Bataille des chiffres entre Valls et Hortefeux : les policiers seront-ils plus nombreux en 2013 ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La semaine dernière, Manuel Valls a indiqué que 500 postes de policiers et gendarmes seront créés en 2013. Un effet d'annonce ?
La semaine dernière, Manuel Valls a indiqué que 500 postes de policiers et gendarmes seront créés en 2013. Un effet d'annonce ?
©Reuters

Arbitrage

Pour l'ancien ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, "malgré les effets d'annonce" du gouvernement, les policiers seront moins nombreux en 2013 qu'en 2012.

Alain Bauer

Alain Bauer

Alain Bauer est professeur de criminologie au Conservatoire National des Arts et Métiers, New York et Shanghai. Il est responsable du pôle Sécurité Défense Renseignement Criminologie Cybermenaces et Crises (PSDR3C).
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Atlantico : L'ancien ministre de l’intérieur UMP Brice Hortefeux a assuré ce vendredi que « malgré les effets d’annonce » du gouvernement, il y aurait en 2013 «moins de policiers » qu’en 2012. De son côté, le ministère de l'Intérieur a démenti. Qu’en est-il réellement ?

Alain Bauer : Ce qui est exact c'est qu'après une période de forts recrutements depuis 2002, la RGPP depuis 2008 a réduit les effectifs de police jusque cette année. Mais au-delà des effectifs "budgétaires" qui permettent de payer les fonctionnaires, d'autres éléments doivent enter en compte : la durée du travail (35 ou 39 heures), les cycles (La police travaille 24h/24, 7 jours sur 7, mais pas de la même façon selon qu'on motard, CRS ou gardien de la paix, le jour ou la nuit,...). Enfin, comme l'a rappelé tout récemment le rapport Eckert sur la situation des finances publiques secteur par secteur, les ADS (adjoint de sécurité) sont la variable d'ajustement du système.

Par ailleurs, entre le moment où on décide de lancer un concours de recrutement de gardiens de la paix et leur mise en place sur le terrain, il se passe entre 18 et 24 mois minimum. Donc le moment de vérité sera le budget 2013 qui devrait être voté par le Parlement fin 2012.

Le même M. Hortefeux déclare qu’ «en matière de lutte contre la délinquance, nous avons obtenu cinq années de baisse». Comment cette baisse est-elle mesurée ? A quoi est-elle due ?

Cette analyse est globalement exacte à partir d'un chiffre unique qui mélange tout et qui fait les délices des médias et du ministère de l'Intérieur depuis trop longtemps. Si un vol de bonbon est égal à un homicide avec actes de barbarie la nuit en réunion, alors on peut commenter ce chiffre "magique". Dans la réalité, depuis une trentaine d'années, et pour des raisons diverses, les atteintes aux biens baissent, les violences physiques augmentent et les escroqueries connaissent une inflation considérable.

Outre les effectifs, de quoi dépend l’efficacité du travail de la police ? Ne faut-il pas un nombre minimum d’effectifs pour espérer obtenir des résultats ? Comment réduire les effectifs sans en diminuer la performance ?

L'efficacité dépend surtout d'une analyse cohérente et précise des problématiques criminelles. Il faut donc analyser la cartographie criminelle (encore balbutiante en France malgré les efforts de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP). Donc savoir ce qui se passe, à quel endroit ça se passe, à quel moment ça se passe et d'où proviennent auteurs et victimes. On définit ainsi des territoires du crime, puis on peut alors définir des missions (présence et visibilité, ilotage, renseignement, intervention et anti criminalité, maintien de l'ordre, secours à victimes, circulation, police scientifique, procédures), ce qui permet alors de cadrer  des besoins en effectifs. Et pas l'inverse. 

Brice Hortefeux a également déclaré après les violences d’Amiens qu’il n’y avait «pas eu de violences urbaines» pendant le quinquennat Sarkozy. Mais les violences qui éclatent aujourd’hui ne résultent-elles pas, en partie, de la politique menée au cours des cinq dernières années ?

Le concept de "violences urbaines" reste à préciser puisqu'il n'y a pas de définition légale ou pénale. Il en existe depuis le début des années 80 et elles n'ont jamais cessé. L'indicateur le moins flou restant celui des voitures brûlées. Il n'y a pas eu de réplique aux événements de 2005 durant le quinquennat du Président Sarkozy. Mais il y a eu des violences dites urbaines de manière régulière. Et les raisons, sociales ou criminelles, de ces violences n'ont pas grand-chose à voir avec les alternances électorales. Débutées en 1979, elles n'ont jamais cessé.

En quoi les politiques sécuritaires de la gauche et de la droite s’opposent-elles ?

Il faudrait d'abord préciser ce qu'est la gauche et la droite et leurs limites aux extrêmes. En fait, depuis la fin des années 70, du rapport Peyrefitte au rapport Bonnemaison, et depuis, les partis de gouvernement font a peu près la même analyse, puis oublient le diagnostic pour un concours de posture et d'emballage sans tenter de construire un réponse politique basée sur le prise en compte du réel, et des échecs et réussites des politiques menées ailleurs. Il y a donc des spécificités, mais pas beaucoup plus. 

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