Bourse, monnaie, Russie, Chine, Afrique et climat. Septembre, le mois de tous les « Crash » annoncés<!-- --> | Atlantico.fr
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Les marchés boursiers s'annoncent particulièrement préoccupants.
Les marchés boursiers s'annoncent particulièrement préoccupants.
©SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Atlantico Business

Le mois de septembre s'ouvre sur un faisceau d'inquiétudes qui annoncent des krachs sur tous les fronts : boursier, monétaire, commerce extérieur, Chine, politique, émergents, climat. Une rentrée d'automne aura rarement été aussi incertaine et compliquée.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Dans tous les domaines et aux quatre coins du globe, les indicateurs sont très mal orientés. Le mois de septembre a toujours été dans l'histoire l'un des mois de l'année les plus difficiles, voire les plus dangereux, mais celui qui s'ouvre cette semaine est particulièrement sournois et pervers.

1. Les marchés boursiers s'annoncent particulièrement préoccupants, d'abord parce qu'ils sont très sensibles à l'évolution des taux d'intérêt, et bien malin celui qui pourrait affirmer si les taux vont baisser ou monter en ce mois de septembre. Les gouverneurs de banque centrale s’en remettent à la responsabilité des politiques. Aux États-Unis, on travaillait sur l'hypothèse d'une pause, mais en Europe, la BCE n'est pas sur ce schéma-là. Résultat : les marchés américains ont démarré septembre en légère reprise, mais en Europe, on s'est replié. La visibilité n'étant pas très bonne sur les taux, les acteurs du marché se réfugient sur l'économie réelle, et fait nouveau, ils ont commencé à sanctionner deux secteurs que l'on croyait solides et à l'abri :

  • L'automobile d'abord, qui après presque deux années d'euphorie, s'est repliée assez brutalement en France comme en Allemagne. Pourquoi ? Tout simplement parce que les investisseurs s'interrogent pour savoir si le choix de l'électrique est finalement le bon. Les consommateurs sont toujours perplexes. Il va donc falloir subventionner les ventes massivement, et au jeu de la subvention, les Chinois qui arrivent sur le marché européen avec leur modèle efficace et beaucoup moins cher vont emporter la mise. C'est la crainte de tout le secteur.
  • Le luxe est la deuxième locomotive de la croissance attaquée par le scepticisme. On s'aperçoit que les ventes en Asie et en Inde s'essoufflent un peu, voire beaucoup. Les boursiers l'ont perçu, ils ont commencé à se méfier de Kering et de LVMH. LVMH a d'ailleurs perdu sa place de plus grosse capitalisation européenne, au profit d'une industrie pharmaceutique danoise spécialisée dans la production d'une molécule contre l'obésité. C’est un marqueur fort de changement des priorités.

2. Les politiques économiques européennes et notamment dans les deux principaux pays de l'Union ne sont toujours pas calées et sécurisées. Ce qui sera décidé en septembre sera décisif. En Allemagne, qui est devenue l'homme malade de l'Europe depuis que la guerre en Ukraine a privé l'industrie allemande de gaz russe et par conséquent d'un de ses leviers de compétitivité les plus efficaces depuis plus de 20 ans. Mais l'Allemagne souffre aussi du ralentissement des marchés asiatiques et notamment de la Chine en panne de croissance. Or, la Chine, pour l'Allemagne, était son principal débouché en dehors de l'Union européenne. L'Allemagne doit reconstruire son modèle industriel sur la base d'une coalition politique fragile.

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En France, le pays souffre toujours de la générosité de son modèle social. Trop cher et pas efficace, et disuasif de travailler. C'est toute la machine étatique qu'il faut restaurer, et a priori, la gouvernance française paraît décidée à se mettre au travail sur les retraites, l'école, la santé, l'immigration. L'enjeu est de rétablir les équilibres budgétaires, s'affranchir de l'endettement, mais protéger la stabilité politique interne. Rien n'est gagné, car contrairement à l'Allemagne, la France n'a toujours pas de majorité politique pour autoriser l'ouverture des chantiers structurels. Emmanuel Macron est à la manœuvre, et là encore, le mois de septembre va être décisif.

3. Sur le front de la géopolitique, on assiste en ce début du mois de septembre à l'accouchement très difficile d'un nouvel ordre mondial. Le conflit en Ukraine n'évolue guère... L'Ukraine essaie de se rendre acceptable aux Européens en se débarrassant de tous les travers de son ancien régime, notamment la corruption qui rend les relations avec l'Occident impossibles à gérer. L'exercice est douloureux en interne. La Russie se referme de plus en plus sur elle-même et est de plus en plus bannie des cercles internationaux occidentaux. La Chine, elle, est au bord du krach monétaire et économique. Pour relancer une activité qui s'étouffe, Pékin essaie de baisser les taux d'intérêt, mais la monnaie risque de s'effondrer. Les marqueurs de confiance sont au rouge. À priori, le président chinois se refuse à tenter des réformes libérales qui pourraient libérer les initiatives, et au contraire, il durcit encore plus son régime en agitant des menaces de guerre contre les États-Unis. Comme toutes les dictatures qui butent soit sur l'inflation, soit sur les pénuries et qui ne peuvent pas tenir leurs promesses de prospérité économique, les Chinois, comme les Russes, occupent leur opinion publique en brandissant les risques de la guerre ou de l'agression extérieure. Parallèlement, on sent bien que les grandes dictatures cherchent à mettre le feu dans les pays émergents. Les marmites révolutionnaires en Afrique ont été allumées sans solutions si ce n'est d'accroître les flux migratoires vers les démocraties du Nord.

4. Sur le front du climat, la météo de septembre va être décisive quant à la mobilisation contre le réchauffement climatique et la protection de l'environnement. La variabilité quotidienne de cette météo alimente le discours et la force militante des climatosceptiques, mais impacte également tous ceux très sincères sans doute, mais qui luttent contre le réchauffement. Les vagues de chaleur qui ont déferlé à plusieurs reprises dans l'hémisphère nord depuis le mois de juin donnent des arguments à tous ceux qui prônent plus de sobriété dans le mode de vie. Les positions radicales contre la croissance reviennent à dénoncer la responsabilité des modèles de croissance occidentaux et à culpabiliser les consommateurs/producteurs, d'où le stress et parfois des réactions politiques trop rapides. Dès que la météo change et apporte son lot d'orages, de pluie et de températures plus modérées, les climatosceptiques sortent leurs griffes et leur critique. La résultante de ces courants contradictoires rend très difficile la mise en œuvre d'une politique de lutte pour l'environnement responsable. Entre la nécessité de lutter contre la fin du monde annoncée par beaucoup et la lutte pour préserver la fin du mois. L'évolution du climat s'inscrit dans le temps long, les variables météo s'inscrivent dans le temps court. Le mois de septembre qui s'ouvre va encore exacerber cette contradiction.

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