Comment lutter efficacement contre la migraine<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
Comment lutter efficacement contre la migraine
©

Remèdes

Les avancées sur la découverte des origines de la migraine ouvrent des perspectives pour lutter contre cette pathologie courante et handicapante.

Michel Dib

Michel Dib

Michel Dib est neurologue à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière depuis plus de vingt ans. Membre de la Société Française de Neurologie, il est auteur de plusieurs ouvrages scientifiques et destinés au grand public, notamment Apprivoiser la migraine aux Editions du Huitième Jour.

Voir la bio »

Atlantico : Des chercheurs américains viennent de découvrir une cause biologique à la migraine, qui serait un gène du nom de CKI delta. Que change cette découverte ? En quoi pourrait-elle changer l'approche thérapeutique ?

Michel Dib : Il s’agit du premier gène dont la mutation est fortement liée à la forme la plus fréquente de la migraine : la migraine commune. elle est le résultat d’une étude large génétique menée sur des formes familiales de migraine. Les auteurs de l'étude ont constaté que ce gène contrôlait la production d'une protéine appelée kinase CK2, qui joue un rôle important dans nombre de fonctions vitales du cerveau. Néanmoins, ce gène n'est pas le seul à être impliqué dans la migraine

L’importance de cette découverte est de permettre une meilleure compréhension de cette pathologie, en effet ce gène contrôle les canaux ioniques calciques, la dépression corticale, et les mouvements des parois vasculaires impliqués dans la migraine. Elle ouvre aussi la possibilité de comprendre les liens entre migraine et sommeil.

La migraine est une véritable pathologie. Quelles en sont les manifestations ?

La migraine est la pathologie neurologique la plus fréquente. Son diagnostic est simple, il s’agit  d’une céphalée pulsatile paroxystique - mal de tête avec une douleur permanente, comme une pulsation - souvent unilatérale, accompagnée de nausées, vomissements, photophobie - crainte de la lumière - ou phonophobie - crainte du bruit.

Pathologie invalidante, elle entraîne  un handicap important, qui peut s’aggraver avec le temps, surtout, si sa prise en charge a été insuffisante, et le fonctionnement global du patient peut en être impacté.

Combien de personnes en souffrent et comment peut-on la différencier d'un mal de tête anodin ? 

Près d’1 patient sur 5 souffre de migraine dans la population générale, parmi eux 60 à 70% ne consultent pas leurs médecins pour leur maladie et s’automédiquent. Près de 1 migraineux sur 2 a plus d’une crise migraineuse par mois, et 1 sur 6 en a une par semaine ; 3 migraineux sur 4 souffrent de douleurs qu’ils qualifient de "fortes" ou "très fortes". Et enfin 77% de ces douleurs durent plus de 12h et 41% durent plus de 24h. 4 migraineux sur 5 pensent que leur maladie représente un handicap, dont le tiers le juge sévère. Dans la grande majorité des cas,ils utilisent des traitements non spécifiques (antalgiques…) et ne sont soulagés que dans un cas sur deux. 

Quels sont les traitements qui existent à l'heure actuelle et pour quels résultats ? 

Dans la migraine, il existe trois niveaux de prise en charge.

Le premier  est celui de la crise : Il existe trois classes de traitement de la crise :

1- Les antalgiques simples (paracétamol) : ils ont une efficacité sur les crises légères à modérées, les opiacés ne sont pas recommandées systématiquement pour éviter l’abus médicamenteux

2- Les anti-inflammatoires (AINS) : ont une double efficacité antalgique et anti-inflammatoire, spécialement intéressante dans cette pathologie

3- les vasoconstricteurs : 

- Anciens et généralisés : Dérivés de l’ergot de seigle : efficaces avec des effets indésirables fréquents, un potentiel de dépendance  pas négligeable, et un rapport efficacité tolérance inférieur à celui des triptans.

- Récents et sélectifs : les triptans : leur arrivée a bouleversé la prise en charge de la migraine,  en apportant un traitement de la crise plus efficace, Ils ont pris une place importante notamment pour les patients non soulagés par les antalgiques simples ou les AINS (recommandations  de l’Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé ANAES  2002)

Le deuxième niveau repose sur la prévention, qui consiste à éviter les facteurs déclenchant la crise 

Enfin, le troisième niveau est le traitement préventif dit de fond, il peut être envisagé selon les recommandations de l’ANAES, dès que le patient consomme un traitement de crise depuis plus de six mois avec 6 à 8 prises mensuelles de crise,  et ce pendant plus de 3 mois.

Latenue d’un agenda de crises est un élément indispensable pour apprécier l’efficacité du traitement : y sont précisés par le patient la date de survenue de crise, la durée, l’intensité de la douleur, les facteurs déclenchant et les médicaments utilisés. Le traitement doit être suivi en cure de six à dix huit mois avec une première évaluation au bout de 2 à 3 mois, 

Il est important d’expliquer aux patients la nécessité parfois d’essayer plusieurs traitements de fond avant de trouver celui qui lui conviendrait, étant donné les mécanismes d’action différents de ces médicaments.

Les différentes classes de traitements de fond 

Des Bêtabloquants, des molécules anti-sérotoninergiques, des  antidépresseurs tricycliques, des Inhibiteurs calciques, et des anti- épileptiques. 

On sait aujourd’hui qu’un migraineux sur 5 (2-4 % de la population générale) est exposé au moins une fois dans sa vie à un risque d’abus d’antalgiques, notamment pendant les périodes de stress intense, fatigue, ou troubles. Par la suite, un suivi rapproché neurologique, et une prise en charge spécialisée devraient diminuer le taux de récidive .

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !