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B. Cazeneuve : “Ne sacrifions pas à Bruxelles le budget de croissance sur l’autel de la volonté de certains pays d’obtenir des chèques pour eux-mêmes”
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Sommet

Le sommet consacré au budget européen débute ce jeudi à Bruxelles, Bernard Cazeneuve, le ministre délégué aux Affaires européennes réaffirme la volonté de la France d’arriver à un compromis entre la nécessité de maîtriser les comptes publics et la nécessité d’affecter un bon budget à de bonnes politiques de croissance.

Bernard Cazeneuve

Bernard Cazeneuve

Ministre délégué chargé des Affaires européennes.

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Anita Hausser : Tout le monde souligne que l’accord sur le budget sera difficile à trouver lors de ce sommet. Est-ce déjà la Chronique d’un échec annoncé ?

Bernard Cazeneuve : La France souhaite le compromis et l’ensemble des pays de l’Union européenne a conscience des objectifs à atteindre  pour la croissance. Le budget de l’Union européenne représente une enveloppe d’environ 980 milliards d’euros destinés à financer des politiques d’innovation, de recherche, de transferts technologiques, de transition énergétique, de numérisation du territoire pour atteindre les objectifs de l'Europe 2020 arrêtés par l’Union européenne. Il s'agit aussi de financer la politique agricole commune, qui est la politique européenne la plus intégrée, et qui permet à de nombreux agriculteurs, y compris à de petits exploitants de développer une production de qualité qui assure la sécurité alimentaire de l’Union européenne et alimente une industrie agroalimentaire dynamique. Il finance la politique de cohésion, qui permet aux territoires de se moderniser. Par ailleurs, le budget de l’Union européenne doit pouvoir financer le programme d’aide aux plus démunis ou le fonds d’adaptation à la mondialisation qui sont des programmes qui témoignent de la capacité de l’Union européenne à organiser la solidarité à l’égard de ceux qui sont les plus en difficulté. L’Europe a besoin de ce budget.  Une grande partie des pays de l’Union européenne souhaite un compromis. Pour que ce compromis soit possible, il faut qu’il se fasse par une approche équilibrée entre la nécessité de maîtriser les comptes publics et la nécessité d’affecter un bon budget à de bonnes politiques de croissance.  

Ce sont là les souhaits exprimés par la France et un certain nombre de pays de l’Union, mais ceux que le président de la République qualifiait de « pays excédentaires » veulent réduire le montant de ce budget. Quelles sont les marges de manœuvre ? Comment peut-on aboutir à ce compromis ? 

En étant raisonnable. On ne peut pas  réduire la discussion à une négociation sur des coupes et des rabais.On ne peut pas parvenir à un bon compromis si on ne trouve pas un chemin entre la nécessité de rétablir les comptes publics et la nécessité d’avoir un budget de croissance. Donc le compromis ne sera possible que si les pays de l’Union européenne sont capables de se conformer à cette nécessité d’équilibre. Le président de la république souhaite un compromis au sommet ainsi qu’avec le Parlement européen.

Comment les amener à cette idée ?

Par la discussion. L’Europe, c’est un processus constant d’élaboration de compromis. Par conséquent, il n’y aura pas d'issue si chacun n'est pas en situation d'abandonner un peu de ce qu'il veut pour accepter un peu de ce que veulent les autres. 

N’est-on pas loin du pacte de croissance que prônait Français Hollande ?

Pourquoi dites-vous cela ? C’est tout le contraire! On a obtenu un pacte de croissance de 120 milliards au mois de juin. Le budget présenté aujourd’hui permettrait d’augmenter le budget croissance de 50%, celui consacré à la transition énergétique à la numérisation des territoires et aux transports propres de 400%. Il y a une possibilité d’avoir un budget de croissance. Pour cela il ne faut pas de coupes drastiques ; il faut arriver à trouver un équilibre entre un bon budget de croissance et la nécessaire maîtrise des dépenses et qu’on ne sacrifie pas le budget de croissance sur l’autel de la volonté d’un certain nombre de pays d’avoir des chèques pour eux-mêmes après avoir procédé à des coupes claires.

A Strasbourg François Hollande s’est montré très offensif dans sa volonté de faire avancer l’Europe. Il a parlé de la nécessité « d’un sursaut » , et a déclaré que « le temps presse » ; mais dans l’opposition on lui reproche de ne pas avoir fait de propositions concrètes. Va-t-il en faire prochainement ?

Lorsque le Président de la République dit « il faut que l’Europe soit différenciée et que nous puissions, sur le sujet de la transition énergétique, des transferts de technologies, de l’innovation, de la politique industrielle, mettre en place des coopérations renforcées, ce n’est pas une proposition ? Lorsque François Hollande dit « nous devons améliorer, renforcer la gouvernance de la zone euro », pour une plus grande intégration politique de la zone euro, faire en sorte que les acteurs de la zone euro se réunissent plus régulièrement, qu’il y ait un véritable secrétariat général permanent de l’Eurogroupe, ce n'est pas une proposition ? Lorsque le président propose une politique industrielle, une politique commerciale, une politique énergétique portée par l'Union européenne, ce ne sont pas des propositions ? Le discours du Président de la République a été applaudi sur tous les bancs à l’exception de ceux de l’UMP. François Hollande a passé une heure et demie à écouter et à répondre de façon précise à toutes les questions, dans un climat excellent.

Va-t-on parler de l’aide européenne au Mali  au cours de ce sommet ?

Il est possible, et même probable que le président de la République soit amené à faire un point sur le Mali, mais le sujet ne figure pas à l’ordre du jour officiel du sommet qui doit traiter du budget et de la politique commerciale.

Le Président de la République va-t-il faire des demandes concrètes à ses collègues ?

Les demandes concrètes ont déjà été formulées et les pays de l’Union européenne ont apporté des réponses concrètes à l’occasion de la conférence des pays donateurs, à la hauteur de ce que nous demandions. Outre les moyens financiers, les pays de l’Union européenne ont, pour la plupart d’entre eux apporté des moyens militaires en aéronefs, pour le transport de troupes. Les formateurs de l’Union sont en train d’arriver au Mali pratiquement en même temps que les troupes africaines, afin de pouvoir les former. Quant au retrait, il interviendra dès lors qu’il sera possible. Nous souhaitons qu’il soit le plus rapide possible. C’est la raison pour laquelle nous avons accéléré le processus de formation que nous nous réjouissons de voir se déployer.

Propos recueillis par Anita Hausser

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