Ce que nous apprennent les malades au long cours de la pandémie de grippe espagnole <!-- --> | Atlantico.fr
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grippe espagnole malades symptômes soins patients
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©DR / OTIS HISTORICAL ARCHIVES / NATIONAL MUSEUM OF HEALTH AND MEDICINE / WIKIMEDIA COMMONS

Symptômes

La littérature scientifique permet de redécouvrir des éléments intéressants sur l'épidémie de grippe espagnole qui avait fait des ravages dans les années 20. Au vu de ce que l’on sait de la grippe espagnole et du Covid, y -a-t-il de ressemblances qui peuvent faire craindre des séquelles du même ordre ?

Freddy Vinet

Freddy Vinet

Freddy Vinet est professeur à l'Université Paul-Valéry Montpellier 3, où il a cofondé le Master en gestion des catastrophes et des risques naturels (GCRN). Ses recherches portent sur les catastrophes naturelles et l'épidémiologie des désastres. Il est l'auteur de "La Grande Grippe - 1918. La pire épidémie du siècle" publié aux éditions Vendemiaire. 

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Atlantico.fr : Dans quelle mesure la grippe espagnole a-t-elle provoqué des symptômes de long terme chez les malades ? A quoi ressemblaient ces troubles persistants ? 

Freddy Vinet : Dans la littérature scientifique, il y a eu de nombreuses études sur la fatigue liée à l’infection virale  et à l’orage cytokinique. Il s’agit de la sur-défense immunitaire amenée par l’invasion virale et c’est une des formes de complications. L’orage cytokinique est une surrection du sytème immunitaire et notamment dans les poumons.

Ces troubles se sont poursuivis quelques années après l’apparition de la grippe espagnole. Il y a eu des études de cohortes dans les années qui ont suivies montrant que la fatigue des personnes étudiées persistait longtemps. Il y a eu aussi des études sur les conséquences de la grippe espagnole sur la mortalité fœtale et la faiblesse de personnes qui seraient nées de parents atteints de grippe espagnole. La différence avec la Covid était que la grippe espagnole touchait principalement des jeunes adultes. Ici avec le coronavirus, nous sommes plutôt dans des cases d’âge élevées.

Sur quelles échelles de temps a-t-on pu constater des conséquences de la grippe espagnole sur la santé des patients ?

Il y a eu des syndromes de grande fatigue dans les années qui ont suivies et on attribue à la grippe espagnole des épidémie d’encéphalites léthargiques pendant les années 20. Durant les années folles, il y a eu plusieurs millions de morts liés à des encéphalites léthargiques et on pense que c’est lié à des faiblesses causées par la grippe. Elle aurait affaiblit les personnes.

Il y a eu d’autres études sur le long terme qui ont montré que dans des cohortes de personnes de plus de 60 ans, on a comparé les personnes qui étaient nées pendant la grippe espagnole dont la mère avait été touchée et d’autres personnes nées un peu après. La comparaison nous a permis de comprendre que ceux nés de mères ayant été touchées par la grippe espagnole étaient touchés de faiblesse cardiaque dans une proportion de plus 20%.

Est-il courant qu’une maladie comme celle-ci provoque des effets de long terme ?

Cela affaiblit les personnes et l’organisme. Ce dernier garde la mémoire de tout ce que vous subissez.

En 2003, lorsqu’il y a eu l’épidémie de grippe en hiver, après la canicule, des personnes âgées sont décédées de la grippe. Lorsque l’on a regardé leurs dossiers médicaux, on a vu que certains avaient été hospitalisés lors de la canicule. Elle les avait fragilisé et sensibilisé pour une autre infection. 

Au vu de ce que l’on sait de la grippe espagnole et du Covid, y -a-t-il de ressemblances qui peuvent faire craindre des séquelles du même ordre ?

Il y a plus de similitudes entre la canicule de 2003 qu’avec la grippe espagnole en terme de case d’âge. Ce n’était pas une grippe mais le même groupe de personnes était visé. Il y a eu un effet moisson qui a atteint les personnes les plus faibles. Les personnes qui seraient décédées dans quelques années de diabète, d’obésité, cancer et qui sont mortes de la grippe ou de la canicule sont des décès anticipés. En 2003, il y avait eu une surmortalité et l’année suivante, il y a eu une sous-mortalité, c’est ce qu’on appelle l’effet moisson. La pandémie, catastrophe naturelle, moissonne les plus faibles. Elle augmente la mortalité pendant l’épidémie et la fait diminuer ensuite.

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