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Chère Sophie de Menthon...
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Ping-pong

Notre contributeur Jacques de Guillebon a lu l'article de Sophie de Menthon publié sur Atlantico : "Le Prix du patron". Il a tenu à lui répondre.

Pendant  que Sophie de Menthon défend des patrons qu’elle fait semblant de croire malheureux sous les assauts supposés de la vindicte populaire - et qu’elle détourne par là son lecteur du véritable problème économique contemporain - Marianne 2 s’est procurée une note confidentielle de Bercydétaillant les revenus des plus riches contribuables de France.

Il ressort entre autres choses du travail des agents du fisc - et cela n’étonnera que les bienheureux - que non seulement les revenus du travail sont largement plus taxés en France que les revenus du capital, mais qu’encore ceux-ci ne sont plus depuis longtemps constitués sur l’antique propriété foncière ou immobilière : "les 100 plus gros patrimoines taxés à l’ISF gagnent beaucoup moins que les 100 plus gros contribuables", note ainsi le site de Marianne, poursuivant avec cette remarque qui constitue une maxime imparable pour notre temps : "la spéculation enrichit plus que la propriété".

La propriété en question

Encore faut-il, pour affirmer cela, se plier au sophisme contemporain qui veut que le jeu de ces valeurs mobilières qu’on achète et qu’on revend ne constitue pas une propriété. Au sens moral, cela n’en constitue certes pas, et c’est même le signe de la mort de l’usage sain de la propriété, celui qui ancrant un individu dans un lieu, un temps et des relations sociales lui aurait permis de faire bénéficier ceux-ci de son capital. C’est ainsi, en tout cas, que le libéralisme avait toujours vanté son propre fonctionnement. Pourtant au sens technique, cette spéculation est devenue la condition sine qua non d’accès à la propriété.

On voit bien aujourd’hui, plus que jamais, en quoi les présupposés de cette philosophie sont non seulement moralement détestables, mais économiquement critiquables. "Le problème du capitalisme, ce n’est pas qu’il y ait trop de capitalistes, c’est qu’il n’y en a pas assez" : le jugement d’apparence paradoxale de Chesterton, prononcé il y a cent ans, n’a toujours pas trouvé l’écho qu’il méritait dans les consciences ou dans le fonctionnement économique de notre monde.

Réformer la fiscalité

Alors que la seule entreprise vivante de ce néo-néo-libéralisme, c’est la spéculation, Mme de Menthon se demande pourquoi les petits entrepreneurs d’aujourd’hui gagnent peu, malgré la sueur de leur front. La concentration de l’argent qui n’est même plus un capital puisqu’il n’a plus d’autre utilité que de se reproduire lui-même, sa concentration en très peu de mains est telle qu’il est injurieux pour l’intelligence de ne pas comprendre pourquoi qui travaille ne se voit pas justement récompensé. La principale économie de ce monde est la production d’argent par l’argent, et c’est elle la moins taxée.

Mais la question n’est pas seulement de réformer la fiscalité, elle est de trouver le moyen de redistribuer vraiment le fruit de cet impôt, redistribution qui ne devra définitivement plus se fragmenter en aides à la consommation, laquelle ramène l’argent immédiatement entre les mains des propriétaires du faux capital, mais se décliner en voies d’accès à la possession des moyens de production. Cela ne demande certes pas une mini-révolte à la mode des réformistes du Parti socialiste. Juste une révolution.

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