Cette nouvelle théorie qui explique pourquoi nous manquons plus de sommeil que nos ancêtres… qui ne dormaient pourtant pas plus que nous<!-- --> | Atlantico.fr
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La lumière électrique peut retarder et même troubler notre cycle nocturne.
La lumière électrique peut retarder et même troubler notre cycle nocturne.
©Reuters

Mécanisme

La lumière électrique peut retarder et même troubler notre cycle nocturne, ce qui n'est assurément pas le cas de la lumière dégagée par un feu de bois ou par tout autre type de flamme.

Selon plusieurs spécialistes et organisations sanitaires mondiales, le manque de sommeil constitue depuis trop longtemps déjà un sérieux problème de santé publique, notamment car il peut engendrer des situations dangereuses telles que des accidents de la route et des conséquences néfastes pour l'organisme sur le long terme, comme le diabète. Ce phénomène plus communément appelé la privation de sommeil est souvent imputé à des activités incessantes et à un mode de vie débordé, qui mène souvent malgré eux les individus à être connectés 24 heures sur 24. 

Mais d'après une récente étude américaine, il n'est pas certain que nous manquions vraiment de sommeil, mais plutôt de bon sommeil. Une équipe de chercheurs dirigée par le Professeur Siegel à l'Université américaine d'UCLA, s'est intéressé au mode de vie de trois sociétés préindustrielles, deux en Afrique et une en Amérique du Sud. Les chercheurs ont mené leurs travaux avec une conviction bien précise en guise de fil rouge. Pour savoir si les habitudes de sommeil dans les pays industrialisés sont vraiment mauvaises, il faut avant tout les comparer à celles des quelques sociétés marginales qui vivent encore sans électricité sur notre planète.  

Les chercheurs sont arrivés à la conclusion qu'un individu passe en moyenne entre 7 et 8 heures à essayer de s'endormir chaque nuit. Sur toute cette période, seulement 5 à 7 heures ont été identifiées comme un temps de sommeil réel. Il s'agit en tout cas du sentiment que partagent de nombreuses personnes en Europe et aux Etats-Unis, ce qui est considéré comme un temps sommeil insuffisant pour une santé optimale. Cependant, l'un des enseignements les plus importants de cette nouvelle étude s'intéresse à autre chose que la simple quantité de sommeil : les habitants des sociétés préindustrielles passent beaucoup plus de temps dans l'obscurité que ceux vivant dans un monde industrialisé. Le problème du manque de sommeil pourrait donc résider ailleurs.

Selon les résultats de cette étude, les habitants de ces dernières sociétés vivant sans électricité dorment environ autant que ceux qui évoluent dans un environnement éclairé en permanence par la lumière électrique. Mais les chercheurs ont également constaté que le processus du sommeil ne débute que plusieurs heures après le coucher du soleil, même si presque tous les individus (des deux types de sociétés) se réveillent avec le lever du soleil. 

L'équipe du professeur Siegel a d'abord prêté attention aux variations de températures, concluant que celles-ci influencent l'heure du réveil chaque matin. Mais dans le cas des personnes dormant dans des constructions modernes, les variations de températures d'une chambre lambda sont infimes. 

Mais sur la question du manque de sommeil, la plus grande différence entre les sociétés industrialisées et les sociétés préindustrielles s'explique surtout par la lumière et l'obscurité. La lumière électrique peut retarder et même troubler notre cycle nocturne, ce qui n'est assurément pas le cas de la lumière dégagée par un feu de bois ou par tout autre type de flamme. 

Comme l'expliquait Bruno Comby, polytechnicien et auteur de "l'Eloge de la sieste", dans une précédente contribution pour Atlantico, les sources de lumière naturelle sont particulièrement importantes pour notre bien-être, et donc, pour notre sommeil : La lumière joue un rôle essentiel dans l'alternance veille/sommeil. En effet la mélatonine, sécrétée par une toute petite glande, qui joue cependant un rôle essentiel, l'épiphyse, située au centre du cerveau est particulièrement sensible à la lumière. Nous passons un tiers de notre vie à dormir. D'un bon sommeil dépend la qualité de notre vie ! Il nous faut donc apprendre, pour bien dormir, à bien gérer notre exposition à la lumière. Celle-ci doit être suffisamment forte (en général elle ne l'est pas assez) dans la journée. Nous évoluons dans des cages obscures : d'abord nos habitations, puis le métro, puis les bureaux et autres magasins, où la lumière est beaucoup plus faible que la lumière extérieure, la lumière naturelle, à laquelle nous sommes adaptés et qui est nécessaire au bon fonctionnement de l'organisme et pour stimuler notre cerveau. Il nous faut davantage de lumière dans la journée et notamment le matin, pour se réveiller et démarrer nos activités. La lumière est un stimulant naturel de l'activité, bien meilleur et bien plus utile que le café qui est un stimulant artificiel engendrant des réactions de dépendance et d'accoutumance !".

Cependant, les chercheurs n'ont pas directement évalué la qualité du sommeil, ce qui pourtant un point particulièrement important. Les personnes sollicitées pour cette étude dans les sociétés préindustrielles vivent près de l'équateur, et sont dans l'obscurité pendant 11 ou 12 heures par nuit, alors que les habitants des sociétés industrialisées se trouvent généralement dans l'obscurité seulement lorsqu'ils essayent de dormir, ce qui équivaut généralement à une période de 7 heures. 

"La nuit et dans l'obscurité, la sécrétion de mélatonine est bloquée par la lumière et ne se fait donc que la nuit, dans l'obscurité. La lumière à travers la sécrétion de la mélanine, joue un rôle capital de synchronisation de notre sommeil. C'est un des facteurs principaux qui permet (dans l'obscurité) ou qui inhibe (le jour) la venue du sommeil. Une exposition tardive à la lumière le soir après 20h bloque la mélatonine et empêche ainsi un bon sommeil. S'il parait évident à tout le monde que dans la nature, nos ancêtres travaillaient le jour et dormaient la nuit, il convient de rappeler qu'il en va toujours de même aujourd'hui, même à l'heure des smartphones et autres ordinateurs. Mais qui ne consulte pas ses emails avant d'aller se coucher ? Cela perturbe gravement notre sommeil, au point de venir un véritable fléau social. Les smartphones c'est bien, mais pas la nuit! En effet il est démontré scientifiquement que les écrans d'ordinateurs et de nos smartphones utilisés le soir après 20h suffisent à gêner la sécrétion de mélatonine et donc la venue du sommeil" nous apprend également Bruno Comby.

Les chercheurs ont ensuite constaté que dans ces sociétés préindustrielles, le sommeil est généralement ponctué de périodes d'éveil qui peuvent parfois durer plus d'une heure. Ce type d'habitude peut remettre en question les croyances les plus répandues, selon lesquelles un sommeil "idéal" doit être forcément compact et ininterrompu. Car le fait de se réveiller temporairement pendant la nuit ne correspond pas forcément à un "trouble du sommeil", comme beaucoup peuvent le croire. 

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