Caméras, drones, reconnaissance faciale et cie... : les instruments qui nous surveillent sont partout. Que se passe-t-il quand on les centralise ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Un logiciel de reconnaissance faciale présenté au salon CES de Las Vegas.
Un logiciel de reconnaissance faciale présenté au salon CES de Las Vegas.
©David Becker / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Big Brother is watching you

La question devient malheureusement très concrète avec le déploiement de logiciels qui rassemblent toutes les données collectées.

Thierry Vallat

Thierry Vallat

Thierry Vallat est avocat au Barreau de Paris - cabinet secondaire à Tallinn (Estonie) - intervient régulièrement dans les dossiers de fraudes sociales, fiscales et travail dissimulé. 

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Atlantico : Caméras, drones, outils de reconnaissance faciale, etc., sont de plus en plus utilisés pour la surveillance. Que se passe-t-il quand on les centralise ?

Thierry Vallat : Lorsque l’on croise les fichiers de tous ces outils, on peut avoir une cartographie complète d’une personne : ce qu’elle fait, qui elle est, où elle va, ses hobbies, etc.. Ainsi, il est possible de la traquer en permanence. Selon l’entité qui détient ses informations, cela peut être utilisé pour faire de la surveillance, voire même - à titre préventif – ce pourrait être une technique qu'on pourrait apparenter à la neutralisation d’individus susceptibles de commettre un crime ou un délit.

Quel est l’intérêt pour les États de centraliser toutes les informations ?

Le renseignement est l’or noir des services de police et des autorités. En obtenant des informations sur des individus que l’on considère comme dangereux, on a la possibilité de les mettre hors d’état de nuire rapidement. Jusqu’à présent, on collectait l’information par fichiers. Mais aujourd’hui, tout est automatisé et rien qu’en France nous avons une palette de fichiers qui regroupent une masse importante d’informations. Dans notre pays, nous ne pouvons pas regrouper toutes ces informations - mais d’autres gouvernements n’ont pas cette pudeur et ce respect des libertés individuelles comme la Chine par exemple. Ainsi, pour les populations Ouïgours, avec ce regroupement d’informations, il est compliqué de se déplacer librement et en toute impunité dans le pays. La technologie au service d’un État totalitaire aboutit à des dérives.

Après des États dictatoriaux comme la Chine, il semble que cette méthode soit aussi utilisée à Chicago. Y-a-t-il d’autres démocraties qui laissent s’installer une telle centralisation ?

En France, les tentatives de les instaurer ont déjà faites depuis plusieurs années par l’intermédiaire d’expérimentations. Pour des problèmes de sécurité et d’identification de personnes pouvant commettre des attentats, on les marque afin de le surveiller. Les dispositifs technologiques sont alors une arme de surveillance. Pourtant, il faut souligner que des freins sont mis par la Cnil ou les parlementaires afin de garantir nos libertés individuelles. Mais leur avis n’est pas toujours respecté.

On peut imaginer que des États comme la Hongrie puissent être enclins à passer des réglementations qui autorisent de manière très large l’utilisation de ces dispositifs.

N’y a-t-il pas un risque d’erreur lors de l’identification des personnes ?

Même si elle a fait beaucoup de progrès, la reconnaissance faciale utilisée chez nos amis outre-Manche dans l’identification de hooligans lors de matchs de football a montré que le taux de reconnaissance n’est pas très important. Certains passants ont alors été arrêtés à tort alors qu’ils n’avaient rien à voir avec le hooliganisme. La technologie n’est pas au point et il y a des biais dans la reconnaissance faciale notamment pour les femmes et la population noire. Cela pose problème pour une utilisation importante.

Si cette utilisation est couplée aux drones, lors de la surveillance de manifestation ou rassemblement comme en Inde, cela peut être un danger. En France et en Europe, heureusement on ne peut pas mettre en place ce type de dispositif sans enfreindre un grand nombre de règles.

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