Aux origines de la francophonie, le travail des missionnaires et pères blancs dans les colonies pour la formation des élites<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Histoire
Aux origines de la francophonie, le travail des missionnaires et pères blancs dans les colonies pour la formation des élites
©wikipédia

Bonnes feuilles

Dimitri Casali analyse avec rigueur les événements fondateurs tels que le sacre de Charlemagne, la bataille de Bouvines, l’invention des Lumières, la Révolution et l’Empire, jusqu'aux attentats du 11 Septembre 2001. Il permet à chacun de revisiter l’histoire, de l’Europe carolingienne à nos jours. Un ouvrage vivant et explicite, riche en documents et en illustrations (plus de 700…), pour une expérience de lecture unique : tableaux, gravures, cartes, chronologies, extraits littéraires, jeux, quizz… Extrait de "Notre histoire", de Dimitri Casali, aux éditions de La Martinière 2/2

Dimitri  Casali

Dimitri Casali

Dimitri Casali est Historien, spécialiste du 1er Empire et ancien professeur d’Histoire en ZEP, il collabore régulièrement avec la presse écrite, la radio et la télévision. Il est auteur d’une quarantaine d’ouvrages notamment : La France Napoléonienne (Albin Michel 2021), le Grand Procès de l’Histoire de France, lauréat du prix des écrivains combattants 2020 (Robert Laffont 2019), du Nouveau Manuel d’Histoire préface de J-P Chevènement (La Martinière 2016), de l'Altermanuel d'Histoire de France (Perrin), lauréat du prix du Guesclin 2011 ; l'Histoire de France Interdite (Lattès 2012). Par ailleurs, il est le compositeur du « Napoléon l’Opéra rock » et de l’« l’Histoire de France l’Opéra rock », spectacles musicaux historiques et éducatifs.

Voir la bio »

Alexandre Yersin et la découverte du vaccin contre la peste

"Ce n’est pas une vie que de ne pas bouger", écrivait Yersin à sa mère. D’origine suisse, devenu citoyen Français afin d’intégrer l’institut fondé par son héros Louis Pasteur, il part en Indochine, pour explorer un pays qui le séduit immédiatement, et mène trois expéditions dans la jungle. Quand, en 1894, une épidémie de peste décime la population de Hong Kong, l’Institut Pasteur le mandate pour aller faire des recherches sur place sur la maladie. C’est là-bas, dans une paillotte rustique, et avec du matériel très rudimentaire, qu’il réussit à isoler le fameux bacille de la peste, baptisé depuis "Yersinia Pestis" en son honneur, et responsable de millions de morts.

Cette découverte permet de fabriquer un vaccin préventif contre la peste, ainsi qu’un sérum pour guérir les personnes déjà atteintes.

La vie d’Alexandre Yersin est riche d’autres aventures : il est ainsi responsable de l’importation de la culture de l’arbre à caoutchouc au Vietnam, dont la production sera très rapidement achetée par la firme Michelin, le marché automobile se développant fortement à l’époque, ainsi que de celle de l’arbre à quinine, cette dernière servant à soigner le paludisme. Ces cultures ont permis à Yersin de financer ses recherches pour découvrir le sérum contre la peste.

Lorsqu’il meurt en 1943, Yersin est une personne très respectée par les Vietnamiens, admiratifs de son respect des personnes âgées, et du fait qu’il refusait de faire payer ses consultations à des nécessiteux. Il disait : "Demander de l’argent pour soigner un de ces malades, c’est un peu lui dire la bourse ou la vie." 

LE PONT PAUL-DOUMER

Véritable prouesse technique et logistique, le pont Paul-Doumer (aujourd’hui Long Biên) à Hanoï fut longtemps un des ouvragesles plus considérables construits en Asie. Il fut édifi é par l’entreprise Dayde & Pille en moins de quatre ans (1898-1902)

LA CONSTRUCTION DE PORTS, DE PONTS, DE ROUTES ET DE CHEMINS DE FER

Les ingénieurs français ont participé à la construction de nombreuses infrastructures dans les colonies, comme celles des ports de Dakar, de Saïgon, des chemins de fer TananariveTamatave à Madagascar, ou Hanoï-Saïgon en Indochine... Ces travaux ont permis de désenclaver des populations et de multiplier les échanges de marchandises. Ils ont parfois été effectués dans des conditions très diffi ciles (terrains inaccessibles, fortes chaleurs, sécurité et salaires dérisoires...) et certains chantiers ont compté de très nombreux morts, par exemple la construction du chemin de fer du Yunnan en Indochine, sur une distance de 900 kilomètres, qui a coûté la vie à 12 000 indigènes et 80 ingénieurs français.

LES TROUPES COLONIALES

On estime à 550 000 le nombre de soldats (indigènes et colons européens) qui ont combattu au sein de l’armée française. Parmi eux, 100 000 sont morts au combat, notamment pendant les deux guerres mondiales. On appelait les troupes coloniales "la Coloniale", elles rassemblaient les "tirailleurs" indigènes (soldats de l’infanterie), surnommés "tirailleurs sénégalais" en Afrique (car ce corps avait été créé par le général Faidherbe au Sénégal), "tirailleurs malgaches" ou encore "tirailleurs indochinois". L’Armée d’Afrique (qui concernait exclusivement l’Afrique du Nord) se distinguait de la Coloniale et regroupait entre autres des régiments de spahis (cavaliers), de zouaves (soldats de l’infanterie ayant un uniforme très particulier), et de la Légion étrangère. La vie dans les troupes coloniales était considérée comme plus égalitaire que la vie dans la société coloniale, et les régiments se sont souvent fait remarquer par leur bravoure au combat et leur fi délité à la métropole. Cependant, il était difficile pour un indigène d’accéder à un poste de commandement et les soldes des soldats indigènes demeuraient inférieures.

L’ÉCOLE DANS LES COLONIES

Ce sont les missionnaires (Pères blancs, sœurs de Saint Joseph de Cluny...) qui ont ouvert les premières écoles dans les colonies, et après le vote des lois scolaires de Jules Ferry dans les années 1880, de nombreuses écoles laïques ont été aussi ouvertes. Par exemple, à Madagascar, en 1905, on compte 385 écoles laïques et 295 écoles catholiques. Cependant, tous les indigènes ne vont pas à l’école (en 1960 en Algérie, seuls 38 % des garçons et 23 % des filles sont scolarisés). Au début, les écoles des colonies utilisent les mêmes manuels scolaires qu’en métropole, mais peu à peu, on trouve des livres qui intègrent, à côté de l’histoire de France, l’histoire locale du territoire colonisé. Et si les élèves apprennent le français à l’école, ils apprennent aussi à lire et à écrire dans leur langue maternelle. Cependant, l’objectif du développement de l’école dans les colonies demeure la formation d’élites francophones et francophiles, et cette politique est à l’origine de la francophonie d’aujourd’hui.

Extrait de "Notre histoire", de Dimitri Casali, publié aux éditions de La Martinière, septembre 2016. Pour acheter ce livre, cliquez ici

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !