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Couverture vaccinale : quels pays cumulent le plus de risques potentiels face à de nouvelles vagues ?
©SEBASTIEN BOZON / AFP

Des chiffres, des chiffres

Bayes Reality est Data Scientist et avec nous il crée un nouvel indice résiduel pour mieux observer l'impact de la vaccination sur le risque de décès, de réanimation et d'hospitalisation.

Bayes Reality

Bayes Reality

Bayes Reality est Data Scientist. 

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Aujourd’hui, pour comparer les couvertures vaccinales, nous regardons généralement la proportion de primo vaccinés / de complètement vaccinés. Cela donne des graphiques comme celui-ci (de l’excellent ourworldindata.org)

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Si ces graphiques permettent d’avoir une idée de la couverture vaccinale, ils représentent en réalité assez mal la couverture vaccinale sur le point le plus important : la réduction des formes graves.

En effet, celles-ci sont très fortement concentrées chez les personnes âgées. Ce tableau, avec les données de janvier avant le lancement de la vaccination en France le résume très bien.

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Les plus de 80 ans représentent seulement 6% de la population, mais 75% des décès et 50% des hospitalisations (et seulement 13% des réanimations, parce qu’ils n’y étaient pas envoyés).

Pour connaitre l’efficacité d’une campagne vaccinale contre les formes graves, connaitre le statut vaccinal de chaque tranche d’âge est donc primordial.

La vaccination des 10 à 20 ans est par exemple bien entamée en France et aura probablement un impact sur les contaminations. Cependant, son effet sur la réduction des formes graves est proche de 0. En effet, cette tranche d’âge ne représentait avant la vaccination que 0.2% des réanimations, 0.3% des hospitalisations et moins de 0.1% des décès alors qu’ils représentent plus de 10% de la population.

Un indicateur lié aux risques de formes grave

C’est pour cela que je propose un nouvel indicateur pour représenter la couverture vaccinale, basé sur la protection contre les formes graves.

Pour cela je n’utilise non pas la proportion totale de personnes vaccinées, mais celle par classe d’âge. 

Ensuite, je peux calculer la réduction de risque de décès et d’hospitalisation au niveau du pays en prenant l’efficacité du vaccin contre les formes graves. C’est le cas notamment sur un peu plus de 95% des décès les réanimations et les hospitalisations (les études anglaises sur les hospitalisations trouvent 92% pour AstraZeneca et 96% pour Pfizer).

Exemple illustratif de l’indicateur :

Donnons un exemple simple pour expliquer cet indicateur.

Considérons que le vaccin est efficace à 100% et que nous avons vacciné 100% des plus de 70 ans et 0% en dessous. 

Dans le tableau précèdent, on voit que les 70 ans représentent 89.5% des décès. Comme le vaccin est efficace à 100%, le risque de décès résiduel pour ce pays sur les décès est de 100 – 89.5 = 10.5. 

Ce pays aurait donc un indicateur de risque de décès de 10.5, ce qui veut dire que compare à un pays pas du tout vacciné (qui par construction a un risque de 100), il peut s’attendre à 10 fois moins de morts. Pour les réanimations cependant, puisque les plus de 70 ans ne représentent que 49% des réanimations, l’indicateur sera de 100 - 49 = 51, et donc la réduction des risques de réanimation ne serait que de moitié.  

Cet indicateur capture donc le risque « restant » après la vaccination. Il permet d’avoir une idée de à quoi s’attendre lors d’une vague et de bien mieux comparer l’avancée de la vaccination par pays.

L’indicateur pour certains pays :

Pour ces pays, j’ai supposé une efficacité du vaccin de 95%, en ligne avec les dernières études. Ce qui veut dire que même en vaccinant 100% de la population, l’indicateur ne pourra pas baisser en dessous de 5. 

Je n’ai aussi considéré que les personnes complétement vaccinées, parce que l’efficacité de la primo vaccination est faible avec le variant delta. 

Le tableau ci-dessous donne les résultats pour les pays étudiés (l’indicateur pour la majorité des pays européens est disponible en indexe) :

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On voit que c’est l’Espagne qui est de loin la plus protégée contre les décès et les réanimations, avec 10 fois moins de risque qu’avant la vaccination.

En effet, l’Espagne a vacciné 100% des plus de 80ans et 98% des 70-80 ans. L’Angleterre aussi a d’excellent chiffres de vaccinations chez les personnes âgées, avec 95% des plus de 70ans doublement vaccinées.

La France et les Etats-Unis n’ont en revanche divisé leur risque que par légèrement plus que 3 sur les décès et les réanimations avec pourtant des niveaux de vaccination comparables sur la population entière.

En effet avec seulement 75% des plus de 80 ans double vaccinés, les populations à risque ne sont pas bien protégées. 

S’ils devaient subir une vague similaire a celle anglaise, il est probable que les conséquences pour les hôpitaux et les décès seraient de l’ordre du double de celles observées en Angleterre.

Cet indicateur permet donc une bien meilleure compréhension de l’état de la campagne vaccinale des différents pays, parce qu’elle permet de comprendre quelle proportion des risques ont été éliminé par la vaccination.

Le prochain tableau recalcule les mêmes indicateurs mais en prenant les proportions de primo vaccinés. Cet indicateur nous donne une idée de l’état de la protection en septembre, lorsque les primo vaccinés recevront leur seconde dose :

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On peut voir que si nous nous améliorons, nous sommes encore loin des niveaux de protection de l’Angleterre par exemple.

Limitations :

Cet indicateur n’est pas parfait, en premier lieu parce qu’il ne prend pas en compte les personnes protégées par une contamination précédente.

L’Angleterre par exemple a été durement touche cet hiver, et une partie non négligeable de la population est protégée non pas grâce au vaccin, mais aussi grâce à une infection précédentes.  Il est probable que le risque de l’Angleterre est en fait encore plus bas que ce que le score laisse entendre.

D’autres limitations existent. Par exemple, j’ai supposé la même pyramide des âges pour les pays étudiés, ce qui n’est probablement pas un énorme problème pour des pays riches et âgées comme l’Europe et les USA, mais le serait si je regardais des pays d’Asie ou d’Amérique latine.

Conclusion

Malgré ses limitations, cet indicateur donne probablement une meilleure image de l’avancée des campagnes de vaccinations, d’autant plus que si le vaccin semble protéger contre les formes graves du delta, son efficacité contre les infections semble avoir diminué, peut être vers 60%, ce qui réduit l’efficacité de l’« immunité collective »  et rend d’autant plus important les protections contre les formes graves, qui elles sont toujours extrêmement fortes, comme le démontre l’exemple anglais.

Appendice :

Ce tableau donne l’indice de protection pour la majorité des pays européens. Si vous souhaitez ajoutez un pays, n’hésitez pas à m’envoyer le pourcentage de vaccination par âge sur twitter a @bayesreality, je calculerai leur indice de risque. 

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