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Les 135 000 ouvrages de la bibliothèque de la nouvelle Université Polytechnique de Floride sont exclusivements numériques.
Les 135 000 ouvrages de la bibliothèque de la nouvelle Université Polytechnique de Floride sont exclusivements numériques.
©Reuters

Le tout numérique

La bibliothèque de la nouvelle Université Polytechnique de Floride propose un vaste choix d’ouvrages à ses étudiants. Mais pas un livre sur ses rayonnages ou à retirer à l'accueil de l'établissement : les 135 000 ouvrages qu'elle contient sont en effet exclusivement numériques. Etant donné le succès du phénomène, il se pourrait que nos universités, voire nos bibliothèques, commencent à s'y mettre aussi, si l'offre s'adapte au public.

Alain  Patez

Alain Patez

Alain Patez est chargé du conseil et de la formation en édition numérique (production, diffusion/distribution, prêt) pour tous les professionnels de la chaîne du livre. Il est également responsable éditorial des Éditions KLOG

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Atlantico : La Florida Polytechnic University a récemment ouvert une bibliothèque sans aucun livre papier, mais uniquement – outre les espaces d'étude – des terminaux de lecture (tablettes, liseuses...) pour consulter des ouvrages numériques. Ce type de modèle vous semble-t-il transposable en France ? Quelle est la tendance dans notre pays face à ce type d'initiative ? 

Alain Patez : Une simple transposition n’aurait en elle-même pas beaucoup de sens ; cependant les enseignements proposés par cette université (technologie, ingénierie, mathématiques, sciences) rendent la démarche pertinente à mes yeux et donc potentiellement transposable dans un contexte universitaire similaire. En France les bibliothèques universitaires sont réellement proactives dans ce domaine et proposent, accompagnées parfois de prêt de tablettes et d’ordinateurs portables, des collections numériques thématiques généralement dans une logique de complémentarité avec le papier, du moins quand cette complémentarité est possible. 

Cette bibliothèque a un public uniquement universitaire (et même scientifique). Peut-on imaginer qu'une bibliothèque sans livre papier puisse toucher tous les publics, ou serait-elle condamnée à l'échec ? Est-ce pour l'instant une démarche réservée à une "élite" particulière ?   

On peut parfaitement imaginer qu’une bibliothèque sans papier puisse toucher avec succès tous les publics mais il faudra pour cela qu’un certain nombre de conditions soient réunies, d’ordre commercial, professionnel et politique (pour faire bref et dans le désordre). Nous restons encore en France dans une démarche d’expérimentation.

Lire un livre sur un terminal partagé par tous, en utilisant des interfaces sur lesquelles nous avons très peu de maîtrise... Les bibliothèques "100% numérique" sont-elles une menace pour notre anonymat ? Si oui, comment s'en prémunir ?

La question est Les bibliothèques ont-elles la maîtrise des outils qu’elles mettent à la disposition des usagers. 

Quelle est la position des éditeurs – voire des bibliothécaires – face à cette nouvelle offre potentielle ? Ont-ils un intérêt ou est-ce que ces futures bibliothèques représentent un danger pour leur position ? 

Les éditeurs et les bibliothécaires n’ont pas nécessairement de position unique sur cette question. Les réticences de certains éditeurs portent sur les conditions d’accès aux collections (un accès gratuit et à distance devenant plus attractif que l’achat), sur la mutualisation des accès (la mise à disposition d’un ouvrage à un nombre illimité de lecteurs) et le caractère inusable du livre numérique ; du côté des bibliothécaires on rejette un modèle de prêt numérique calqué sur le modèle de prêt physique du livre, la présence de DRM et on défend l’accès pérenne aux livres achetés. Ces métiers doivent donc approfondir leurs relations.

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