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Cachez cet Auschwitz que je ne saurai voir…
©Wojtek RADWANSKI / AFP

La très prévisible initiative du gouvernement polonais

Certes ils ne le disent pas aussi ouvertement. Mais ils font tout pour qu’on regarde ailleurs.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le gouvernement polonais vient d’allouer 8 millions d’euros à la construction d’un musée très particulier qui jouxtera le camp d’extermination. 8 millions d’euros c’est beaucoup. Mais quand il s’agit de réduire au silence les youpins pleurnichards, on ne regarde pas à la dépense. 

Le but affiché de ce musée est de rendre hommage à ceux des habitants de la ville d’à côté - Oswiecim en polonais – qui auraient, selon le pouvoir de Varsovie, aidé les Juifs du camp. Y’en a-t-il eu ? Quelques-uns peut-être. Mais on peut faire confiance aux autorités polonaises pour en trouver des milliers. 

Initialement ce musée devait s’appeler le musée des Justes. Les Justes : c’est ainsi que les Juifs désignent ceux qui ont sauvé les leurs pendant la Deuxième Guerre mondiale.  La ficelle était un peu grosse. Et la mort dans l’âme, le gouvernement polonais a renoncé à cette imposture. 

Ce qui énerve les gouvernants de Varsovie c’est l’attention soutenue portée au destin tragique du peuple juif de Pologne. Alors ils allument des contre-feux pour faire oublier ce qui est arrivé aux Juifs sur leur territoire. Pendant la guerre, il y a eu des pogroms qui ne devaient rien à l’occupant nazi. Il y en a eu d’autres dans la Pologne libérée de l’Après-Guerre. Le mot « pogrom » n’est pas d’origine russe et même pas allemande : il est enraciné depuis longtemps dans la langue polonaise. 

Les autorités polonaises sont adeptes du nettoyage sémantique. Les quelques historiens qui se risquent à évoquer le rôle de Polonais dans les massacres de Juifs sont traduits devant les tribunaux.

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 Avant la guerre les antisémites polonais avaient inventé le mot « tumult » pour désigner de prétendues exactions juives contre les chrétiens. Ceux d’aujourd’hui ont créé le mot « antipolonisme ». Pour répliquer à celui d’« antisémitisme ». Tout comme « tumult » répondait à « pogrom ». 

Cet article sera donc jugé comme radicalement « anti poloniste ». Si l’on veut connaître le passé et le passif de la Pologne, il faut se référer à Campo dei fiori un très beau poème de Czeslaw Milosz, prix Nobel de littérature.  Il n’était pas juif mais catholique comme il se doit. 

Je te vis, Campo dei Fiori,

Un printemps à Varsovie.

Près des gaies balançoires

La vive mélodie faisait taire

Les coups de canon au ghetto ;

Très haut s’envolaient les couples,

Jusqu’au milieu du ciel clair…

Le vent des maisons en feu

Levait les robes des jeunes filles

Et riaient les foules insouciantes

Du beau dimanche de Varsovie.

Ce poème ne figure pas dans les bibliothèques des gouvernants polonais.

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