Ces énormes besoins de cuivre auquel le monde fait face<!-- --> | Atlantico.fr
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Des travailleurs de la société minière Next Mineral inspectent la mine de cuivre Comahue à Antofagasta, au Chili, le 1er mars 2021.
Des travailleurs de la société minière Next Mineral inspectent la mine de cuivre Comahue à Antofagasta, au Chili, le 1er mars 2021.
©AFP / Glenn ARCOS

Objectif de Zéro émission nette

Afin d’atteindre nos objectifs de Zéro émission nette, nous aurons besoin de plus de cuivre dans les 30 prochaines années que ce que nous en avons extrait jusqu'à présent.

Damien Ernst

Damien Ernst

Damien Ernst est professeur titulaire à l'Université de Liège et à Télécom Paris. Il dirige des recherches dédiées aux réseaux électriques intelligents. Il intervient régulièrement dans les médias sur les sujets liés à l'énergie.

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Atlantico : Afin d’atteindre nos objectifs en matière d’émissions nettes, nous aurions besoin à l’échelle mondiale de plus de cuivre dans les trentes prochaines que ce que nous avons pu extraire jusqu’à présent. Pourquoi avons-nous autant besoin de cuivre et quels sont les secteurs qui consomment le plus ?

Damien Ernst : Parmi les secteurs qui consomment le plus figurent évidemment le photovoltaïque, pour les panneaux notamment, ainsi que l’éolien. On trouve du cuivre dans l'alternateur des éoliennes, par exemple. Le moteur des voitures électriques, ainsi que la batterie, en consomment également beaucoup. D’une façon générale,  les éléments qui participent à la génération d’une électricité renouvelable et à son stockage par batteries, reposent sur des constructions à base de cuivre. C’est vrai aussi du côté des nouveaux usages de l'électricité comme les pompes à chaleur.

Une question se pose : pourquoi le cuivre plutôt qu’un autre métal ? Il s’agit, c’est bien simple, d’un matériau particulièrement conducteur. Il a des propriétés de conduction d’électricité proprement excellentes et c’est aussi pour cela qu’il constitue un excellent allié en matière de transition énergétique. 

Les sociétés minières chargées de l’extraction du cuivre et du nickel dont nous aurons besoin pour assurer le bon fonctionnement de l’industrie de demain font-elles les progrès attendus ?

C’est là tout le problème : les meilleurs gisements de cuivre, malheureusement, ont tous été identifiés et il devient improbable d’en découvrir de nouveau. Nous ne sommes pas dans le même cas de figure que celui du lithium, par exemple, pour lequel nous continuons à identifier des gisements intéressants très régulièrement. La semaine passée, nous découvrions ainsi un gisement en Californie, si je ne m’abuse.

La qualité des gisements de cuivre disponibles a considérablement diminué. Autrefois, on pouvait espérer jusqu’à 3 ou 4% de minerai de cuivre dans les gisements. C’est de moins en moins le cas. Il nous reste toujours beaucoup de cuivre, c’est un fait avéré, mais beaucoup moins de gisements riches. Concrètement, cela signifie qu’il faut broyer et traiter des volumes de sol beaucoup plus importants pour générer la même quantité au final. C’est un problème.

La "course au cuivre" génère-t-elle une compétition internationale ? Entre l’Europe, l’Asie et les Etats-Unis notamment ?

Je ne parlerai pas de compétition internationale, non. Il y a des mines de cuivre dans beaucoup d'endroits du monde et je n'identifie pas un pays qui contrôle de manière excessive la production, comme c'est le cas pour la Chine avec les terres rares. Néanmoins, l’Amérique du Sud compte d'importantes mines de cuivre, dont la plus grande se trouve au Chili. Mais c'est un type de métal qui ne génère pas de tensions internationales ; d’autant plus qu’il existe un substitut assez efficace et globalement assez bon marché : il s’agit de l’aluminium… dont nous disposons en très, très grande quantité. 

Il est évidemment moins bon conducteur que ne l’est le cuivre, mais il est tout à fait envisageable de l’utiliser en remplacement de celui-ci pour construire des panneaux photovoltaïques, des alternateurs d’éoliennes et des véhicules électriques… à condition d’accepter l’idée d’une performance un peu moins bonne pour ces appareils. 

Les industriels ont-ils les ressources nécessaires pour l’avenir ? Dans quelle mesure l’innovation technologique permet-elle d’avoir espoir en cette quête du cuivre ?

Sans doute va-t-il falloir penser "out of the box" pour trouver des solutions innovantes à la conduction d’électricité. Nous pourrions utiliser du graphène, qui est un excellent conducteur, tant de chaleur que d’énergie, mais cela sous-entend de pouvoir le synthétiser en grandes quantités ce qui est plus complexe. Nous espérons cependant pouvoir créer, un jour, des supraconducteurs à température ambiante. A cet égard, les Coréens ont proposé récemment le LK99 qui est fort intéressant.

Dès lors, il n’est pas illégitime d’espérer des miracles technologiques, qui pourraient concerner l’identification de matérieux ayant des propriétés de conduction remarquables. A terme, espérons-le, nous serons en mesure d'aussi les manufacturer en très grandes quantités et à très bas coût.

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