Christian Vanneste, nouveau président de La Droite libre : "L’alliance de fait entre les Républicains et les socialistes est une trahison de l’électeur"<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Christian Vanneste, nouveau président de La Droite libre :  "L’alliance de fait entre les Républicains et les socialistes est une trahison de l’électeur"
©Reuters

Entretien politique

La Droite libre, laboratoire d'idées conservateur et libéral, a annoncé dans un communiqué de presse l'élection de l'ex-député UMP Christian Vanneste. Le parti y appelle également "à faire systématiquement battre la gauche" lors des élections régionales, s'opposant au front républicain. Entretien avec son nouveau président.

Christian  Vanneste

Christian Vanneste

Christian Vanneste est ancien député RPR puis UMP, honoraire maintenant après 3 mandats, Président du Rassemblement Pour La France (RPF) et de La Droite Libre, Président d'honneur de Famille et Liberté, auteur de Pour Une France Libérée (Tatamis) et de M... Au Lobby Gay (Mordicus)

 
Voir la bio »

Atlantico : Dans votre communiqué vous appelez à une "refondation radicale de la droite française autour de ses multiples composantes, sans aucune exclusive préalable" et vous vous élevez contre le front républicain. Prônez-vous une alliance des droites avec le FN ? Si oui pourquoi ?

Christian Vanneste : Personnellement j'ai toujours souhaité qu'il y ait des rapprochements entre la droite dite modérée, c'est-à-dire l'UMP et maintenant les Républicains, et le Front national. Je pense qu'il y a plus d'idées partagées entre ces deux partis politiques, notamment sur la défense de la nation ou de la sécurité, qu'avec le Parti socialiste. Je trouve par ailleurs que l'alliance paradoxale, et de fait, entre les Républicains et les socialistes est une véritable honte. C'est une trahison de la pensée et une trahison des électeurs. Ils n'ont rien en commun, si ce n'est une hostilité affichée au Front national. Il faut pourtant quand même remarquer que ce parti a beaucoup évolué, et pas toujours en bien d'ailleurs si l'on regarde notamment le volet économique de leur programme. Toujours est-il que l'alliance entre cette droite et le Parti socialiste est absolument contre-nature, tandis que, notamment pour gouverner le pays, une entente entre les Républicains et le Front national serait tout à fait possible.

Pourquoi prendre cette position maintenant, dans l’entre-deux-tours de ces élections ? N’est-ce pas un peu tôt ?

En ce qui me concerne j'ai toujours eu cette idée. Je la défends depuis plusieurs années. J'avais pris l'exemple italien : Berlusconi a gagné les élections en s'alliant avec la Ligue du Nord et avec l'Alliance nationale au Sud. Cela lui a permis de gouverner l'Italie, des régions et un certain nombre de municipalités pendant des années. Cela n'a pas posé de problème. Ce qui me choque moi, c'est la contradiction qu'il y a entre le mode de scrutin choisi et imposé par le Parti socialiste, et ce qu'ils en font. Ils choisissent la proportionnelle avec une prime majoritaire, c'est à dire qu'ils choisissent une forme de scrutin où tout le monde est représenté avec une prime pour celui qui arrive en tête. Et patatra ! Ils se rendent compte que le Front national va gagner deux régions. A ce moment-là, ils transforment la proportionnelle avec prime en un duo de type majoritaire comme la présidentielle. C'est absolument scandaleux car c'est mépriser les électeurs et leurs propres militants. C'est surtout tromper la logique politique parce qu'encore une fois, ils n'ont rien en commun avec les Républicains. Ils auraient tout simplement dû, au moins dans les deux régions où le Front national est en tête, laisser les électeurs décider. Surtout que, sur le plan national, le Front national ne menace absolument rien de fondamental : ils n'ont pas les moyens de fermer les frontières, ni de changer le régime économique, etc.

C'est au contraire un laboratoire pour voir de quoi ils sont capables. Il se trouve que si vous regardez les résultats électoraux des régionales dans les communes qui sont dirigées par le Front national, ils sont très bons. Ce qui prouve que manifestement les électeurs n'ont pas un jugement négatif sur la gestion du Front national. Il faudrait être plus respectueux des électeurs et de la clarté de la vie politique. C'est de cela dont la France a besoin.

Nous, nous sommes libéraux et conservateurs. Être conservateur cela veut dire que nous tenons à certaines valeurs et à certaines traditions que les socialistes détruisent systématiquement. Donc nous ne ferons jamais alliance avec eux. Mais nous sommes aussi libéraux donc nous souhaitons que la démocratie fonctionne de manière claire et limpide. Nous sommes par exemple partisans du référendum d'initiative populaire. Or malheureusement le monde politique va exactement en sens inverse : les partis politiques s'entendent pour garder le pouvoir sans tenir compte même des idées qui devraient théoriquement les gouverner. C'est insupportable.

Qu'espérez-vous obtenir en faisant ces déclarations dans l'entre-deux-tours ?

Nous sommes arrivés à un niveau de confusion absolument insupportable et indigne d'une grande démocratie. On ne peut pas marier des gens qui n'ont rien en commun. Élire des gens avec les voix de personnes qui ne les soutiennent pas du tout sur le plan des idées, qui votent pour contrer une liste concurrente. Cela c'est la logique majoritaire, qui ne correspond pas à la logique proportionnelle.

Vous adressez-vous aux socialistes ou à la droite ?

Aux deux ! Notre principe est très clair.

Tout d'abord nous nous adressons aux socialistes en leur disant : « vous ne devez pas accepter qu'on vous roule dans la farine de cette façon. Vous ne devez pas accepter de vous faire manipuler de cette façon-là par des apparatchiks qui se prélassent grâce aux prébendes de la République. » C'est complètement indigne. Le seul qui est correct c'est Jean-Pierre Masseret. Il a le droit d'aller au second tour, il a ses idées, il y va. Je trouve cela honteux que Manuel Valls l'attaque comme il le fait.

Nous nous adressons évidemment aussi aux Républicains, d'une façon plus profonde car évidemment nous sommes plus proches d'eux. Ce que nous déplorons c'est que le parti des Républicains – que j'ai bien connu puisque j'ai été député UMP pendant longtemps – c'était l'alliance de quatre partis : les démocrates-chrétiens, les libéraux, les gaullistes et les radicaux. Les trois premiers partis avaient des idées qui leurs étaient propres (les radicaux n'ayant jamais eu beaucoup d'idées...). Or ces trois partis ont passé leur temps à gommer ce qui faisait leur identité ! Les gaullistes ne sont plus gaullistes – et ceux qui prétendent le contraire tout en étant pour l'OTAN ou pro-européens me font rire - les libéraux ne le sont pas tant que ça – leur seule maigre victoire a été le statut d'auto-entrepreneur - et enfin en ce qui concerne les démocrates-chrétiens, quand on voit le nombre de gens aux Républicains qui défendent des idées sociétales qui ne sont pas du tout conformes à la conception chrétienne de la société...

Donc ce que nous voulons c'est que la droite retrouve ses valeurs. Ses valeurs ce sont le libéralisme économique, la décentralisation, un État régalien fort, l'expression de la volonté populaire, la liberté d'expression, etc. Que des idées que l'UMP-Républicains a complètement abandonné. Quand au Front national, il y aurait beaucoup à dire sur sa politique économique ce qui est un autre problème. Ce que nous voulons, c'est recentrer la droite, non pas au centre, mais sur ses idées, celles qui font que la droite est la droite dans tous les pays du monde.

Vous appelez à faire battre la gauche systématiquement. Que doivent faire les électeurs de droite selon vous, quand le FN, les Républicains et le PS sont tous les trois au second tour ?

Je pense que les choses sont simples : je l'ai d'ailleurs exprimé dans un autre communiqué qu'en tant que président du RPF. Il faut voter pour le candidat de droite qui est arrivé en tête au premier tour.

Appelez-vous donc à voter Marion Maréchal-Le Pen plutôt que Christian Estrosi dans le Sud, et Marine Le Pen plutôt que Xavier Bertrand dans le Nord ?

Bien sûr ! C'est clair.

Concernant Marion Maréchal-Le Pen, il faut dire qu'en plus, elle défend exactement nos idées. Dans le cas de M. Philippot par exemple, nous sommes plus réticents... Son passé de chevénementiste le rend assez enclin au jacobinisme et à une certaine forme de socialisme. Mais dans la région PACA, je pense que la candidate Front national défend nos idées sur pratiquement toutes les questions, qu'elles soient sociales, sociétales ou économiques. En comparaison, M. Estrosi - que j'ai bien connu puisque j'ai longtemps siégé avec lui - je serais bien incapable de vous dire quelles sont ses idées. Je pense qu'il a les idées qu'il faut au moment qu'il pense, que c'est opportun pour se faire élire. C'est d'ailleurs assez typique de ce qu'est devenu la droite.

Comment comptez-vous défendre cette vision de la droite dans le débat public maintenant que vous êtes président de la Droite libre ?

La Droite libre n'est pas un parti politique, c'est un laboratoire d'idées. Notre combat va donc se mener principalement à partir de réunions, d'informations, de recherches, notamment auprès de personnes qui peuvent servir à l'éclairage de la pensée à droite. Car ce qui est dramatique c'est l'espèce d'obscurité dans laquelle sont plongés les gens de droite. Ils sont tellement en train d'essayer de passer d'un siège à l'autre qu'ils ne réfléchissent plus et ne travaillent plus. Je me suis par exemple un jour retrouvé chez Valérie Pécresse au Ministère de la Recherche : elle a trouvé le moyen d'inviter, pour nous éclairer, le président d'une association communautariste, le CRAN (NDLR : le Conseil représentatif des associations noires de France). Je suis tombé par terre... Mais la raison à cela est simple : elle n'a pas d'idées, elle s'en fiche. Elle prend le premier qui passe, parce qu'on parle de lui dans la presse.

Nous au contraire, nous voulons servir d'éclairage avec une orientation claire. C'est à dire ce qui va approfondir les idées de droite, conservatrices et libérales. Sur la famille, sur l'identité nationale, sur le référendum d'initiative populaire, sur la véritable décentralisation, sur la suppression des départements, etc. C'est tout une série d'études que nous allons faire en jetant un coup de projecteur en nous aidant notamment d'un certain nombre de personnalités. Nous voulons redonner des idées à une droite qui les a complètement perdues à force de devenir une machine électorale sans âme.

On se souvient qu'ils disaient "si on s'allie avec le Front national on va perdre notre âme"... Pourtant on se demande ce qu'elle est devenue leur âme. Ils ne savent plus du tout ce qu'ils pensent. Estrosi était gaulliste au lendemain des résultats navrants du premier tour, maintenant il donne un grand coup de barre à gauche car il a besoin que les gens de gauche votent pour lui. C'est lamentable. C'est typique de ce "vieux caméléon niçois".

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !