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Candidats de la droite et du centre : et à la fin il n’en restera qu’un
©PASCAL GUYOT / AFP

Dernière ligne droite

La présence de Xavier Bertrand et Valérie Pécresse aux journées parlementaires LR semble faire s’éloigner le spectre d’une redite du match Chirac/Balladur.

Christophe Bouillaud

Christophe Bouillaud

Christophe Bouillaud est professeur de sciences politiques à l’Institut d’études politiques de Grenoble depuis 1999. Il est spécialiste à la fois de la vie politique italienne, et de la vie politique européenne, en particulier sous l’angle des partis.

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Jérôme Besnard

Jérôme Besnard

Jérôme Besnard est journaliste, essayiste (La droite imaginaire, 2018) et chargé d’enseignements en droit constitutionnel à l’Université de Paris.

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Atlantico : Les journées parlementaires LR ont lieu actuellement. Xavier Bertrand est de la partie et a fait comprendre qu’il n’y aurait qu’un seul candidat et qu’il ne se présenterait pas contre son parti d’origine. Est-ce le signe que le candidat Bertrand a définitivement décidé de rentrer dans le rang?  

Christophe Bouillaud : Rien n’est moins sûr. Vu l’investissement qu’il a fait depuis des mois, voire des années, dans une candidature à l’élection présidentielle de 2022, il serait assez surprenant de le voir abandonner la course. Par contre, cela ouvre un espace de négociation avec les dirigeants de son ancien parti et avec les autres candidats à la candidature prétendant à représenter la droite et le centre-droit. Ce n’est plus le tout ou rien d’il y a encore quelques jours. Sans doute, Xavier Bertrand a-t-il compris qu’il ne pouvait pas apparaitre aux yeux du « peuple de droite », et surtout des militants des Républicains, comme celui qui fait perdre son camp. Il a peut-être aussi compris que pour aller plus haut dans les intentions de vote, il lui fallait absolument être le candidat « naturel » de son camp, investi par les Républicains.

Jérôme Besnard : Xavier Bertrand ne veut pas endosser le costume de diviseur. Il sait aussi qu’un nombre conséquent de militants LR ne lui pardonnent pas son départ et ses critiques virulentes à l’égard de Laurent Wauquiez. Il apparait comme plus clivant qu’il ne le pensait. Il cherche un moyen de se réconcilier avec son ancien parti. 

Aucun candidat n’a encore tiré son épingle du jeu et réussi à s’imposer au sein (et à l’extérieur) du parti de la droite et du centre. Cette nouvelle position de Xavier Bertrand change-t-elle la donne ? Le ralliement au parti de candidats extérieurs lui permettra-t-il de gagner en légitimité ?  

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Christophe Bouillaud : Si cette nouvelle position finissait par être la première pierre permettant au bout de quelque temps d’aboutir à une candidature unique soutenue par les Républicains, cela renforcerait ce parti.  Cela reviendrait en effet à réaffirmer la nécessité pratique d’un parti de rassemblement de la droite et du centre-droit, complètement en accord avec la logique institutionnelle de la Vème République, le mode de scrutin en vigueur, et les rapports de force électoraux. D’ailleurs, plutôt que de ralliements aux Républicains de candidats extérieurs, il vaudrait mieux parler, aussi bien dans le cas de Valérie Pécresse que de Xavier Bertrand de retour au bercail, ou, si l’on veut, de retour à l’esprit qui avait présidé en son temps à la création de l’UMP, ancêtre direct des Républicains actuels. L’UMP prévoyait l’existence de courants structurés en son sein et aussi de partis associés, justement dans une logique visant  à la fois à rester compétitif à la présidentielle et à respecter le pluralisme. 

Jérôme Besnard : Les LR et leurs possibles candidats ont un problème d’identité politique. Quelle vraie différence programmatique entre Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse et Emmanuel Macron ? Leur seul discours jusqu’à maintenant est de dire qu’ils pourraient faire mieux avec leurs équipes que l’actuel Président, ses ministres de droite et ses hauts fonctionnaires socialistes. Seuls Eric Ciotti et Michel Barnier ont compris qu’il fallait cliver : le premier sur la sécurité et l’identité, le second sur l’Europe. C’est la bonne stratégie médiatique. 

Comment la droite des Républicains peuvent-ils désormais espérer désigner leur candidat le plus efficacement possible dans cette nouvelle configuration, sachant que Xavier Bertrand refuse néanmoins toujours la primaire? Quel candidat est le plus susceptible de bénéficier de ce nouveau rapport de force ?   

Christophe Bouillaud : Si les Républicains ne peuvent pas organiser une primaire, à la fois parce que Xavier Bertrand la refuse, et aussi parce que celle de 2016 a laissé de mauvais souvenirs dans le camp de la droite et du centre-droit, ce qui constitue peut-être une perception fausse de leur part liée à l’ « affaire Fillon » lors de la campagne présidentielle proprement dite, il ne reste que la recherche d’un accord entre les candidats pressentis.  Malgré les signaux envoyés en ce sens, cela me parait tout de même très difficile à ce stade. Pour l’instant, il reste deux candidats vraiment crédibles en lice, de force égale : Xavier Bertrand et Valérie Pécresse. En effet, il me semble que Michel Barnier, malgré sa longue carrière politique, souffre d’un déficit de notoriété bien trop grand pour s’imposer d’ici seulement quelques semaines comme le candidat de la droite et du centre.  Les autres prétendants sont encore moins crédibles comme candidat d’une vaste union de la droite et du centre-droit.  

De fait, pour l’instant, la situation ne semble donc pas se décanter tant que cela. Par contre, dès que la droite aura choisi son candidat unique, celui-ci sera sans doute un concurrent crédible dans la course présidentielle, bien plus que ne l’est Xavier Bertrand actuellement, qui plafonne à moins de 20% des intentions de vote. 

Jérôme Besnard : La bonne méthode était celle de François Fillon en 2017 : un programme clair et précis et le soutien de parlementaires et d’élus locaux. Sa chance fut effectivement de pouvoir bénéficier d’une primaire capable d’adouber cette stratégie, de le hisser sur le pavois. Ce fut le cas. Christian Jacob redoute une primaire sachant qu’Éric Ciotti contrôle une fédération d’environ 12 000 adhérents (les Alpes-Maritimes) et que Michel Barnier parle aux électeurs LR qui sont souvent des retraités.  Il est probable qu’un Congrès avalise à l’automne une investiture proposée par la direction LR. La primaire ouverte n’est plus à l’ordre du jour malgré les statuts du parti. En mobilisant de l’intérieur les adhérents, Michel Barnier peut créer la surprise. Reste à savoir si Xavier Bertrand renoncera s’il n’est pas choisi par son ancien parti et si Valérie Pécresse ne sera pas tenté par une aventure solitaire. 

Loin des journées parlementaires LR, Nicolas Sarkozy a déjeuné avec Emmanuel Macron ce jeudi, selon les informations de BFM TV. Alors que le président rencontre tous les candidats à droite, ce déjeuner pourrait-il être un péril important pour LR ?

Christophe Bouillaud : Les rapports personnels entre Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy compliquent sans doute le jeu. En effet, ils sont en contradiction avec la demande de la part des militants de la droite qui veulent être en mesure en 2022 d’élire un président de leur camp et non pas de subir un nouveau quinquennat Macron. Si cette connivence au sommet semblait influer le choix final du candidat de la droite, cela ne serait sans doute pas de très bon augure pour ce dernier, et il est aussi possible, en cas de défaite, que les militants demandent des comptes à de tels dirigeants s’étant laissé circonvenir par E. Macron.

Jérôme Besnard : Nicolas Sarkozy est toujours une des clefs de la droite française. Sa parole portera quoiqu’il arrive. Reste à connaître ses véritables intentions : revenir en politique un jour comme recours, se sortir de ses affaires judiciaires, défendre l’avenir politique de ses amis…

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