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Comment créer une Europe sans guerre alors que le monde qui nous entoure est dangereusement instable et menaçant
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Bonnes feuilles

Les Européens sont en proie à la division. Un Nord rigoureux sur les dépenses contre un Sud désireux d'abandonner l'austérité. Un Ouest luttant contre le dumping social contre un Est cherchant à profiter d'un faible coût du travail. Partout, les partis populistes font campagne pour quitter une Union européenne considérée comme une nouvelle Union soviétique imposant des diktats sur l'accueil des migrants. Et le Brexit s'est produit en juin 2016. Il faut redonner une souveraineté au peuple français. Extrait de "Faites l'Europe pas la guerre", de Jean-Luc Sauron, aux éditions Lextenso 1/2

Jean-Luc Sauron

Jean-Luc Sauron

Jean-Luc Sauron est haut fonctionnaire en charge d’affaires européennes. 

Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur le droit de l’Union et le droit de la Convention Edh, parmi lesquels récemment Les droits protégés par la Convention européenne des droits de l’homme (en collaboration avec Maître Aude Chartier, éditions Gualino-Lextenso, mai 2014) ; Comprendre l’Union européenne (coordination et participation à l’ouvrage, collection "Fac" à la Documentation française, 2ème édition, mai 2016); Procédures devant les juridictions de l’Union européenne et devant la CEDH (éditions Gualino-Lextenso, 4ème édition, mai 2016) ; Gouverner la zone euro après la crise : une exigence d’intégration (co-auteurs Frédéric Allemand et Mathieu Bion, préface du commissaire Pierre Moscovici, éditions Gualino-Lextenso, mai 2016).

Il publiera le 25 octobre 2016 un essai Faites l’Europe, pas la guerre (éditions Lextenso).

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Un accord international entre les 27 États membres et un État tiers ne peut ni bénéficier à la seule UE, ni être signé au profit de la totalité des différents secteurs économiques de chacun des 27 États membres. Il faut bien un arbitrage entre les perdants d’un côté et les gagnants de l’autre. C’est la Commission européenne qui le réalise et l’assume sous le contrôle des 27 États membres. Il serait impossible, même pour la France ou l’Allemagne, d’obtenir d’aussi bonnes conditions que celles obtenues par la Commission européenne se prévalant du poids économique des 27. Les Britanniques pensent obtenir, tout seuls, des conditions économiques satisfaisantes dans les accords qu’ils vont devoir négocier avec les autres États tiers à l’Europe. Affirmation de campagne référendaire ! Hors de l’Union européenne, un État pèse son poids économique, démographique et militaire.

La défiance, qui se répand dans les opinions publiques nationales sur l’honnêteté de la Commission européenne lors des négociations internationales, n’est qu’une balle supplé- mentaire que les Européens se tirent dans le pied. Toutefois, certaines critiques doivent être entendues selon lesquelles la Commission européenne réagit de manière par trop institutionnelle et bureaucratique dans les négociations commerciales, pour affirmer sa compétence exclusive. Une expertise commune aux États et aux institutions de l’Union pourrait être faite sur les modalités utilisées en cette matière. Des réformes des procédures de négociation de l’Union européenne pourraient être envisagées.

Les classes politiques nationales feraient bien d’arrêter de "refiler" le mistigri de la crise à Bruxelles. À force, cette (im)posture politique conduira à multiplier les crises démocratiques nationales et aboutira à fragiliser ou à détruire le bouclier collectif de l’Europe à 27.

Notre mode de vie (accès de tous à la santé, la culture, l’éducation, la sécurité quotidienne, la liberté de ses choix religieux ou de son orientation sexuelle) garde sa spécificité dans le monde. Ce n’est pas en s’enfermant dans le cadre national que les Européens trouveront les moyens de le sauvegarder. Parmi ces spécificités européennes, il y a le fait de confier à des juridictions supranationales européennes (Cour européenne des droits de l’Homme de Strasbourg et Cour de justice de l’Union européenne de Luxembourg) le soin d’être garant du plein respect de principes ambitieux, principes auxquelles chacun des 27 États membres a souscrit volontairement. Soutenir que nos démocraties auraient atteint un tel niveau de développement des droits sans ces deux cours et leurs jurisprudences est un mensonge. Chaque juge national sait combien le délibéré enrichit son jugement. Le "délibéré" entre juridictions nationales et européennes affine l’expression des valeurs portées par nos sociétés. Combien d’êtres humains, par le monde, aimeraient pouvoir bénéficier de l’État de droit qui règne au travers de notre Europe ! Ensemble, les Européens protégeront leur civilisation qui, comme nous le verrons plus loin, en vaut la peine. Le seul cadre national épuise rapidement le "stock de neurones". Mais cette défense a un coût qui doit être identifié, débattu et décidé entre ceux qui veulent maintenir une certaine vision de l’Homme.

Enfin, la démocratie parlementaire – la démocratie repré- sentative – est un trésor qu’il faut conforter et défendre. Elle a trouvé ses premières expressions en Europe, d’abord au Royaume-Uni, puis après dans les autres États, avant de s’exporter dans ce qui allaient devenir les États-Unis. Les populistes en Europe la trouvent inadaptée aux contraintes de la mondialisation, à la technicité des questions à traiter, trop lente à prendre des décisions s’appliquant à des flux financiers ultra-rapides. Les premières attaques ont été exprimées lors de la crise de la zone euro. Pour contrer les mouvements spéculatifs, il fallait, selon eux, être capable de prendre des décisions politiques au même rythme et jeter par la fenêtre les délais nécessaires du débat démocratique. Plus récemment, les attentats qui ont frappé l’Europe poussent certains politiques à modifier les constitutions pour pouvoir, temporairement disent-ils, mettre entre parenthèses l’État de droit et engager des mesures liberticides d’exception. Dans la foulée, les mêmes demandent de se désengager de la Convention européenne des droits de l’homme et de ne plus appliquer la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’Homme.

Extrait de "Faites l'Europe pas la guerre", de Jean-Luc Sauron, publié aux éditions Lextenso, le 25 octobre 2016. Pour acheter ce livre, cliquez ici

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