Indécence et récupération disent-ils...
Crépol : tant va la cruche au déni (de la situation sécuritaire du pays) qu’à la fin elle se casse
Les médias ou encore le gouvernement n'ont cessé de noyer le poisson après le drame de Crépol.
Xavier Raufer
Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date: La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers.
En mode sarcastique, ce pastiche de l'illustre envolée de Malraux : "Entre ici, Darmanin, avec ton terrible cortège". Terrible oui, ce cortège de tous ceux qui, derrière un ministre dont l'affolement brouillon inquiète ; tentèrent quatre longs jours, de cacher le réel criminel au Français : car oui, comme l'auteur le diagnostiquait ici-même au lendemain de l'attaque, les surineurs de Crépol étaient bien une meute issue de la zone hors-contrôle de la ville voisine.
Quatre jours de médias ou magistrats asservis, noyant le poisson à qui mieux-mieux... "La violence augmente-t-telle vraiment dans les campagnes", osait même 20 Minutes en mode antifa-surmultiplié. Quatre jours de maîtres-chanteurs à la SOS-Racisme menaçant ceux qui rompraient l'omerta. Quatre jours de Mme Borne & co taxant des élus, inquiets qu'on massacre leurs compatriotes, de "récupération" et "d'agitation des peurs". Quatre jours surtout, où notre gouvernement, d'usage mollasson dans le registre régalien, s'échinait à intimer un silence absolu à la gendarmerie nationale sur l'origine des tueurs - origine bien sûr devinée d'emblée les Français, de par l'écrasante censure en vigueur.
Mais, chez ces impassibles gendarmes, couve une rage d'autant plus brûlante qu'ils viennent souvent de villages comme Crépol et que Thomas aurait pu être leur gamin. Alors, quand après quatre longs jours, l'attente de vérité devient insupportable ; quand donc sa révélation est assurée d'un effet énorme, ce que Chateaubriand nommait "l'intègre Providence" inspire quelque gendarme ; la cocotte-minute au couvercle bien vissé par Darmanin & co, explose - et la liste des assassins présumés saute à la face des Macron, Borne, Dupond-Moretti, etc. : Chaïb, Ilyas, Yassir, Nassir, Kouider, Faycal, on en passe.
M. Darmanin : à Crépol, comme lors des émeutes de l'été, où sont donc les Kévin et Mattéo ?
Mais que l'arbre de Crépol ne cache pas la forêt des souffrances éprouvée chaque jour, partout en France, par les habitants ou voisins des zones hors-contrôle, de quartiers comme celui de "La Monnaie" d'où provenait la meute homicide aillant assailli Crépol.
Ce qui suit est recueilli au plus près du terrain, le trimestre écoulé, chez des habitants de ces coupe-gorges :
- Marseille, (septembre 2023) en un lieu où vient de mourir une jeune femme, d'une balle perdue en pleine tête "Le quartier se dégrade... Il est délaissé par l'État... Il a été complètement abandonné... On ne voit jamais un policier... On est dans l'insécurité totale... [La mère de la victime] "C'est la guerre... C'est pas en Colombie, c'est en France... La préfète dit que la police resterait le temps qu'il faudrait, à 20h, ils étaient partis... Vous voyez un policier, ce matin ? Le ministre, il faudrait qu'il vienne ici pour comprendre...".
- Coupe-gorge de Pissevin, à Nîmes : (octobre 2023) Plus de médiathèque, de desserte de bus... Crèches ou accueils de loisirs en horaires réduits face à l'insécurité... "On se fait contrôler par des cagoulés en bas de notre immeuble... Les guetteurs demandent qui on appelle sur notre portable... C'est une zone de guerre... Le commissariat a disparu depuis des années...".
- Toulouse, (octobre 2023) quartier Saint-Aubin "trafic et mendicité pourrissent la vie des habitants... des individus ivres et drogués, à demi-nus, hurlent et campent devant les écoles ou sur les marches de l'église... Le centre de Toulouse n'est plus viable aujourd'hui..."
- Quartier des Quatre-Chemins (Pantin & Aubervilliers, 93 - novembre 2023) Constantes bagarres de gangs de contrebandiers en cigarettes... La pharmacie est un "hôpital de guerre"... "hurlement en arabe, coups de feu, dealers poignardés"... Par dizaines, ces trafiquants agressent les passants et les commerces locaux, dont les employés fuient ces violences "On nous a abandonnés, nous les quartiers populaires"... Pour un maire socialiste local, aux Quatre-Chemins, "l'ordre républicain n'existe pas".
Pareil, chaque jour, dans des centaines de quartiers hors-contrôle de toute la France. Parfois après quelques jours de calvaire, des cars de CRS visitent les lieux, quelques jours, quelques heures parfois - tous soigneusement filmés pour le 20 heures-télé. Furtifs, ces coups de com' du ministère de l'Intérieur sont en outre purement rétroactifs. Un drame advient ? Un ado poignardé à mort, une femme tuée d'une balle perdue ? Débarquent alors les CRS, oh, brièvement. Puis ils repartent, jusqu'au prochain cadavre.
L'imaginaire des Texans est marqué par d'ancestrales histoires de cow-boys. En pareil cas, ils usent de l'ironique formule "fermer l'écurie à clef, quand le cheval a été volé". De même, le rétroactif showbiz-CRS.
Toujours, les habitants de ces coupe-gorges sont les victimes de ces palinodies. Et les chauffeurs des transports en commun desservant ces "zones de guerre" ? "La peur au volant", d'agressions en lynchage, ils rechignent toujours plus à y venir, accentuant encore l'isolement d'habitants condamnés à subir.
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