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Ces Français qui trouvent un sentiment d’appartenance (et même l’amour) dans l’univers des jeux vidéos en ligne
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Bienfaits insoupçonnés

Avec le confinement, un grand nombre de personnes se retrouvent le soir en ligne pour jouer et parfois même échanger.

Laurent Trémel

Laurent Trémel

Laurent Trémel est sociologue, il a publié plusieurs ouvrages et articles se rapportant à la pratique des jeux vidéos

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Atlantico.fr : Comment les jeux vidéos en ligne sont-ils devenus un espace de rencontre ?

Laurent Trémel : Voilà une vingtaine d’années que j’observe les phénomènes liés à la pratique des jeux vidéo. Leur développement est à mettre en parallèle avec la « crise », économique, sociale... affectant depuis plusieurs décennies les pays industrialisés. Les processus de mobilité sociale ascendante sont remis en cause, le chômage et la précarité se développent. L’industrie du loisir génère aujourd’hui des « univers virtuels » ou une « seconde vie », plus gratifiante, est permise. L’élément déterminant est la possibilité d’incarner là un « avatar » que vous façonnez, votre « moi » de substitution peut avoir dans ces univers virtuels une vie très riche, devenir un guerrier ou un mage d’exception, booster ses performances sportives, voire amoureuses. Ces espaces virtuels sont des « espaces de rencontres »... pour des avatars !

Atlantico.fr :  Le confinement a-t-il accéléré ce processus ?

Laurent Trémel : Oui, indéniablement. Il a contribué à renforcer la légitimé culturelle et sociale de ces « univers virtuels ». Pour des jeunes, en situation de « quête amoureuse » ou de recherche d'emploi par exemple : cela a été rendu problématique dans la « vraie vie » depuis plusieurs mois... Que ce soit dans les jeux en ligne, sur les « réseaux sociaux », voire même sur les applications et sites de rencontre amoureuses, via votre « avatar », ou votre « profil », profil qui peut être parfois très différent de votre « personne réelle », vous pouvez ici continuer à « séduire », ou réussir de manière mécanique dans un programme de jeu vidéo qui modélise la réussite de votre personnage pour en faire une sorte de surhomme.

Atlantico.fr : Est-ce que cela peut-être une façon de socialiser pour les personnes souffrant de solitude ou est-ce que rien ne remplace une relation physique ?

Laurent Trémel : Il y a là une socialisation « virtuelle », via votre avatar ou votre « profil », comme je l'ai indiqué. Mais cette socialisation est spécifique et ne préjuge pas de ce qui se passe dans la vie « réelle ». S'ils existent, les exemples de rencontres débouchant ensuite dans le « réel » sont un peu l'arbre qui cachent la forêt et, la plupart du temps, les personnes plongées dans ces univers virtuels se satisfont des relations nouées là via l'avatar. Une personne timide ou désocialisée ne va « miraculeusement » réussir dans la vraie vie parce que son personnage a remporté tous les « niveaux » d'un jeu en ligne... Quant aux « sites de rencontres » proprement dits, qui génèrent de plus en plus d'avis négatifs sur les forums de discussion, des études démontrent que, dans la plupart des cas, si une « rencontre » a lieu, elle débouche sur une relation éphémère.

Atlantico.fr : Quels sont les risques d'une relation (amoureuse ou non) nouée en ligne ?

Laurent Trémel : N'étant pas psychologue, je ne peux me prononcer sur cette question au niveau individuel. Mais, au niveau sociétal, philosophique, je pense que ces univers de substitution, et les illusions qu'ils génèrent, peuvent présenter des aspects problématiques.

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