Mea Culpa), sur qui pesait déjà le poids médiatique de la superstructure frelatée : "Parler morale n'engage à rien ! Ça pose un homme, ça le dissi­mule. Tous les fumiers sont prédicants ! Plus ils sont vice­lards, plus ils causent."

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