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Plus de vacances mais pas de revalorisation salariale : comment sortir les profs de la relation malsaine que l’Education nationale entretient avec eux
©Reuters

Calendrier scolaire

Najat Vallaud-Belkacem a confirmé mercredi 11 février que la rentrée des enseignants se ferait systématiquement le 1er septembre et non pas fin août. Elle a également annoncé la sanctuarisation du pont de l'ascension : une manière de compenser à demi-mot la faiblesse des rémunérations des enseignants.

Jean-Louis  Auduc

Jean-Louis Auduc

Jean-Louis AUDUC est agrégé d'histoire. Il a enseigné en collège et en lycée. Depuis 1992, il est directeur-adjoint de l'IUFM de Créteil, où il a mis en place des formations sur les relations parents-enseignants à partir de 1999. En 2001-2002, il a été chargé de mission sur les problèmes de violence scolaire auprès du ministre délégué à l'Enseignement professionnel. Il a publié de nombreux ouvrages et articles sur le fonctionnement du système éducatif, la violence à l'école, la citoyenneté et la laïcité.

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Atlantico : Faute de pouvoir rémunérer davantage les enseignants, l'Education nationale a-t-elle trop souvent pris l'habitude de compenser en leur offrant davantage de temps libre ? En quoi cette façon de compenser le faible salaire des enseignants en leur accordant divers avantages est-elle malsaine ?

Jean-Louis Auduc :Si cette politique de compensation s'avérait exact, ce n'est pas une solution, car elle ne prendrait pas en compte les spécificités de certains établissements accueillant des élèves jugés "difficiles" qui entraînent plus d'investissement de la part des enseignants et qui mériterait sans doute d'avoir des services moins lourds que dans des établissements de centre-ville.

Je ne sais pas si la ministre de l'Education nationale veut compenser par plus de temps libre, la faiblesse de leur rémunération, mais ce que je sais, c'est que la réduction de la pré-rentrée à une seule journée serait une très mauvaise nouvelle.

Je pense que les journées de pré-rentrée que je souhaitais voir passer à trois journéees et non réduite à une, sont très importantes pour un travail durant l'année scolaire.

A un moment où il y a beaucoup de départs en retraite d'enseignants, beaucoup de nouveaux recrutés, beaucoup de mutations, les journées de pré-rentrée ont pour rôle de permettre aux enseignants de découvrr l'établissement, ses personnels enseignants et non-enseignants, l'environnement de l'établissement, les publics scolaires qui y sont accuellis et ainsi de s'approprier chacun la "mémoire" de l'établissement.

Dans quelle mesure peut-on estimer que cela se fait au détriment des élèves ?

Le moment de la pré-rentrée est un moment où il doit y avoir du temps hors de la présence d'élèves pour se rencontrer entre enseignants d'une même matière ou enseignants d'un même niveau et construire des projets colectifs qui mobiliseront les élèves toute l'année. Le métier d'enseignant ne peut pas se concevoir comme seulement solitaire. Il implique un travail d'équipe qui doit être travaillé collectivement. La pré-rentrée batie sur plusieurs jours est un moment idéal pour construire de tels projets.

Comment peut-on sortir de ce système ? Faut-il nécessairement revoir le barème de rémunération des enseignants ?

Il serait imporatnt de revoir prioritairement la carrière des enseignants. Il n'est pas normal qu'il y ait un aussi grand écart entre le début de carrière et la fin de carrière .

Il faudrait sans doute diminuer le nombre d'échelons et ainsi augmenter le salaire de démarrage dans le méter enseignant qui est à l'heure actuelle insuffisant et "lisser" les augmentations tout au long de la carrière.

A quelles conditions une revalorisation salariale des enseignants permettrait d'établir une relation plus saine entre les enseignants et l'Education nationale ?

Je pense qu'il faudrait réunir une grande conférence nationale sur la carrière enseignante qui aborderait le salaire d'entrée dans le métier,  la progression durant la carrière, les reconversions possibles.

Il faudrait aussi permettre aux enseignants de pouvoir exercer d'autres métiers dans l'établissement. Une piste : je me demande si on ne pourrait pas supprimer la fonction de chef d'établissement-adjoint et permettre à des enseignants volontaires de pouvoir au bout d'un certain nombre d'années de carrière exercer à mi-temps comme enseignant et à mi-temps comme adjoint au chef d'établissement.

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