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Débat PS : Manuel Valls, oasis réaliste perdu dans le désert socialiste
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L'avis de The Economist

La correspondante française du journal britannique The Economist, Sophie Pedder, livre pour Atlantico son point de vue sur le deuxième débat télévisé de la primaire PS.

Sophie Pedder

Sophie Pedder

Sophie Pedder est Chef du bureau de The Economist à Paris depuis 2003.

 

Elle est l'auteur de Le déni français aux éditions JC Lattès.
 

 

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Atlantico : Sur la forme tout d'abord, qu'avez-vous pensé du deuxième débat télévisé entre candidats à la primaire PS ?

Sophie Pedder : C’était un peu plus musclé, et plus interactif entre les différents candidats. Un peu plus vif, plus intéressant aussi. Pour moi cela a confirmé les différences plutôt que de les régler.

Je trouve par ailleurs que le débat a cristallisé autour des deux personnages les plus jeunes, Arnaud Montebourg et Manuel Valls. Ils semblent représenter chacun un point de vue très divergent. Montebourg avec sa démondialisation, et Valls avec son discours de vérité, de sang et de sueur. Donc je ne vois pas du tout une absence de différences.

Peut-on comparer cela aux débats télévisés outre Atlantique ?

Un petit peu, mais la différence si on regarde par exemple le Parti républicain aux États-Unis actuellement, c’est un vrai show, c’est-à-dire qu’il y a une foule de personnes qui assistent dans le studio, ce n’est même pas un studio mais un immense amphithéâtre avec tous ces gens qui applaudissent, participent, rient. C’est un show, tandis que ce que vous faites, vous les Français, est sans doute plus discret.

Néanmoins ce qui est important, avant tout, c’est que ce soit démocratique. Ça change l’image de la sélection d’un candidat. Non seulement l’image mais aussi le fond.

Quel a été, selon vous, le moment marquant ?

Pour moi c’étaient les échanges assez vifs entre Valls et Montebourg. Montebourg a accusé Valls de ne pas être à gauche et Valls a répondu « personne n’a le monopole de la gauche ». Je pense qu’il a bien expliqué qu’on peut être à gauche et également avoir un sens de responsabilité vis-à-vis des électeurs, et ne pas raconter des histoires. « Tout sera dur, nous devrons faire des efforts » : c’est un discours que les Français ont besoin d’entendre, même si ça ne plaît pas.

The Economist a clairement affiché sa préférence pour Valls. Le débat a renforcé cette position ?

L’article que vous mentionnez n’était pas un éditorial avec le soutien exclusif de la rédaction pour un candidat. Mais c’est vrai que Manuel Valls est identifié par cet article comme le seul qui a vraiment compris le besoin de dire la vérité aux Français et ne pas faire des promesses intenables.

Et cette impression a été confirmée hier. Mon avis n’a pas changé. Quand, par exemple, il dit « ne cherchons pas forcément une excuse pour nos faiblesses, telles l’Europe ou la mondialisation, nous avons, nous les Français, besoin d’assumer nos propres erreurs »,  ce type de discours est largement absent, à gauche comme à droite. C’est un petit exemple mais la politique française a besoin de l’entendre. Valls est celui qui a le mieux débattu, et qui correspond le plus à nos idées.

Par opposition aux autres candidats ?

Non je n’ai pas dit ça. Vous avez écouté le discours de Montebourg disant « on va mettre des protections aux frontières de l’Europe… » C’est très bien, mais dans l’Europe à 27 on ne peut imposer de telles idées aux les 26 autres partenaires. Au niveau européen, on peut avoir tous les souhaits possibles, mais dans la réalité on ne peut imposer de telles protections. Les autres ont pas mal débattu, mais certaines politiques sont irréalistes, et spécialement en l’état de l’économie française et des finances publiques.

Par exemple les 300 000 emplois jeunes : la France ne peut pas se les payer. Le retour de la retraite à 60 ans n’est pas possible. Même les 60 000 enseignants que Hollande a promis ne peuvent voir le jour. Je ne dis pas qu’il raconte des histoires, mais il manque un discours de vérité sur ce qui est vraiment faisable en période de crise.

Est-ce, selon vous, de la naïveté ?

Non, c’est purement électoral. Ces gens sont intelligents, ils ne sont pas naïfs.

Toutefois regardez Manuel Valls, dans les sondages il est très bas : il est beaucoup plus facile de ne pas voir ce discours de vérité, qui n’est pas très agréable. Mais qui est la réalité.

Qui a tiré son épingle du jeu ?

J'ai été frappée par le fait qu'ils ont quand même réussi à trouver un bon équilibre entre une discussion franche et un sens d’unité quelque part, même quand ils se sont disputés c’était dans une ambiance assez conviviale. On avait l’impression d’une équipe.

Les Français sont conscients que si les socialistes sont élus l’an prochain, ils gouverneront ensemble, donc ce côté équipe n’a pas été contreproductif. Ils ont besoin de voir quand même que les socialistes sont unis quelque part. Je préfère l’idée d’une équipe qui prépare à gouverner ensemble, plutôt que des personnages tellement différents qu’on ne peut même pas les imaginer efficaces dans la même équipe.

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