Antifa, gauchisme, anarchie : plus d’un siècle de liaisons dangereuses avec la criminalité<!-- --> | Atlantico.fr
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Un groupe d'antifas à Lille, en 2021.
Un groupe d'antifas à Lille, en 2021.
©FRANCOIS LO PRESTI / AFP

Violence politique

Cinq personnes, se revendiquant antifascistes, suspectées de violences contre un avocat toulousain et des membres de mouvements d'extrême droite, ont été présentées à un juge d'instruction jeudi 16 mai en vue de leur mise en examen.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Voilà bientôt cent-quarante ans, dans ses "Souvenirs d'un préfet de police" Louis Andrieux (Père de l'écrivain et poète Louis Aragon) parlait, amusé, du recrutement d'indicateurs dans les "classes dangereuses" ; soulignant qu'"il n'en coûte pas bien cher de faire sur­veiller les anarchistes, les collectivistes et tous les apôtres de la révolution sociale". Du fait, d'abord, de leur constante confusion entre politique et crime : vols, braquages - ceux des anars de la "Bande à Bonnot" (1911-1912) sont célèbres - le tout épicé de toxicomanie et de proxé­né­tisme. Dans ce cloaque bien sûr, la pêche aux "indics" est pour la police un jeu d'enfant.

Trente-cinq ans plus tard (juin 1920) Lénine carbonise cette même ultragauche dans "La mala­die infantile du communisme, le gauchisme" ; motif majeur du rejet de Lénine, une immense mé­fiance du mélange criminalité-terrorisme groupusculaire, livrant ces excités à toutes les in­filtrations ou provocations.

Or cent-quatre ans après encore, en France même, la preuve éclate que, côté Black Blocs-An­tifa-ultragauche, rien n'a changé. Naguère, un haut cadre de la préfecture de police de Paris (toujours elle...) s'amusait d'un milieu anar-antifa-black blocks infiltré jusqu'aux moelles. Sa science radio­graphique lui permettant, sur ordre du sommet, d'en mettre la plupart à l'ombre, vu la myriade de leurs méfaits ; aussi, du rythme auquel, en leur sein, une foule d'indics "ba­lançaient" leurs cama­rades ; bien loin de la "solidarité prolétarienne".

Or voilà qu'en un superbe "invariant" de quatorze décennies, la corruption de cette mixture banditisme-action directe éclate au grand jour. Le 14 mai, sont arrêtés à Toulouse cinq mili­tants (les cinq seuls, sans doute) d'une '"Offensive révolutionnaire antifasciste" multipliant de­puis un an, à cinq contre un, le lynchage de "fachos" fantasmés ; avec poings améri­cains et bombes lacrymo ; puis postant leur dizaine d'"exploits" filmés sur des comptes "ORA-Tou­louse" et "Antifa-Squads".

Les policiers finissent par les arrêter ; en perquisition, ils trouvent 20 kg de cannabis, 12 000€ et des téléphones cryptés ; ils avaient, dit le procureur local " une activité très lucrative de tra­fic de stupéfiants". ET les antifa eux-mêmes ? La justice les connait pour port d'armes, partici­pation à un groupement voué à commettre des violences, détention de pro­duits incendiaires, dégradations de biens publics et outrages à dépositaires de l'autorité pu­blique.

Bon, direz-vous, ça reste du militantisme violent. Attendez la suite : "trafics de stupé­fiants, vols et agression sexuelles". Ces "révolutionnaires antifascistes" sont mis en examen pour "violences aggravées, association de malfaiteurs et offre de stupéfiants" - Cent quarante ans après le préfet Andrieux, le toxique mélange des genres perdure.

Tant qu'on y est, voyons comment se porte un autre type de gauchistes, les Trotskistes : mal­gré la bienveillance appuyée du Monde, de Libé et autres médias, pas mieux. Leur plus récent avatar, le "Nouveau Parti Anticapitaliste" s'est jeté depuis deux ans dans une fé­roce guerre intestine entre les "Plateformes B et C", l'une d'elles (mais pas l'autre) présentant une liste aux européennes, laquelle frôle le 0% dans les sondages.

L'avortement au (très) long cours du trotskisme remonte aussi à fort loin ; précisément à 87 ans, quand, de son exil mexicain, un Trotski "qui ne supporte aucune objection", lance sa "Quatrième in­ternationale". Sur ce, éclosent en France deux micro-sectes trotskistes de cent membres, s'excommuniant par textes écrits en un "sabir inintelligible", entre frac­tion­nisme, intrigues, étroitesse d'esprit, délire de la per­sécution et in­tolérance. Sous l'occupation, cer­tains Trotskistes vont même lancer un "Parti ré­volutionnaire natio­nal" fa­vorable à la collabora­tion... Cette exécution en règle n'émane pas un "facho", mais de Victor Serge, immense figure révo­lu­tionnaire, secrétaire de l'Internationale communiste puis opposant à Staline (Car­nets 1936-1947, Agone éditeur, 2012). Comme quoi, à l'instar de Victor Serge, exista jadis une ex­trême-gauche politique culti­vée, loin des brutes dealers-antifa du jour.

À propos d'Antifa, il y eut même à l'extrême-gauche de quasi-prophètes : les Situationnistes, dont la comète traversa le firmament politique de la décennie 1960. On connait Guy Debord, bien sûr, mais moins (en France) le peintre et essayiste danois Asger Jorn. En décembre 1960, voici 64 ans, il écrivait ceci dans "L'Internationale situationniste" : "Un des trucs clas­siques des démagogues est d'ameuter les gens contre des dangers qu'ils connaissent tous et qui les exci­tent, mais devenus inoffensifs. Depuis la guerre, c'est la mode de crier au fascisme à tort et à travers, alors que l'on prépare de nouveaux conditionnements socio-cultu­rels ; et que ces nou­veaux dangers idéologiques paraissent inoffensifs".

De fait, aujourd'hui, les Gafam... Avis aux hurluberlus de l'ORA, à Toulouse ou ailleurs.

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