Coéducation parents-enseignants : de quel mal la nouvelle lubie de Najat Vallaud-Belkacem est-elle le symptôme ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Najat Vallaud-Belkacem veut reconnaitre une place privilégiée des parents au sein de l'école de leurs enfants.
Najat Vallaud-Belkacem veut reconnaitre une place privilégiée des parents au sein de l'école de leurs enfants.
©Reuters

Quel climat scolaire ?

Najat Vallaud-Belkacem a "ouvert les portes du ministère" de l'Éducation lundi 15 septembre à des parents d'élèves pour un premier "café des parents" ; alors qu'on assiste à une disqualification des compétences parentales, et une remise en cause des compétences professionnelles des enseignants, le gouvernement souhaite néanmoins reconnaître une place privilégiée des parents au sein de l'école de leurs enfants.

Anna Topaloff

Anna Topaloff

Anna Topaloff est journaliste à Marianne, rédactrice en chef du service culture. Depuis plusieurs années, elle se consacre aux questions d'éducation et est l'auteur du livre" La tyrannie des parents" aux Editions Fayard paru le 27 août 2014.

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Atlantico : Najat Vallaud-Belkacem a "ouvert les portes du ministère" de l'Éducation lundi 15 septembre à des parents d'élèves pour un premier "café des parents", assurant vouloir "reconnaître une place pour les parents à l'école". Pourquoi ce lien avec les familles est-il accentué ? Quelle en est la source ?

Anna Topaloff : Ce lien avec les familles s'est accentué ces dernières années sous la pression des associations de parents d'élèves et, aussi, de la communauté des parents d'élèves. L'école est en crise, elle ne remplit plus sa mission (ses diplômes, dévalorisés, ne permettent plus aux élèves de s'insérer sur le marché du travail), alors les familles demandent des comptes à l'école. On peut le comprendre, leurs inquiétudes sont légitimes mais leurs demandes sont très contradictoires. Certains veulent plus de Français, d'autres plus d'Anglais,  plus de sports et enfin plus de latin. C'est bien là le problème : l'école a des difficultés à apporter des réponses à ses demandes contradictoires sans renier son principe fondateur, l'égalité de tous devant le service public.

L'enfant est au croisement de plusieurs modèles éducatifs (familiaux et professionnels  en particulier) qui peuvent paraître incompatibles ou complémentaires, qu'en est-il réellement ?

Régulièrement, les valeurs de l'école républicaine entre en contradictions avec les valeurs des familles. C'est inévitable. L'enseignement de la théorie de Darwin froisse les croyants, par exemple. De plus en plus, ces familles font part à l'école de leur désapprobation, en refusant d'envoyer leurs enfants à l'école ce jour-là, par exemple, ou en les encourageant à rendre copie blanche au contrôle. C'est un problème. L'école de la république est laïque et s'est fondée sur l'idée d'un vivre-ensemble. Les convictions personnelles de chacun ne peuvent entraver le bon fonctionnement de l'école. Je crois que l'école devrait se montrer plus ferme face à ces revendications et continuer, envers et contre tous, à enseigner les savoirs fondamentaux pour remplir sa mission : aider les jeunes générations à devenir des adultes pensants.

Beaucoup d'associations parentales affirment que ce processus est bénéfique pour l'enfant, est-ce réellement un facteur de socialisation, de réussite des élèves ?

Ce qui est réellement bénéfique pour un élève, c'est de sentir que ses parents font confiance à l'école. On a parfaitement le droit de penser que tel ou tel enseignant est incompétent (bien sûr, ça arrive !) mais l'exprimer devant son enfant lui porte préjudice car cela rompt le lien de confiance qu'il a, lui, avec son enseignant et qui est la condition indispensable à la transmission du savoir.

Comment les parents participent à ce processus de coéducation ?

De plus en plus, les parents sont sollicités pour donner leur avis sur telle ou telle décision prise par l'école. Est-ce leur rôle ? Je n'en suis pas sûr. Après tout, quelle légitimité avons-nous pour juger de la qualité d'un manuel scolaire ?

Se sentent-ils plus valorisés et plus utiles ?

Les familles apprécient d'être sollicitées par l'école. Cela leur donne l'impression d'être de "bons parents". Dans une société où les conditions de travail se sont durcis, nous avons moins de temps à consacrer à nos enfants alors taper à la porte de l'école permet de nous prouver à nous-mêmes que nous sommes de bons parents.

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