Déboulonner les statues de la Vierge et de Saint-Michel : quand la cancel culture va à l’encontre de l’opinion des Français <!-- --> | Atlantico.fr
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Dimitri Casali publie « Ces statues que l’on abat ! » aux éditions Plon
Dimitri Casali publie « Ces statues que l’on abat ! » aux éditions Plon
©Sébastien SALOM-GOMIS / AFP

Bonnes feuilles

Dimitri Casali publie « Ces statues que l’on abat ! » aux éditions Plon. Notre Histoire est accusée d'être à l'origine de tous les maux de notre société actuelle. La dégradation des statues de personnalités historiques, telles celles de Colbert ou de Napoléon, est devenue une pratique courante. Ce phénomène, appelé cancel culture, culture de l'effacement, nous vient des États-Unis. Extrait 2/2.

Dimitri  Casali

Dimitri Casali

Dimitri Casali est Historien, spécialiste du 1er Empire et ancien professeur d’Histoire en ZEP, il collabore régulièrement avec la presse écrite, la radio et la télévision. Il est auteur d’une quarantaine d’ouvrages notamment : La France Napoléonienne (Albin Michel 2021), le Grand Procès de l’Histoire de France, lauréat du prix des écrivains combattants 2020 (Robert Laffont 2019), du Nouveau Manuel d’Histoire préface de J-P Chevènement (La Martinière 2016), de l'Altermanuel d'Histoire de France (Perrin), lauréat du prix du Guesclin 2011 ; l'Histoire de France Interdite (Lattès 2012). Par ailleurs, il est le compositeur du « Napoléon l’Opéra rock » et de l’« l’Histoire de France l’Opéra rock », spectacles musicaux historiques et éducatifs.

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Le 16 décembre 2021 et le 12 janvier 2023, les militants d’extrême gauche de la Fédération nationale de la libre pensée (FNLP) ont obtenu après deux procès retentissants les déboulonnages des statues de l’archange saint Michel aux Sables-d’Olonne et de la statue de la Vierge à La Flotte-en-Ré, au motif qu’elles se trouvent sur le domaine public et qu’elles violeraient ainsi la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. Ces tristes décisions de justice des cours d’appel de Nantes et de Bordeaux, que l’on retrouve d’ailleurs dans de nombreuses affaires de ce type, sont une véritable bénédiction pour les tombeurs de statues. Elles vont faire jurisprudence et nous allons assister à une multiplication du nombre de ce genre de procès.

Ces affaires expriment à merveille la gravité du mal qui nous ronge. Car si l’on commence à extirper toutes les traces des racines chrétiennes de notre pays, nous n’en avons pas fini. Rappelons que sur notre sol ont été bâtis durant quinze siècles près de cinquante-cinq mille édifices religieux et que l’archange saint Michel est le saint patron de la France depuis le XIVe siècle… Une véritable volonté de déconstruction est à l’œuvre de la part de ces ligues prétendument de la libre-pensée qui s’inscrivent dans cette culture de l’effacement la plus abjecte et qui porte bien son nom. Pour ces nouveaux ayatollahs, toutes les occasions sont bonnes pour tenter d’effacer des pans entiers de notre histoire sous couvert de bien-pensance. Afin de couper la France de son héritage historique et culturel, ces extrémistes détournent la loi de 1905 au nom de la neutralité de l’État, de l’égalité des citoyens et de la liberté de conscience. Cette vision anachronique est évidente à La Flotte-en-Ré ou aux Sables-d’Olonne, où ces statues sont soudain devenues des symboles d’infamie absolue. À l’origine, le principe de laïcité avait pourtant pour objectif de promouvoir la tolérance. Nous devrions donc avoir aujourd’hui une vision plus apaisée, respectueuse de l’histoire et des traditions locales. Car à côté de cela, par exemple à Stains, commune de Seine-Saint-Denis, les rues vont prendre des noms étrangers, tel celui de la femme de Mahomet… sans que personne s’en émeuve. Bienvenue en ex-France! 

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Anticléricaux laïcards : une idéologie destructrice

Cette volonté de détruire par tous les moyens notre héritage chrétien provient du mépris qui imprègne l’idéologie dominante : l’opinion des populations locales n’a aucune importance, aucun intérêt, seul compte l’avis des «élites intellectuelles éclairées». Et quelles élites! Un assemblage hétéroclite regroupant ligues d’extrême gauche et associations d’étudiants d’université, d’administrations publiques et de cours de justice. Les retraits de chefs-d’œuvre du patrimoine, comme la statue de Jeanne d’Arc à Bourg-Argental (Loire) en janvier 2023 ou les fresques de la chapelle du conservatoire Candolle à Montpellier, illustrent cette culture de l’effacement. La chapelle doit être transformée en école primaire, et il faut préalablement recouvrir les magnifiques peintures murales de la chapelle des Ursulines, datant du XIXe siècle, pour ne pas heurter les élèves en raison de leur caractère religieux. Incroyable !

La plus dangereuse de ces associations est la Fédération nationale de la libre pensée (FNLP), animée par un militantisme acharné – il suffit pour s’en persuader de lire ses statuts. Cette structure anticléricale défend des idées semblables à d’extrême gauche composant la Nupes. Son mot d’ordre est d’ailleurs : «Ni dieu ni maître, à bas la calotte et Vive la Sociale ! » Sur le site de l’association, on peut lire : «La Libre Pensée se réclame de la raison et de la science. Elle n’est pas un parti; elle est indépendante de tous les partis. Elle n’est pas une Église ; elle n’apporte aucun dogme. Elle vise à développer chez tous les hommes, l’esprit de libre examen et de tolérance…» Cependant, dans les textes rédigés par ses membres et leurs émissions, on constate beaucoup de dogmatisme et de divagations. Enfin, la FNLP défend les associations islamistes, le port du foulard en milieu scolaire et du burkini dans les piscines. En 2017, elle a saisi avec succès le tribunal de Dijon pour exiger que les cantines de Chalon-sur-Saône servent des repas de substitution sans porc. Parmi ses membres, proches ou sympathisants, on retrouve la CGT, SUD éducation, des associations de professeurs et la Ligue des droits de l’homme. L’actualité démontre que le Conseil d’État est systématiquement de leur côté.

Combien de membres compte cette fameuse fédération, impossible de le savoir : celle-ci entretient un flou douteux sur le sujet. On peut simplement constater que la page Facebook de cette fédération nationale, implantée dans chaque région de France et soutenue par le Conseil d’État ainsi que par les radios du service public, atteint difficilement les trois mille trois cents abonnés dans tout le pays. France Culture invite très régulièrement ses représentants. Le 13 novembre 2022, la «Libre Pensée», émission animée par Christophe Bitaud, vice-président de la fédération, invite Alix Rémy, vice-présidente de Coexister pour échanger sur la «Liberté de conscience et laïcité». Le 8 janvier 2023, Bitaud invite Philippe Besson, libre-penseur et le 12 mars 2023, il invite Serge Sebban, autre libre-penseur.

94,5% pour le maintien de Saint-Michel

À La Flotte-en-Ré, une pétition lancée le 7 février 2022 pour sauver la statue de la Vierge ne cesse de prendre de l’ampleur : elle comptait déjà quarante-sept mille cinq cent soixante-treize signataires le 9 juin 2023. Aux Sables-d’Olonne, le courageux maire, Yannick Moreau, a organisé en mars 2022 une consultation citoyenne pour faire obstacle à la justice française : quatre-vingt-quatorze et demi pour cent des quatre mille cinq cent quatre-vingt-treize votants se sont prononcés pour le maintien de la statue, qui ne gêne personne localement. Pourquoi en faire une affaire d’État ? En croyant s’opposer à la religion, les wokes laïcards s’opposent en réalité à la tradition et à notre culture. Réalisée au XIXe siècle, cette belle statue de saint Michel était installée dans l’enceinte d’une école privée de la ville depuis 1935. Seulement voilà, depuis 2017, l’école a été fermée, puis détruite, et la statue a été déplacée sur le parvis de l’église Saint-Michel. Ce qui apparaît logique ! Si l’on appliquait le jugement inique de déboulonnage dans toute sa rigueur, la statue de sainte Jeanne d’Arc place des Pyramides à Paris devrait être prestement évacuée.

Quelle sera la prochaine étape ? La destruction de la fontaine Saint-Michel à Paris, qui représente elle aussi le saint terrassant le dragon, interdire toute circulation sur le boulevard Saint-Michel, ou encore fermer la station de métro du même nom? Ces demandes abusives de laïcistes radicaux complices de la cancel culture illustrent à merveille l’idéologie de la table rase au centre de la pensée woke, soutenue par l’extrême gauche française : les traces de la tradition chrétienne doivent être effacées pour construire un nouveau monde ex nihilo, et qui serait, prétendument, meilleur. Quelle réussite ! On en voit déjà les contours…

Extrait du livre de Dimitri Casali, « Ces statues que l’on abat ! », publié aux éditions Plon

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