Ces petites leçons venues d’Espagne pour Emmanuel Macron comme pour la droite ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le Premier ministre espagnol et candidat du Parti socialiste (PSOE) Pedro Sanchez au siège du parti, à Madrid, le 24 juillet 2023.
Le Premier ministre espagnol et candidat du Parti socialiste (PSOE) Pedro Sanchez au siège du parti, à Madrid, le 24 juillet 2023.
©PIERRE-PHILIPPE MARCOU AFP

Vérité en deçà des Pyrénées

Les élections législatives en Espagne ont apporté leur lot de surprises pour les forces de gauche et de droite. Quels sont les enseignements de ce scrutin pour la classe politique française ?

Paul-François Paoli

Paul-François Paoli

Paul-François Paoli est l'auteur de nombreux essais, dont Malaise de l'Occident : vers une révolution conservatrice ? (Pierre-Guillaume de Roux, 2014), Pour en finir avec l'idéologie antiraciste (2012) et Quand la gauche agonise (2016). En 2023, il a publié Une histoire de la Corse française (Tallandier). 

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Atlantico : Au regard des résultats des élections en Espagne, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a pris des risques en s’engageant dans la campagne électorale. Il est presque sorti vainqueur de ce pari, en étant  respectueux de la démocratie et des institutions. Quels seraient les principales leçons à tirer pour Emmanuel Macron des élections espagnoles alors que le président français ne semble pas dans cette optique et continue de fermer les yeux sur l’échec de la démocratie en France ?

Paul-François Paoli : Emmanuel Macron et son gouvernement sont aujourd'hui largement impopulaires et la parole de Macron est très dévaluée, quoiqu'on pense de son action. L'Etat est très affaibli et il n'est plus en mesure de protéger les biens et la sécurité des personnes. La crise de la démocratie est d'autant plus patente que le pouvoir des juges est devenu exorbitant, comme on vient de le voir avec la détention provisoire d'un policier à Marseille. Nous vivons une crise de l'Etat sans précédent alors que 7 français sur 10 soutiennent leur police. Le droite en France a un boulevard mais elle semble incapable de l'exploiter. La force de Macron provient uniquement de la faiblesse de ses vis-à vis. Où sont les ténors de la droite? Comment se fait -il que Laurent Wauquiez soit inaudible par exemple?    

Les résultats des élections en Espagne ont démontré que l’union des droites en Espagne a suscité moult inquiétudes et a remobilisé la gauche. La droite française doit-elle définitivement tourner la page de l'union des droites pour espérer triompher face à la gauche ?

Je ne crois pas. L'union des droites reste une hypothèse pensable pour la France où les idées de droite sont majoritaires. Sur les questions régaliennes et sur celles de l'immigration, la France est aujourd'hui massivement à droite. Le discours de Macron lui-même qui en appelle à un retour de l'ordre et de l'autorité va dans ce sens.  Le problème de la France est socio-culturel. La droite LR est fondamentalement une droite de notables tandis que l'électorat de Marine Le Pen est exclusivement populaire. D'une certaine manière Marine Le Pen empêche cette union parce que son programme économique n'est pas crédible. Elle refuse notamment de mettre en cause la culture de l'assistanat. Tandis que les positions de Reconquête et celles de LR sont finalement très proches sur ces questions.

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Comment la droite française pourrait se servir des leçons du scrutin espagnol pour insuffler un nouveau souffle et espérer conquérir le pouvoir lors des futurs scrutins en France ?

La politique est une affaire d'hommes et de volonté. François Mitterrand a brisé les tabous de l'anticommunisme en s'alliant au Parti communiste français dans les années 70, ce qui lui a permis de signer le programme commun de la gauche, programme qui n'a jamais été appliqué. Mitterrand était un grand politique: il a conquis le pouvoir en s'alliant avec un Parti, le PCF de Georges Marchais, dont le projet était aberrant! Mitterrand n'a pas reculé mais il n'y a pas aujourd'hui, à droite, de personnalité de cette carrure. La politique n'est pas une affaire de morale et de scrupules. Tant que la droite républicaine sera tétanisée par l'opprobre médiatique, cette alliance sera impossible. Le Rassemblement national n'est pas un parti d'extrême droite. La droite LR doit refuser le chantage moral d'une gauche devenue très minoritaire en France et elle doit ignorer les oukases médiatiques.

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