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Bonnet rouge et rouge bonnet ? Le Pen/Mélenchon, le match des visions
©Capture d'écran / Direct 8

Tant de choses en commun...

Dans le discours politique, le non-dit est souvent beaucoup plus lourd de sens que le dit. On le vérifie dans la performance Le Pen-Mélenchon, à Lyon, de ce week-end, qui fait entendre sa petite musique de silence extrêmement intéressante.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Le Pen-Mélenchon, un axe objectif de coopération

Mathématiquement, l’un et l’autre ont intérêt à se retrouver au second tour.

Pour Marine Le Pen, Mélenchon est le meilleur des adversaires de second tour. C’est en effet lui qui offre les meilleures chances de gagner, faute de pouvoir reconstituer un “front républicain” optimal. Dans l’hypothèse où Marine Le Pen affronterait Fillon, elle aurait en effet peu de chance d’attirer à elle une majorité. Cette difficulté est la même dans l’hypothèse d’un Macron. Avec Hamon, le jeu est plus ouvert, mais le boulevard le plus large s’ouvre avec Mélenchon.

Pour Mélenchon, la situation est exactement la même. C’est avec Marine Le Pen au second tour, s’il y arrivait, qu’il aurait le plus de chance de gagner. Dans toutes les autres hypothèses, il peut supposer qu’une majorité se portera sur son adversaire.

Donc, en théorie des jeux, l’axe Le Pen-Mélenchon fonctionne parce que l’un et l’autre ont intérêt à se faire la courte échelle pour réussir.

Macron, l’ennemi commun

Mathématiquement toujours, Le Pen-Mélenchon ont un ennemi objectif commun : Emmanuel Macron. Si le fake du gouvernement profond parvenait au second tour, il aurait en effet intérêt à affronter l’un des deux.

Soit que Macron affronte Mélenchon, et il fera le plein des voix de droite, tout en empiétant fortement sur le parti socialiste. Soit qu’il affronte Marine Le Pen, et il fera le plein des voix de la gauche qui vote PS et mordra fortement sur l’électorat républicain.

Le Pen et Mélenchon ont donc un intérêt objectif à viser Macron comme l’ennemi public numéro un. Et ils ne s’en privent pas.

Dans le cas de Mélenchon, les attaques sont frontales. Son discours de Lyon en a donné la confirmation. Le Chavez germanopratin connaît son bout de gras par coeur. Dans le cas de Marine Le Pen, l’attaque frontale interviendra dans un second temps, lorsque la candidature Fillon sera définitivement écartée.

Un second tour détonnant

Sur le fond, outre que la probabilité d’un second tour Le Pen-Mélenchon existe depuis le début de la campagne, elle provoquerait forcément un séisme violent dans le paysage politique. Elle obligerait en effet les électeurs à choisir entre Charybde et Scylla: soit des réformes étatistes, soit des réformes étatistes. Soit une rupture brutale avec l’Union européenne, soit une autre rupture brutale avec l’Union européenne.

On imagine immédiatement la perplexité qui s’emparerait de l’opinion publique ce jour-là, et l’aventure à laquelle la France se promettrait.

La situation serait d’autant plus complexe que ni Mélenchon, ni Marine Le Pen n’auraient la possibilité de dégager facilement une majorité parlementaire aux législatives. Le pays pourrait devenir ingouvernable…

Cette perspective, peu prise au sérieux dans la nomenklatura parisienne, est pourtant donnée gagnante par différents sondages menés sur Internet. Les amateurs de sondages d’opinion devraient s’en méfier…

Le pacte tacite Le Pen-Mélenchon

Du coup… Mélenchon se dispense d’attaquer Marine Le Pen avec trop d’engouement. Et Marine Le Pen préfère concentrer ses attaques contre les “candidats” du système. Elle vise volontiers Macron ou Fillon, et évite soigneusement de viser Mélenchon.

C’est probablement la principale leçon de la campagne électorale. Il y a, bien entendu, le clivage gauche-droite. Mais il y a surtout le conflit entre les candidats du 3% (dont Macron) qui veulent rester dans l’Union et préserver le “système” d’un côté, et les candidats de la rupture avec ce fameux 3%. Sur ce point, Mélenchon et Le Pen multiplient les convergences.

De Laval à Thorez, il ne manque parfois qu’un Doriot.

Peut-être le premier tour de la présidentielle nous le rappellera-t-il…

Cet article est également consultable sur le blog d'Eric Verhaeghe. 

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