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"C'est magnifique" : Pour son troisième long-métrage en tant que réalisateur, Clovis Cornillac signe un film sensible et charmant
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Pour son troisième film en tant que réalisateur, Clovis Cornillac propose une comédie romantique en forme de conte, avec deux héros au cœur simple…Sensible et charmant…

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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THÈME

Pierre, la quarantaine (Clovis Cornillac), a passé sa vie à la campagne entre ses abeilles et ses hibiscus, protégé des désordres du monde par des parents aimants. Lorsque ces derniers meurent brutalement, son univers bascule : il découvre qu’il a été adopté. Connaître ses origines devient son unique obsession. Mais comment faire quand on est, comme lui, aussi inadapté ? Il décide de quitter son havre de paix pour rejoindre la ville, dont il ignore tout. A Lyon, sa route va croiser celle d’ Anna (Alice Pol), une jeune femme serviable, qui touchée par la bienveillance et la naïveté de cet homme pas comme les autres va accepter de l’aider. Entre les deux, un joli lien va se nouer. Mais au fur et à mesure que leur enquête avance, Pierre va progressivement perdre ses couleurs, jusqu’au moment où…Mais chut !

POINTS FORTS

Ni guerre, ni violence, ni méchanceté, ni malveillance, ni aucune autre atrocité… Pour son troisième long-métrage en tant que réalisateur, Clovis Cornillac n’a pas dérogé à sa règle de ne jamais succomber, dans ses films, à la tentation de raconter le mal. Cinq ans après Belle et Sébastien, une comédie d’aventures pour enfants, il a cherché une histoire contemporaine, qui questionnerait sur les rouages de notre société, et qui, en même temps, célèbrerait les bons sentiments. Et à force de gamberge, l’idée lui est venue d’un personnage pur et inadapté qui, chassé du « paradis perdu » où il avait grandi loin des horreurs du monde et sans savoir qui il était vraiment, partirait à la recherche de son identité, aidé par une jeune femme aussi « décalée » que lui.

Il n’est pas donné à tout le monde de jouer les candides avec naturel. Ayant déjà fait ses preuves dans de tels personnages, le cinéaste s’est donc tout naturellement réservé le rôle. Et il le tient avec la naïveté enfantine qu’il faut, à la fois désarmé et désarmant. Il a choisi Alice Pol pour interpréter la jeune fille du film. Elle aussi est formidable de gentillesse, de bonne humeur, de fraîcheur et d’optimisme. Tous les deux forment un couple sensible et irrésistible.

Sur le plan visuel, le film, très graphique, très coloré est un enchantement. Il évoque certains livres de contes. On en a plein les mirettes. On est sidéré par le savoir-faire du directeur photo, surtout quand Pierre, qui perd ses couleurs, vire au sépia puis au noir et blanc.

QUELQUES RÉSERVES

D’aucuns trouveront sans doute C’est magnifique ! un peu trop naïf…Mais qu’il est agréable et rafraîchissant de voir sur le grand écran un genre de film qu’on croyait à jamais englouti dans le cynisme et le catastrophisme d’aujourd’hui, un film dont les moteurs sont la bonté, la sincérité et la bienveillance !

ENCORE UN MOT...

On le sait dans les milieux du cinéma et du théâtre, Clovis Cornillac est un être singulier, simple et tendre. Il a beau avoir tenu des rôles de salaud et de méchant (souvent pour rire), travaillé dans des superproductions, reçu moults prix d’interprétation et être l’un des comédiens français les plus sollicités, il est resté, dans la vie, d’une gentillesse et d’une prévenance désarmantes. Ce sont ces valeurs là qu’il insuffle à ses films, avec une assurance tranquille et une poésie folle, au risque parfois de se faire traiter de candide et de manichéen. C’est encore à ces reproches qu’il s’expose avec ce C’est magnifique ! . Nous, on aime ce conte romantique un peu fantastique ( Jean-Pierre Jeunet est passé par là), qui se regarde comme une ode à la candeur, à la nature et à l’amour. Elle fait un bien fou à l’âme et à l’œil. Charmant et tout public.

UNE PHRASE

« La notion de conte ou de fable fait référence à l’enfance pour les plus jeunes. Mais pour les plus cyniques, elle est abêtissante. C’est difficile aujourd’hui d’assumer un projet de film sur la bienveillance et la gentillesse. Etrangement, le film, à notre époque, me semble provocateur, alors qu’il y a 30 ou 40 ans, il aurait semblé plus opportuniste. Pour moi,…le conte offre la possibilité de laisser la place à la poésie. C’est une forme de cinéma qui me séduit parce qu’elle n’a pas d’âge, qu’elle peut attirer des gens de toutes générations. Je pourrais y emmener ma mère ou un ado de 13 ans ». (Clovis Cornillac, réalisateur).

L'AUTEUR

Fils de l’actrice Myriam Boyer et du metteur en scène Roger Cornillac, Clovis Cornillac, né à Lyon en 1968, est un enfant de la balle plutôt précoce. Il débute sa carrière à treize ans en tournant avec sa mère dans  le feuilleton L’Enfance de Pierrot. A quatorze ans, il quitte la maison familiale pour apprendre le théâtre, et multiplie les expériences dans le théâtre de rue et le subventionné. A quinze ans, il débute au cinéma dans Hors la loi et se fait engagé par Peter Brook pour jouer dans le Mahâbhârata…

Acteur aux multiples facettes, travailleur acharné, il poursuit sa carrière sur tous les “fronts” du jeu, théâtre, petit et grand écran, aussi bien dans le cinéma d’auteur que dans les grosses productions. Parmi ses films marquants, en 2000, Karnaval de Thomas Vincent ; en 2004, Mensonges et trahisons et plus si affinités de Laurent Tirard (pour lequel il décroche le César du meilleur espoir masculin) puis Un Long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet ; en 2005, Brice de Nice de James Huth.…En tout plus de cinquante films, jusqu’en 2015 où il réalise  son premier long métrage, Un peu, beaucoup, aveuglément.

Depuis il a encore tourné dans une dizaine de films (il en a plus de cent à son actif) et il a joué dans une quinzaine de pièces (classiques et contemporaines).

C’est magnifique ! est le troisième long métrage de cet artiste boulimique, inclassable, gourmand, protéiforme.

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