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Coronavirus : quelques réflexions pour le jour d’après
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Quelques réflexions...

Alors que l'épidémie de coronavirus continue de se propager le temps est encore à l'unité, mais une fois la crise passée, les choses risquent bien de rester comme elles étaient.

Didier Salavert

Didier Salavert

Didier Salavert est co-fondateur du think-tank la Fondation Concorde qu'il a aujourd'hui quitté.

Vice-président et porte parole d’Alternative Libérale, il a participé à plusieurs campagnes électorales de Jacques Chirac, sans toutefois jamais adhérer au RPR.

 

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Les circonstances graves n’autorisent pas les jeux politiciens. Les enjeux de pouvoirs individuels, ou les petites rancunes, doivent laisser la place à l’urgence de mettre en œuvre tout ce qui est possible pour sortir de la crise sanitaire. Bien sûr que des erreurs ont été commises et sont, sans doute, encore commises. Mais le temps n’est pas aux procès. Il est à l’unité et au déploiement de toutes les énergies vers la recherche de solutions. Tout le reste est simplement indigne, mesquin et condamnable.

Cela étant rappelé, l’histoire montre que l’épidémie terminée, le cours du monde reprendra alors qu’il devrait y avoir un avant et un après la crise. Ce n’est donc pas faire un procès à qui que ce soit, sinon à nous-mêmes, que de réfléchir au jour d’après, et ce avant que l’insouciance des beaux jours ne revienne.

Quelques premières réflexions pour l’avenir.

D’abord, qu’il existe des domaines d’activité et de production qu’un pays développé ne saurait en aucun cas sous-traiter ou délocaliser, à commencer par la santé et l’alimentation. Ce que nous comprenons comme normal pour la défense nationale (bien qu’hélas non respecté également sur certains points), s’impose lorsqu’il s’agit de soigner ou de certains produits essentiels. Les Français viennent de découvrir avec effarement que nombre de nos médicaments et de nos équipements de production proviennent en quasi-totalité de Chine. Ceci n’est plus acceptable. C’est d’autant moins acceptable que la solidarité européenne montre ses limites. Il ne s’agit pas d’envisager un repli idéologique sur nous-mêmes ou de renier les avantages tirés de la mondialisation économique mais de bien identifier des domaines de sécurité nationale qui ne peuvent transférés hors de nos frontières.

Ensuite, notre état, si prompt à intervenir dans les moindres détails de notre organisation collective, n’est pas prêt à faire face à une situation de crise majeure et soudaine. Nous sommes en guerre, peut-être, mais nous constatons une impréparation totale et une incapacité de mobiliser nos forces économiques. Au côté du conseil scientifique, c’est un conseil industriel qui devrait réquisitionner (ou simplement organiser, car le secteur privé est prêt à le faire sans coercition) notre industrie pour produire tout l’équipement dont nous avons besoin. Il suffirait de quelques jours pour produire des centaines de respirateurs artificiels. Les bonnes volontés se sont manifestées mais il manque l’impulsion que l’on connaît en temps de guerre. Nous devons combler cette faiblesse de commandement au plus haut sommet de l’Etat.

La langue de bois est toujours de mise. Churchill n’a pas hésité à dire aux Anglais en 1940 qu’il n’avait « rien d'autre à offrir que du sang, de la peine, des larmes et de la sueur ». Le confinement va avoir un coût extraordinaire, supérieur sans doute à 100 milliards d’euros. Il ne sert à rien de le dissimuler aux Français en avançant un coût de quelques dizaines de milliards seulement. « L’Etat paiera » est une formule trompeuse. L’argent de l’Etat n’est rien d’autre que le produit du travail des citoyens. La dette, même de l’Etat, doit être remboursée et la faiblesse des taux d’intérêt n’efface pas le principal. Un homme d’Etat a le devoir supérieur de dire la vérité, protéger n’est pas mentir. Nous ne pourrons pas nous permettre de prendre nos vacances cet été comme si rien ne s’était passé. Il faudra travailler pour rattraper une partie de la production perdue et cela, sans prime. Le chômage partiel n’est pas un bénéfice pour les entreprises comme on l’entend.

Enfin, et c’est là la question la moins évoquée à ce jour : la crise sanitaire mondiale met à nu les disfonctionnements de notre système monétaire. Le coût économique de notre dépendance de la seule monnaie de réserve qu’est le dollar US, est gigantesque. La volatilité des monnaies du fait de la ruée mondiale vers le dollar US. L’assèchement des liquidités, va ruiner plus d’entreprises dans le monde que le confinement. Ceci ne doit plus durer. Le sujet est sans cesse évoqué et immédiatement oublié après chaque crise. Dès à présent, afin notamment de calmer les marchés et éviter les faillites, les grands pays doivent convoquer un nouveau Bretton Woods comme cela avait été fait dès 1944, soit avant la fin de la guerre. L’Europe qui est désunie sur le sujet, doit réagir. La France a toujours joué un rôle important dans les grandes instances financières internationales. Il est impératif de reprendre ce rôle.

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