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Départementales J-30 : les pronostics (et l’épineux problème de la parité)
©Reuters

Compte à rebours

A un mois du scrutin départemental, les nombreux changements de règles et le redécoupage des cantons rendent les perspectives de pronostics hasardeuses. Une tendance est cependant pratiquement actée : le très haut score du Front national. Les conséquences de la parité absolue sur la répartition des postes clés seront également regardées à la loupe.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : Selon un sondage Ifop pour le JDD, 29% des Français souhaitent la victoire du FN aux élections départementales des 22 et 29 mars prochains. Est-ce une victoire assurée pour le parti de Marine Le Pen ?

Jérôme Fourquet : Tout dépendra de la façon dont le ministère de l'Intérieur fera le compte des résultats. Le FN fera un score élevé mais si la droite – qui est dans une stratégie d'union – voit ses résultats être la somme de l'UMP, de l'UDI et des "divers droite", ce bloc peut faire jeu égal ou devancer le Front national. Mais si on s'en tient à une lecture par "force politique" et sachant que l'UMP ne sera pas présente partout et qu'il y aura de nombreux candidats "divers d roite", le Front national sera sans doute le parti en tête en nombre de voix, en l'état actuel.

Ce sondage laisse présager le même scénario qu'aux élections européennes de 2014. Va-t-il falloir s'habituer à ce genre de situation ?

La tendance de fond est un FN à un niveau très élevé. Il se sera pas forcément premier certes, mais il devient maintenant une donnée de plus en plus générale de le voir au deuxième tour. Sa place de premier ou de deuxième dépend d'ailleurs en général de l'offre politique présente sur un territoire donné. Aux européennes, le FN a devancé l'UMP de 4 points, mais si on avait fait le total UMP+UDI (même si tous les UDI n'auaient pas voté forcément pour l'UMP évidmement), le total des deux étaient à 30%. 

Tous les états-majors politiques ont pris acte du fait que le FN est à un haut niveau, va le rester, et va perturber durablement le fonctionnement classique du jeu politique. Et compte tenu des règles pour accéder au second tour des élections départementales (12,5% des inscrits) et du taux d'abstention, ces élections vont – comme une présidentielle – se transformer en "duels". Et qui dit "duel" dit deux formations qualifiées. Donc la quetsion n'est pas de savoir si le FN sera premier, mais s'il sera "dans la botte" pour être à ce second tour. Il le sera le plus souvent. Une des deux autres grandes formations traditionnelles va donc disparaître, changeant selon les territoires. Le niveau du FN a été minimisé en parlant "d'éelctions défouloires". On a vu aux législatives partielles et aux sénatoriales qu'il n'en était rien. Et les sondages confirment la tendance.  

La déferlante FN va-t-elle pour autant concerner tout le territoire ou certains départements resteront-ils la chasse-gardée des autres partis ?

Il va bien entendu y avoir de grandes variations selon les régions. Le score du FN dans les Côtes d'Armor n'aura rien de comparable avec celui qu'il fera dans l'Aisne. A priori, le Front national aura du mal à finir dans les deux premiers dans les grandes agglomérations – à noter cependant que Paris et Lon ne sont pas concernées par cette élection. C'est un territoire encore compliqué pour le parti. Les départements ruraux de l'Ouest et du Massif central restent, eux aussi, des zones où historiquement le FN a du mal à se positionner. Peut-être que le Front national fera des scores élevés d'ailleurs dans ces régions, mais ils ne seront sans doute pas au second tour, en tout cas pas en tête à l'issue du premier.

Dans quels départements peut-on s'attendre à un retournement de situation ?

Les pronostics sur ce point s'annoncent très difficiles, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, à l'époque des cantonales, ancêtres des départementales, les renouvellements ne se faisaient que par moitié. Il y avait donc un effet estompé de la réalité politique du jour du vote, notamment en cas de "vague nationale" puisque la majorité sortante gardait au moins la moitié de ses positions. Les "basculements" étaient donc plus compliqués. Là, on va renouveller d'un coup entraînant beaucoup plus d'incertitudes la nouvelle distribution. On a aussi des cantons complètement redéssinés, alors que cette élection se caractérisait également par une forte prime au "notable local" sortant,où chacun régnait sur son canton. Des cantons qui n'avaient pas bougé depuis des décennies ont été fondus entre eux c'est un élement nivateur et perturbant.  

La réforme du scrutin des élections départementales impose un système de candidats en binôme, afin que la moitié des candidats soient des femmes. Est-ce que cela ne va pas compliquer une élection déjà bien complexe ? Il est plus compliqué pour les partis d'établir des duos ? Comment s'opérera la répartition des tâches ?

Finalement, malgré les craintes exprimées, les partis ont réussi à monter ces fameux binômes (qui doivent également se retrouver, je le rappelle, pour les deux suppléants), y compris le Front national dont on pensait qu'il avait plus de difficultés avec xce genre de contraintes. Mécaniquement, il y aura donc une stricte parité assurée : le soir du deuxième tour, il y aura autant de conseillers généraux hommes que femmes. Mais il est encore diffile de voir si dans la constitution de ces binômes, on a respecté un certain équilibre, où si l'un sert de doublure à l'autre. Après, le diable se logeant dans les détails, il faudra comment se répartissent réellement les postes de pouvoirs. Sur la centaine de conseils généraux, combien y aura-t-il de femmes présidente du conseil général ? Aura-t-on essnetiellement des hommes qui sortiront vainqueur du "troisième tour" ?

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