Canicule : le nucléaire sensible aux aléas climatiques ? Encore une simplification abusive d’EELV<!-- --> | Atlantico.fr
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En période de canicule, les centrales nucléaires sont elles particulièrement soumises aux températures ?
En période de canicule, les centrales nucléaires sont elles particulièrement soumises aux températures ?
©PHILIPPE DESMAZES / AFP

Ça chauffe

Les variations de température touchent tous les systèmes de production, nucléaires comme renouvelables. Mais l'adaptation est possible.

Thibault Laconde

Thibault Laconde

Thibault Laconde est ingénieur spécialiste des risques climat et fondateur de Callendar.

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L'Etat accorde des dérogations environnementales pour faire tourner cinq centrales nucléaires en raison de la canicule. Pour beaucoup d’écologistes dont le secrétaire national d’EELV c’est la preuve que le nucléaire "en plus d'être cher est incompatible avec le dérèglement climatique". Est-ce vraiment le cas ?

Thibault Laconde :L’énergie nucléaire, comme toutes les énergies et toutes les infrastructures, est soumise à des aléas climatiques. Ces derniers évoluent avec le changement climatique et ne sont plus les mêmes qu’au moment de la construction des centrales. Donc c’est un défi. Mais ce n’est pas en soi une problématique nucléaire. Les indisponibilités actuelles sont liées au système de refroidissement des turbines à vapeur, c’est une pièce commune à la plupart des centrales – thermiques ou nucléaires. Et c’est plus largement vrai pour de nombreuses industries.

 Il faut distinguer deux questions. D'abord, celle des infrastructures existantes, construites il y a plusieurs dizaines d’années sur la base d’hypothèses potentiellement dépassées. Quand une installation est construite, il n’y a pas grand-chose à faire, il est compliqué de la mettre à jour. La question se pose différemment sur les nouvelles constructions. On peut adapter les constructions à n’importe quel climat, mais encore faut-il savoir à quel climat on souhaite l’adapter. Et il faut savoir prévoir ce que sera le climat dans 30 ou 50 ans. Pour moi, le problème ne vient pas tant du changement climatique que de l’incertitude climatique. Sommes-nous vraiment capables de concevoir des installations utilisables même après le 21e siècle et qui vont nous survivre ? Je pense qu’on le peut. Des centrales en Espagne, dans des températures proches de celles que va connaître la France ces prochaines décennies, exisent. On cite souvent les exemples de Palo Verde, de Barakah qui ont été concues pour des températures élevées.

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Quel est l’impact de ces aléas climatiques sur la production ?

Thibault Laconde : Le phénomène que l’on constate se produit tous les ans. Il peut ponctuellement conduire à des manques importants. En 2019, on a eu jusqu’à 10% du nucléaire à l’arrêt car il faisait trop chaud ou qu’il n’y avait pas assez d’eau. Ensuite, EDF cite une perte de production de 0,3 ou 0,4 % sur l’année. C’est très faible, mais il ne faut pas parler de production sur l’année alors que le problème se concentre sur quelques jours.

Y-a-t-il des problèmes de sûreté nucléaire ?

Thibault Laconde : A priori non, puisque dans le cas de figure actuel c’est la partie électrique qui est cause, non le réacteur. On se souvient qu’en 2003, les autorités avaient dû arroser Fessenheim, pour éviter tout problème. Cela peut arriver, mais ce n'est pas la situation actuelle.

Les scénarios de réchauffement climatique prévoient une hausse de 1 à 5 degrés. Ne faudrait-il pas se préparer au pire d’entre eux pour parer à toute éventualité ?

Thibault Laconde : C’est une des solutions. C'est ce qui a été fait pour la centrale de Barakah aux Emirats Arabes Unis. Les systèmes de refroidissement ont été plus qu'adaptés au climat local. La solution peut aussi être de s'assurer que la centrale peut être réadaptée à une hausse des températures après sa construction. Il faut aussi choisir judicieusement les sites d’installation. Ce qui est sûr c’est que la réflexion doit le prendre en compte. néanmoins,les prévisions de RTE montrent que si le problème va certes s’intensifier il devrait rester gérable malgré tout à l'horizon 2050. On ne s'attend pas à ce que cela devienne un problème critique. Mais ce qui est sûr, c'est que l'enjeu porte sur les nouvelles constructions et les températures de fin de siècle.

Le nucléaire est-il plus sensible aux aléas climatiques que d’autres sources d’énergie ?

Thibault Laconde : Aucune énergie n’est imperméable aux aléas. Pour l'éolien ou l’hydroélectrique, il est parfois difficile de faire la différence entre la variabilité “naturelle” et les problématiques de long terme. Il ya des risques liés à l’absence de vent, d’eau, etc. C'est moins vrai pour le solaire. EDF a fait des modifications sur ses centrales suite à la canicule de 2003. Il semble qu’aujourd’hui, cela touche à ses limites.

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