Ce que les licenciements massifs dans la Tech américaine nous apprennent de notre futur proche<!-- --> | Atlantico.fr
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En ce début d'année, les licenciements sont massifs dans le secteur de la tech.
En ce début d'année, les licenciements sont massifs dans le secteur de la tech.
©KENZO TRIBOUILLARD / AFP

La Tech en crise

Alors que l’économie américaine se porte bien, avec un taux de chômage de 3,5%, les licenciements sont massifs dans le secteur de la tech.

Alexandre Delaigue

Alexandre Delaigue

Alexandre Delaigue est professeur d'économie à l'université de Lille. Il est le co-auteur avec Stéphane Ménia des livres Nos phobies économiques et Sexe, drogue... et économie : pas de sujet tabou pour les économistes (parus chez Pearson). Son site : econoclaste.net

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Atlantico : Alors que l’économie américaine se porte bien, avec un taux de chômage de 3,5%, les licenciements sont massifs dans le secteur de la tech. Comment expliquer ce phénomène ? 

Alexandre Delaigue : Les effectifs de ces entreprises ont fortement augmenté depuis les trois dernières années et ces dernières retrouvent désormais le modèle qu’elles ont connu avant la crise du Covid-19. Ce n’est pas uniquement lié à la pandémie car plusieurs événements entrent en compte. Auparavant, la situation était très bonne car avec les confinements, il y avait plus d'activités à distance. Mais les taux d’intérêts étaient très bas et cette situation conjoncturelle a mené à une augmentation des effectifs. Comme le contexte est aujourd’hui plus sombre, ces entreprises cherchent à réduire leurs effectifs. D’ailleurs, si Apple ne licencie pas, c’est tout simplement parce qu’ils n’ont pas bénéficié de cette large augmentation d’effectifs. Il s’agit donc d’un réajustement suite à une période favorable aujourd’hui révolue. 

Avons-nous eu tort de croire que le Covid allait être l’accélérateur de la digitalisation croissante de l’économie ?

Il l’a été. De nombreux secteurs ont profondément changé à cause de la pandémie. C’est par exemple le cas du cinéma en salle, menacé par l’essor du streaming. C’est aussi le cas du travail à distance, et les entreprises essaient de s’adapter. D’autres changements arrivent au même moment : des politiques industrielles essaient de relocaliser leurs activités, même si de nombreuses interrogations subsistent. De nombreux paris technologiques ont été faits au cours des cinq dernières années, mais certains sont remis en question. C’est le cas des voitures autonomes ou des monnaies numériques. De la même manière, le cours d’une entreprise comme Zoom a énormément augmenté en 2020, avant de baisser dès l’année suivante. 

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Finalement, le Covid n’a-t-il été qu’une forme de « bulle » pour le monde de la Tech ?

C’est difficile de parler de bulle, même s’il y a des valorisations très importantes. Ces dernières étaient liées à des taux d’intérêts très faibles. En quelque sorte, si vous pouvez emprunter à zéro, n’importe quoi vaut l’infini …  À titre d’exemple, si je vous fournis un actif qui vous rapporte 1 euro par an indéfiniment, et que vous pouvez emprunter à zéro, vous pouvez en acheter un milliard. Parler de bulle est compliqué quand les taux d’intérêts sont extrêmement bas. Quand l’argent ne coûte pas cher, n’importe quoi peut valoir une valeur très élevée. Nous avons donc assisté à une sorte de réajustement, plus qu’une bulle qui éclate.

Qu’est-ce que ça laisse entrevoir pour l’économie au sens large ?

Notons qu’au cours des 15 dernières années, il y a un contraste entre la forte croissance des États-Unis et une stagnation en Europe. S’il y avait un écart de 20/25% de PIB avant 2007/2008, cet écart est aujourd’hui de l’ordre de 35/40%. C’est le même écart qu’entre les pays d’Europe de l’Ouest et la Turquie. L’économie américaine, jusqu’à présent, a montré qu’elle pouvait continuer à croître, ce que l’économie européenne n’a pas été en mesure de faire. L’Europe essaie de suivre, sans cette capacité de passer d’une chose à une autre et de garder un rythme de croissance soutenu. Malgré de nombreuses questions préoccupantes, comme celle de la dette, l’économie américaine montre donc sa capacité de résilience.

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