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Début 2016 : rejouer le match Hollande-Sarkozy ou gagner les douze travaux de la France ?
©Reuters

Bonnes feuilles

Jusqu'où la crise économique pourrait-elle nous mener ? Jean-Paul Betbèze se livre à un petit exercice d'économie-fiction. Quels seront les enjeux de la prochaine élection présidentielle ? Extrait de "Si ça nous arrivait demain" (2/2).

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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Début 2016 : rejouer le match Hollande-Sarkozy ou gagner les douze travaux de la France ?

Que serons-nous et que ferons-nous en 201 6? Allons-nous nous passionner pour des primaires à droite, entre Borloo (65 ans) et Fillon (62 ans), sauf si Copé (52 ans) tente un come-back (ou bien Bruno Le Maire, Xavier Bertrand, Nathalie Kosciusko-Morizet…, sans oublier Nicolas Sarkozy )? Le tout en attendant la joute finale contre Hollande (62 ans), ou bien nous dire qu’un autre débat doit avoir lieu ? Avons-nous compris la leçon précédente, à savoir qu’il vaut mieux parler des problèmes plutôt que des apparences?

Avons-nous admis que cette crise n’est pas celle du capitalisme mais d’un capitalisme, celui qui se dope au crédit car il ne veut pas épouser son temps ? Allons-nous reconnaître qu’il nous faut des entreprises, des entrepreneurs et du dialogue social si nous voulons de la croissance et de l’emploi? Avons-nous accepté que notre économie française fonctionne mal parce qu’elle ne vit pas les nouvelles technologies, celles de l’échange, de la réactivité, du partage, du réseau ? Allons-nous reconnaître que cette réduction des inégalités, qui nous obsède, reflète en réalité la financiarisation passée, autrement dit le fait que nous n’avons pas voulu changer ? « Faire payer les riches » a fait partir ceux qui l’étaient, tétanisé les dirigeants, scotché les jeunes qui rêvent : vrai ou pas? Allons-nous avouer que cette dette publique qui nous inquiète – ce n’est pas trop tôt – est une autre manifestation de notre refus de changer, avec ces dépenses publiques qui ne baissent pas et cette croissance qui stagne ? Allons-nous renforcer notre alliance avec l’Allemagne? Allons-nous pousser les feux de l’Europe fédérale? On ne s’en sortira qu’en avançant plus vite, sur une autre trajectoire. Rejouer 2012 en 2017, c’est perdre.

Reconnaissons notre responsabilité dans cette crise

Ou bien nous en serons les permanentes victimes. Inutile de dire que c’est la faute « aux autres » et que nous ne sommes pour rien dans ce qui nous arrive, si nous voulons avancer. Bien sûr, nous ne sommes pas seuls en cause : Américains et Chinois, les autres membres de la zone euro, les pays pétroliers et émergents, sans oublier la « dictature des marchés » et la « banque sans visage », ont tous leur part. Mais quand même, nous vivions en France ces dernières années de déficit budgétaire et extérieur !

Si nous ne voulons pas accepter notre part de responsabilité, donc d’efforts pour se redresser, notre sortie de crise dépendra de ce que feront les autres et de ce qu’ils nous laisseront : c’est le pire des non-choix. Ce sera plus lent, plus long, pénible, frustrant et terriblement dangereux. « Si mon sort dépend d’autrui, je suis aussi responsable de lui », nous dit le philosophe Emmanuel Levinas. Nous vivons dans la même zone économique, une zone que nous avons construite, pleine de (nos) limites et de (nos) faiblesses : il faut la corriger, ensemble. Il ne suffit même plus de dire que c’est la responsabilité de chaque État de gérer sa situation, si on veut s’en sortir ensemble. Cette approche moralisatrice masque que nous n’avons pas assez averti, aidé, voire que nous avons profité des « problèmes » des autres. C’est aussi une erreur économique totale : la zone euro instaure une coresponsabilité de fait, fille de la « solidarité de fait » de Robert Schuman. Personne ne s’en sort si les autres ne s’en sortent pas. Chacun doit faire son travail, et une part de ce travail est de contribuer à celui des autres. Ce n’est pas de charité qu’il s’agit, mais de succès. Cette « perte de souveraineté » qui nous obsède, et qui est revenue avec notre alliance avec l’Allemagne, puis avec le référendum fédéral européen, cache une vérité fondamentale : la vraie perte de souveraineté, c’est ne pas participer aux décisions qui nous engagent.

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Extrait de Si ça nous arrivait demain...,chez Plon, pp.185-187

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