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Ces rivières atmosphériques qui provoquent la fonte massive des glaces de l’Antarctique
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Écologie

Pendant longtemps, les chercheurs ont pensé que les courants marins et les tempêtes étaient responsables des trous qui apparaissent dans la calotte glaciaire. De nouveaux phénomènes sont sur « le banc des accusés »

Vincent Favier

Vincent Favier

Glaciologue à l'Institut des géosciences de l'environnement de Grenoble. 

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Atlantico.fr : Le phénomène des rivières atmosphériques est bien connu des météorologues, mais peu du grand public. Pouvez-vous nous expliquer comment apparaissent-elles ? 

Vincent Favier : Les dépressions ont tendance à tourner sur elle-même, dans l'hémisphère nord dans le sens inverse des aiguilles d'une montre et dans l'hémisphère sud dans le sens des aiguilles d'une montre. Ces dépressions sont transportées par des vents d'ouest qui font qu'elles vont traverser l'océan atlantique depuis les Amériques jusqu'à l'Europe. Ces phénomènes sont parfois bloqués par un anticyclone qui vient se mettre en travers de la route de la dépression. Pour pouvoir passer, la dépression va au lieu de tourner sur elle-même envoyer toute l'humidité sur un chemin qui contourne l'anticyclone. Toute cette humidité suit un trajet (comme un chenal) qui est relativement linéaire et qu'on appelle rivière atmosphérique.

C'est très connu du côté de la Californie. On y trouve le Pineapple express, un phénomène de rivières atmosphériques très fortes et qui apportent des quantités d'eau phénoménales et beaucoup de chaleur sur la Californie.

Notre travail est d'observer dans quelle mesure les rivières atmosphériques viennent taper sur l'Antarctique et ce que ça pouvait provoquer comme conséquence. On a essayé de différencier les dépressions classiques des rivières atmosphériques qui arrivent sur un point fixe du confinement.

Atlantico.fr : Aujourd'hui, lorsqu'on parle des rivières atmosphériques, on évoque leur influence sur la fonte des glaces de l'Antarctique. Est-ce possible ? 

Vincent Favier : Une étude faite en 2019 à laquelle j'ai participé montre que les rivières atmosphériques sont associées à des apports de chaleur très forts, particulièrement sur l'Antarctique de l'ouest et sur la péninsule Antarctique où on a observé que les événements de fonte étaient liés à ces rivières atmosphériques.

Lorsqu'une rivière atmosphérique se forme, il y a un apport massif d'humidité qui vient de basse latitude pour aller jusqu'aux hautes latitudes. Or lorsque vous avez un air qui vient de basse latitude, c'est un air très chaud par rapport à ce qu'on trouve en Antarctique. Cet air chaud et humide va créer des nuages sombres de gouttelettes d'eau qui vont créer un apport de chaleur par infrarouge très fort. La chaleur vient donc de l'air chaud et du rayonnement de grandeur d'onde (infrarouge) qui est très fort sur la calotte et qui fait fondre de manière massive la neige jusqu'à des altitudes très élevées, parfois au-delà de 1500 mètres d'altitude. Sur la péninsule, le phénomène est accentué par l'effet de Foehn.

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