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Comment l’histoire du "néo-terrorisme" rejoint celle du "néo-banditisme" des cités
©Reuters

Bonnes feuilles

Qu’est-ce qu’une bande de rue ? Comment fonctionne-t-elle ? Pourquoi une telle violence, conduisant au rétablissement de la peine de mort, à titre privé ? D’où viennent ces nouvelles formes de banditisme et de terrorisme, au cœur de nos sociétés ? Comment faire face ? Extrait de "Bandes : dérive criminelle et terrorisme", de Abdelfettah Kabssi et Julien Dufour, publié chez MA Editions (2/2).

Abdelfettah  Kabssi

Abdelfettah Kabssi

Capitaine de Police. Ayant servi en police judiciaire puis au sein de commissariats de secteurs sensibles, il a été en charge de la cellule de suivi du plan de lutte anti-bandes de la Préfecture de Police. Il exerce aujourd’hui en service spécialisé.
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Julien  Dufour

Julien Dufour

Julien Dufour est Commissaire de Police, criminologue. Après plusieurs années de service en Seine-Saint-Denis, il a été chargé du Plan de lutte anti-bandes de la Préfecture de Police de Paris. Il exerce aujourd’hui comme conseiller à la sécurité des transports à la Direction générale de la police nationale.
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« L’attentat, les actes de ces derniers jours, montrent à tous de la manière la plus violente qui soit (que) depuis des mois, (…) nous répétons que la France n’a jamais été confrontée à un tel défi. J’avais parlé (...) des ennemis de l’extérieur. Et des ennemis de l’intérieur. » 

L’histoire du « néo-terrorisme » rejoint celle du « néo-banditisme » des cités. Elle est l’oeuvre de jeunes hommes et de jeunes femmes ayant grandi dans le même environnement, mais ayant choisi à un moment de basculer dans la voie du fanatisme. Elle mêle à ce rapport débridé à la violence l’engagement de jeunes malfaiteurs un peu paumés, voyant dans l’action armée une exaltation, un rôle à jouer que ne leur confère pas la société. La guerre sainte devient alors une raison de vivre, au même titre que peut l’être la quête de l’argent et du pouvoir engendrée notamment par le trafic de drogues. 

De « l’hyperterrorisme » au « fou solitaire » 

Le terrorisme évolue continuellement. Les formes qu’il emprunte – qui autoriseraient à parler des terrorismes – sont le reflet d’un contexte historique, géopolitique, mais également national. Le terrorisme d’Etat caractérisait l’époque de la guerre froide. Il a laissé place à un « hyperterrorisme», dont le paroxysme a été atteint aux Etats-Unis le 11 septembre 2001. Ces évènements étaient exogènes au territoire visé : ils étaient l’oeuvre d’auteurs provenant ou commandités de l’extérieur – de l’étranger. Depuis, la génération montante des acteurs de la terreur se caractérise à l’inverse : elle est l’oeuvre de natifs du pays ciblé. Les actes sont conceptualisés et planifiés par des citoyens attaquant leur propre nation, leur propre pays de résidence. La menace est endogène et commune aux démocraties occidentales, dont les vulnérabilités naturelles ne sont que plus grandes : États-Unis, Canada, Australie, Israël, Royaume-Uni, Belgique, France… L’ennemi est intérieur et les actes qu’il commet, qualifiés à juste titre de terroristes, prennent la forme de « micro-attentats ».

Ce terrorisme d’un genre nouveau place en effet au premier rang des individus issus du milieu délinquant et en ayant intégré les codes, mais s’engageant dans des actes visant à semer la terreur. Une hybridation naît avec le monde de la criminalité, entre des opérateurs mi-gangsters, mi-terroristes. Le nom de cette réalité contemporaine s’est imposé naturellement : le « gangsterrorisme». Le premiers signaux faibles de cette tendance se sont fait jour en France dès 1995, avec les actions du groupe de Khaled Kelkal, principal responsable de la vague d’attentats qui a frappé le pays, et l’année suivante avec le gang dit « de Roubaix » - du nom de la ville du Nord dans lequel celui-ci avait sa base. 

Extrait de "Bandes : dérive criminelle et terrorisme", de Abdelfettah Kabssi et Julien Dufour, publié chez MA Editions, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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