Covid-19 : ces cas graves qu’on oublie parce qu’ils ne nécessitent pas d’hospitalisation<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
Une femme se fait contrôler la température avant sa vaccination contre le Covid-19.
Une femme se fait contrôler la température avant sa vaccination contre le Covid-19.
©JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Malades oubliés

Depuis le début de la pandémie, le débat public s’est focalisé sur le risque de débordement de notre système de soins. Alors que la vaccination réduit le nombre de cas d’hospitalisations, il ne faut pas oublier que le Covid-19 affecte aussi longuement et gravement des malades atteints de formes moins sévères.

Corinne Depagne

Corinne Depagne

La Docteure Corinne Depagne est médecin pneumologue et membre du Collectif Du Côté de la Science.

Voir la bio »

Atlantico : Le variant delta progresse et fait augmenter le nombre de cas mais en France comme ailleurs le nombre de cas graves nécessitant une hospitalisation reste faible ce qui rassure les autorités. Est-ce une stratégie raisonnable ? N'y a-t-il pas d'autres facteurs à prendre en compte pour estimer la situation épidémique, à commencer par l'incidence ?

Corinne Depagne : Si on se rappelle l’été dernier (cela serait bien qu’on n’ait pas la mémoire si courte, c’était il y a 12 mois pile), le nombre de contaminations augmentait doucement, les hospitalisations baissaient. Et puis avec un “retard” de 3-4 semaines, la deuxième vague d’hospitalisations est arrivée. Il faudrait donc, à mon sens, faire preuve d’humilité et ne pas se cacher la tête dans le sable. Même si les vaccinations protègent bien des formes graves, nous ne sommes pas tous vaccinés, loin de là. Et on ne connaît pas très bien la virulence de ce variant delta (cf ce qui s’est passé en Inde) ou de ses “petits” qui vont arriver. 

Et effectivement, le Covid représente plusieurs risques pour la santé :

-les hospitalisations pour les formes graves 

-la nécessité des déprogrammations hospitalières des autres pathologies pour accueillir ces patients

- les symptômes persistants après les formes même “légères”.

Maintenant qu’on comprend qu’on ne va pas être débarrassés tout de suite de ce virus, il faut mieux éviter qu’il se diffuse. Le nombre de contaminations a baissé, ne les laissons pas remonter.

Le nombre de nouveaux cas (l’incidence) apparaît donc un meilleur signal, une alerte pour adapter les mesures de prévention de la diffusion. Se concentrer uniquement sur les admissions à l'hôpital et les résultats de mortalité est une erreur de jugement.

À Lire Aussi

L’autre danger de la « troisième voie » française : le Covid Long frappe indépendamment de l’âge

Accepter une circulation en hausse du virus n'est-ce pas risquer de démultiplier les séquelles, Covid long ou autres, sans que celles-ci soient réellement considérées dans les conséquences de l'épidémie ?

Si on laisse le SARS COV 2 (et en particulier la souche Delta très contagieuse) se propager librement, et ce alors que la majorité de la population n’est pas vaccinée, il y aura plus d’infections. Bien sûr, la majorité sera peu ou pas symptomatique. Mais cela n’exclut pas, même en dehors des hospitalisations, la possibilité que des signes tardifs invalidants apparaissent. On ne sait pas encore très bien ce que le SARS COV 2 donnera comme complications à long terme.

Que sait-on du lien entre sévérité des cas et conséquences post infection ? Que nous disent les dernières données sur la prévalence de l'apparition de séquelles après avoir contracté le virus ?

On sait désormais que les symptômes persistants post Covid (ou « Covid long ») ne sont pas forcément corrélés à la sévérité du Covid « aigu ». Si les premières études de 2020 portaient sur des malades hospitalisés (75% de symptômes persistants à trois mois post hospitalisation), les études cliniques prospectives s’accumulent et s’accordent à montrer qu’une forme modérée peut être responsable de séquelles. A quatre mois (Jacobson et al), 67% des patients ont encore une altération de la qualité de vie et au moins un symptôme gênant (dyspnée, fatigue persistante, myalgies, céphalées...). lL britannique Office for National Statistics estime quant à lui que 13,7% des personnes qui contractent le Covid-19 continuent de présenter des symptômes pendant au moins 12 semaines

À Lire Aussi

Covid longs : vers un problème majeur de santé publique ignoré par les autorités sanitaires ?

A six mois, même si on “perd des patients” qui sont complètement remis dans les études prospectives (Augustin et al, Lancet), on décrit encore 12 à 15% de patients initialement ambulatoires qui auraient encore des symptômes invalidants. 

Sur les plus de 5 millions de personnes contaminées à ce jour en France, cela ferait quand même plus de 500 000 patients encore gênés potentiellement, et ayant besoin de recourir aux soins, ou adaptant leur vie familiale et professionnelle à un certain degré de handicap.

 Rappelons aussi que le nombre de symptômes décrits dans les suites de l’infection aiguë est considérable mais non spécifique de ce “long covid”. Il est important de rechercher la cause exacte à ceux-ci pour ne pas passer à côté d’une autre pathologie.

Quelle stratégie serait la meilleure et la plus réaliste à adopter pour protéger aussi la population des conséquences de long terme ?

Eviter les contaminations: vacciner/ dépister/ isoler pour éviter de contaminer l’entourage!

Continuer les mesures barrières!

Comme la transmission est aéroportée (« COVID IS AIRBORNE »), il faut désormais organiser notre vie sociale en fonction de cela : il faut porter les masques en lieu clos, car on a toujours des porteurs asymptomatiques contagieux. Il faut évidemment aérer, purifier l’air éventuellement si cela n’est pas possible (Purificateurs HEPA), et monitorer l’aération grâce à l’utilisation de capteurs de CO2 qui servent d’alerte visuelle: au delà d’un certain seuil (>800 ppm) l’air est potentiellement vicié par les particules de virus en suspension et il faut le renouveler !

À Lire Aussi

Covid longs : la plus large étude réalisée depuis le début de la pandémie révèle l’ampleur alarmante du problème

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !