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Coronavirus : pourquoi la plupart des entreprises risquent de se rendre compte qu’elles sont techniquement incapables d’assumer un télétravail massif
©Susanne Lindholm / SCANPIX SWEDEN / AFP

Menace pour les serveurs ?

Les entreprises françaises pourraient recourir au télétravail face au Coronavirus. Un problème majeur pourrait néanmoins se poser. Les serveurs ne semblent en effet pas adaptés pour un recours massif au télétravail. Comment expliquer cette faille ?

Gilles Babinet

Gilles Babinet

Gilles Babinet est entrepreneur, co-président du Conseil national du numérique et conseiller à l’Institut Montaigne sur les questions numériques. Son dernier ouvrage est « Refonder les politiques publiques avec le numérique » . 



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Atlantico.fr : Face à la menace du coronavirus, les entreprises françaises souhaitent désormais d’avantage se tourner vers le télétravail. Mais problème, les serveurs ne semblent pas adaptés pour un recours massif au télétravail. Comment expliquer cette faille dans une société en pleine transformation numérique ?

Gilles Babinet : Ce drame que nous rencontrons met en exergue l’obsolescence de l’organisation des entreprises traditionnelles, dont la technologie, mais aussi la culture d’entreprise est vieillissante. Sur le plan technologique, la difficulté vient de ce qu’on appelle le Legacy. Il s’agit de la vieille informatique, qui est extrèmement difficile à faire évoluer, car largement composée de Mainframes (gros ordinateurs specialisés) particulièrement difficiles à reformer. Dans le meilleur des cas, l’on parvient à extraire la données qu’ils recèlent la faire communiquer avec une autre infrastructure, plus souple, aux standards numériques. Mais dans de nombreux cas, l’accès à cette donnée est difficile, voire impossible. 

Le Legacy est donc, sur le plan technique, ce qui est en train d’empêcher la transformation digitale, car il engloutit une part significative des ressources de l’entreprise, et n’est généralement pas orienté vers les utilisateurs. Les start-up, ont l’avantage de ne pas avoir à gérer ces problématiques, ce qui leur permet d’avoir d’emblée une culture d’entreprise moderne et de pouvoir facilement basculer leurs salariés en télétravail. Cette crise du Cornovirus, ne fait que mettre en exergue que nombre d’entreprises françaises sont incapables de faire travailler leurs collaborateurs à distance. Indirectement, cela traduit aussi leur niveau de transformation digitale.  

Pourquoi y-a-til dans les entreprises françaises cette difficulté à établir une transformation numérique réelle?

C’est un problème de management avant tout. Au-delà de la technologie, il faut radicalement changer l’organisation de l’entreprise. Chaque division informatique à son système d’information et ces systèmes d’information, contrairement à ce que l’on pense, ne communiquent que très mal entre eux. Ils ont tendance à isoler les données, ce qui rend le processus de "plateformisation" extrêmement compliqué. C’est pourquoi, si l’on veut réussir à faire sa transformation numérique, il faut un top management volontariste, qui pilote lui-même cette transformation digitale. Cela implique une modification profonde de la gouvernance, qui accompagne l’évolution technologique et la plateformisation de l’entreprise. 

Quel est le véritable enjeu de la transformation numérique pour les entreprises françaises ?

Aujourd’hui, la plupart des sociétés financières sont structurées par « business units ». Or ce n’est pas de cette manière que fonctionne l’esprit du client. Les organisations modernes sont structurées autour du client. C’est un sujet capital. L’enjeu est double : il est culturel et technologique. 

Il s’agit ensuite de changer la culture verticale du management en France , le « command and control » pour intégrer des modèles plus transversaux. . 

À mes yeux, cette crise est l’opportunité de changer radicalement nos habitudes et d’accélérer cette transformation : travailler de chez soi, voyager moins … et de se rendre que compte que beaucoup d’acteurs de la transformation digitale ne le sont pas en réalité et ainsi les sur le côté de la route vers l’avenir de l’entreprise en France. 

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